La révolution copernicienne chez les humanistes provençaux (3) : Peiresc

Suite du billet précédent (2) : L’apport de Galilée

Peiresc, le prince des curieux

Nicolas-Claude Fabri de Peiresc naît le 1er décembre 1580 à Belgentier, petite commune de Provence située entre Aix et Toulon. Sa vie nous est essentiellement connue par la biographie qu’en fit son grand ami Pierre Gassendi[i].

Le château de Peiresc à Belgentier (Var)

Adolescent, Peiresc est élève des jésuites dans leurs collèges d’Avignon puis de Tournon ; à l’âge de seize ans il y reçoit un enseignement d’astronomie, qui le passionne malgré l’austérité de cette science qui à l’époque se limite à inventorier les étoiles et, par des mesures d’angles à l’arbalestrille ou à l’astrolabe, à suivre leurs mouvements. Peiresc revient ensuite faire sa philosophie à Aix-en-Provence, puis se rend à Padoue pour étudier le droit, tout en suivant nombre d’autres enseignements.

L’humaniste Gian Vincenzo Pinelli, ami de Galilée et de Peiresc.

Il se lie rapidement avec l’humaniste italien Gian Vincenzo Pinelli (1535-1601), qui devient son maître et modèle. C’est de Pinelli, dont la bibliothèque aurait été la plus vaste du XVIe siècle, que Peiresc tirera son goût immodéré pour les livres et les cabinets de curiosité. C’est chez lui également qu’il rencontre pour la première fois Galilée, à qui Pinelli avait ouvert sa bibliothèque.

Après plus de trois ans passés en Italie et à la mort de Pinelli qui l’affecte profondément, Peiresc revient en France pour continuer ses études de droit. Il séjourne à Montpellier pour passer sa thèse de doctorat puis, après divers voyages à Paris, Londres et les Flandres, il est nommé conseiller au Parlement de Provence. L’astronomie va cependant rester l’une de ses occupations majeures : jamais il ne s’éloignera de cette discipline et, par périodes, lui consacrera toute son activité.

Portrait de Peiresc jeune

Dès l’automne 1604, Peiresc observe la rencontre des trois planètes supérieures Mars, Jupiter et Saturne, événement qui ne se produit que tous les huit cents ans et qu’on appelle la Grande Conjonction. En même temps paraît une étoile de la grandeur de Jupiter, qu’on voit plus d’un an à l’un des pieds de la constellation du Serpentaire. Peiresc n’ayant pas encore de globe céleste pour s’assurer du nombre des étoiles fixes, croit qu’il s’agit d’une étoile déjà répertoriée par les Anciens. Cependant, par les lettres qu’il reçoit quelques mois après, il apprend qu’il s’agit d’une nouvelle étoile, que Galilée observe en même temps que lui et dont l’apparition porte un coup de plus à la doctrine aristotélicienne de l’immuabilité du ciel des fixes. Ces « étoiles nouvelles » sont appelées de nos jours des supernovæ. Celle observée par Peiresc est connue sous le nom de « supernova de Kepler », car ce dernier l’observa pendant près d’un an et en tira d’intéressantes leçons.[ii]

Dessin de Kepler de l’étoile nouvelle qu’il a observée en 1604 (dans Epitomé de l’Astronomie Copernicienne, 1615-1621)

L’astronomie d’observation bascule soudain en 1610. Au début du siècle, des opticiens hollandais réalisent que les lentilles de verre, couramment utilisées depuis le XVe siècle pour corriger la vue, peuvent être arrangées d’astucieuses manières de façon à grossir les objets lointains. La lunette astronomique est inventée. De son côté, Galilée entreprend la construction soignée d’un instrument qui grossit trente fois et qui portera désormais son nom. Dépassant l’observation des objets terrestres éloignés, dont la pratique se répand, il dirige sa lunette vers le ciel. En novembre 1609 il observe et décrit le relief lunaire, les taches du Soleil, les phases de Vénus. Le 7 janvier 1610, il découvre quatre nouvelles planètes entourant Jupiter, qu’il dénomme Médicis (Kepler inventera le terme de satellites, et Simon Marius leur donnera leurs noms modernes, à savoir Io, Europe, Ganymède et Callisto.) C’est le premier jour de l’astronomie moderne.

Manuscrit de Galilée décrivant sa découverte des quatre lunes de Jupiter

Dans une lettre datée du 3 mai 1610, Peiresc est informé de la découverte de Galilée. Dès lors, il n’a de cesse de posséder une lunette de qualité et se met à l’ouvrage afin d’avoir un instrument satisfaisant. En novembre 1610 il commence ses propres observations depuis la terrasse de son hôtel, aménagée pour la circonstance. Il travaille avec un groupe d’astronomes amateurs, dont Joseph Gaultier de la Valette (1564-1647) (1564 – 1617), vicaire général d’Aix. Gaultier et Peiresc sont les premiers en France à observer le 24 novembre 1610 les quatre satellites de Jupiter, et le 26 ils découvrent ensemble la nébuleuse d’Orion, que Peiresc décrit par ces mots : « In Orione media… Ex duabus stellis composita nubecula quamdam illuminata prima fronte referabat coelo non oio sereno » (« Au centre d’Orion, une nébulosité comprise entre deux étoiles en quelque sorte vue de face et éclairée par devant, le ciel n’étant pas parfaitement clair »).

Page du cahier d’observations de Peiresc décrivant ses observations des satellites de Jupiter et sa découverte de la nébuleuse d’Orion (Bibliothèque Inguimbertine, Carpentras)

Peiresc se consacre surtout à l’observation suivie des satellites galiléens. Il donne des noms à ces astres : Cosmus Minor (Callisto), Cosmus Major (Ganymède), Maria (Europe) et Catharina (Io). Lui et son groupe d’astronomes amateurs suivent leurs mouvements, mesurent leurs temps de révolution autour de la planète et leurs disparitions derrière celle-ci. Très vite ils imaginent que ces éclipses, ponctuelles et fréquentes, pourraient aider à la détermination des longitudes, et pour cela ils construisent des tables donnant à l’avance la position des satellites à un moment précis. Cependant, Peiresc ne publiera pas ses résultats : apprenant que Galilée se penche sur le même problème, il abandonne généreusement son projet pour ne pas ravir la palme à un savant plus âgé, qu’il admire ! Les valeurs trouvées par le groupe aixois se révèleront pourtant plus exactes que celles de Galilée…

Les périodes des quatre satellites galiléens de Jupiter sont évaluées par Peiresc avec une bonne précision, comme on peut en juger dans ce tableau comparatif[iii]:

SatellitePériodes de PeirescPériodes de nos jours
Io (Catharina)

Europe Maria)

Ganymède (Cosmus Major)

Callisto (Cosmus Minor)

1,7

3,5

7,14

16,7

1,769

3,551181

7,15455296

16,98900184

Mais là où Peiresc innove véritablement, c’est lorsqu’il commence par tracer sur quelques pages du manuscrit (qu’il gradue comme du papier millimétré moderne), pour chaque date, un petit disque représentant Jupiter ; puis, également pour chaque jour, il positionne le mieux possible Catharina et Maria. Il note également la proximité de certaines étoiles brillantes. Il relie ensuite les positions consécutives de l’un puis de l’autre, ce qui donne des sortes de sinusoïdes assez grossières mais cependant très évocatrices des mouvements périodiques des astres concernés. En prolongeant ce graphique en amont ou en aval, Peiresc a ainsi la possibilité de retrouver les positions occupées par les satellites lorsque les conditions météo n’ont pas permis de faire une observation, mais aussi de prévoir les positions qu’ils occuperont dans l’avenir. Les courbes imaginées par Peiresc sont toujours utilisées de nos jours pour préparer les observations des satellites de Jupiter, courbes qui n’ont fait leur apparition dans l’Annuaire du Bureau des longitudes qu’un siècle plus tard.

Relevé des positions des satellites de Jupiter par Peiresc (février 1611)

Si Peiresc a vu dans les satellites de Jupiter des mouvements d’un grand intérêt géographique, leur existence même est d’une autre importance et l’Inquisition ne s’y est pas trompée. Avec des lunes autour de Jupiter tournant régulièrement sans se perdre et sans troubler en rien la marche de leur planète, rien n’interdit plus un déplacement de la Terre autour du Soleil et l’hypothèse de Copernic, vieille de soixante-dix ans, est confortée.

Cependant, Galilée a été condamné et se trouve désormais en résidence surveillée dans sa villa d’Arcetri, près de Florence. Peiresc est partagé. Il n’est pas clerc, mais presque homme d’Église ; le pape et de nombreux cardinaux le connaissent et apprécient son immense savoir. Entre la vérité scientifique et la puissance actuelle de Rome il faut être prudent et, dans l’immédiat, tenter de soulager les malheurs du vieux savant italien. Il profite d’une correspondance avec le cardinal Francesco Barberini, neveu du pape, pour se faire l’avocat de Galilée (lettre du 5 décembre 1634) : « je fonde en votre bonté de vous voir faire quelques démarches pour la consolation d’un vieillard septuagénaire et malade, dont la mémoire sera difficilement effacée dans la postérité… » La plaidoirie sera sans effet ; Peiresc reviendra quand même à la charge, sans hélas plus de succès.

Procès de Galilée devant le Saint-Office

Dans le même temps, il reprend le problème des longitudes pour les déterminer avec exactitude. Le meilleur moyen de mesurer une différence de longitude (puisqu’à l’époque de Peiresc l’heure n’était pas transportable à l’aide d’horloges fiables) était d’observer un événement astronomique visible, simultanément, depuis deux lieux distants : la différence d’heure locale est précisément la différence de longitude entre ces deux lieux. L’observation des satellites de Jupiter ne pouvant être facilement mise en œuvre par les marins, les éclipses de Lune se prêtent aisément à ce type de mesure ; encore faut-il qu’au moins deux observateurs soient suffisamment distants l’un de l’autre pour que la mesure soit significative.

Les nombreux correspondants de Peiresc dans l’empire ottoman ont permis une nouvelle détermination de la taille de la Méditerranée.

Pour ce faire, Peiresc veut coordonner l’observation d’une éclipse de Lune en répartissant des observateurs tout le long de la Méditerranée. Ses cor­respondants sont nombreux, la plupart sont des religieux car il a obtenu l’accord des généraux des Jésuites et des Dominicains. C’est ainsi qu’après plusieurs années de mise au point, le 28 août 1635, on est prêt, à Aix, à Digne, à Paris, à Padoue, à Rome, à Naples, au Caire et à Alep, à déterminer l’heure locale de l’entrée de la Lune dans l’ombre de la Terre. A Tunis les instructions et les instruments ne sont pas arrivés à temps, tandis que les observateurs qui ont gravi la montagne Sainte-Victoire qui domine Aix-en-provence s’endormiront ! Malgré tout, le résultat n’est pas négligeable : la longitude d’Alep conduit à raccourcir la Méditerranée de mille kilomètres…

Portrait de Peiresc âgé par Claude Mellan

Or, Peiresc n’est pas entièrement satisfait ; ce n’est pas l’entrée ou la sortie de la Lune d’un cône d’ombre qu’il faut observer, l’instant est trop vague. On doit fixer des points plus précis grâce à une carte de la Lune indiquant avec exactitude des reliefs reconnaissables. Avec l’appui de Gassendi – qui l’a baptisé “le prince des curieux” -, Peiresc demande au graveur Claude Mellan (1598-1688) de dresser les premières cartes précises de la Lune, fondées sur des observations télescopiques réalisées depuis l’observatoire personnel qu’il a mis en place sur le toit de sa demeure. Deux planches spectaculaires seront gravées en 1636, mais la mort de Peiresc en 1637, alors qu’il est le commanditaire et le financier du projet, empêche de finaliser cette tâche.

Cartes de la Lune de Mellan (Bibliothèque Royale de Bruxelles)

Le cratère Peirescius, tout près de la Mer australe, est l’hommage du monde scientifique rendu à Peiresc pour ses observations de notre satellite.

Le cratère lunaire Peirescius

Peiresc a créé un recueil manuscrit de ses propres observations astronomiques et de celles de ses contemporains, y plaçant de nombreux graphiques et calculs, des tables d’éphémérides et des pages sur lesquelles il précise ses idées, mais qui n’ont hélas jamais débouché sur une publication – ce qui fait de Peiresc l’un des grands oubliés de l’histoire de l’astronomie. Y sont reproduites également certaines lettres reçues par Peiresc sur divers sujets scientifiques. Infatigable épistolier, on lui doit en effet une dizaine de milliers de lettres, dont la plupart sont conservées aux bibliothèques Inguimbertine de Carpentras et Méjanes d’Aix-en-Provence. Son correspondant le plus régulier est son grand ami Pierre Gassendi, mais en bon humaniste féru de toutes les nobles disciplines, il échange aussi avec des poètes comme François de Malherbe, des peintres comme Paul Rubens, des astronomes comme Galileo Galilei et des philosophes comme Tommaso Campanella (qu’il tentera également de défendre contre les attaques de l’inquisition).

Buste de Nicolas Fabri de Peiresc par Caffieri (Bibliothèque Mazarine, Paris)

Peiresc meurt en 1637 ; Galilée, prisonnier du Saint-Office, devient aveugle. Même si leurs travaux sont récusés, les savants ont élucidé le mouvement des planètes autour du Soleil, au sein d’une voûte céleste dont les instruments d’observation feront de mieux en mieux l’inventaire. La synthèse des résultats acquis conduira à l’implacable mécanique régissant les mouvements : la loi de la gravitation universelle découverte par Isaac Newton, né tout juste un an après la mort de Galilée. Il est juste que l’hommage du monde scientifique à Peiresc ne se limite pas à son nom donné à un cratère lunaire : découvert en octobre 1993, l’astéroïde 19 226 porte le nom de Peiresc – une reconnaissance bien tardive.

Pour en savoir beaucoup plus sur cet extraordinaire personnage, voir le site http://www.peiresc.org/A.S.B.L./Peiresc.htm

Références

[i] Pierre Gassendi : Vie de l’illustre Nicolas-Claude Fabri de Peiresc, 1641. Rééd. Belin (1992).

[ii] J. Kepler : De Stella nova in pede Serpentarii, Prague 1606.

[iii] Voir par exemple P. Malburet, Les Cahiers Peiresc, Numéro spécial Octobre 2009 (Aix-en-Provence).

La suite est ici  : Pierre Gassendi

6 réflexions sur “ La révolution copernicienne chez les humanistes provençaux (3) : Peiresc ”

  1. Bonjour !

    Laisser un commentaire.
    Le verbe est à l’infinitif, ce n’est pas un impératif. Libre au lecteur de l’article de Monsieur Luminet de répondre ou de passer outre.
    Sous mon chêne, au clair matin, j’ai bien envie d’écrire un mot à celui qui nous prête sa lume, enfin essayer de lui dire quelque chose et nonobstant le grande distance qui nous sépare, peut-être me répondra-t-il !
    Que dire sur Nicolas-Claude Fabri, seigneur de Peiresc ? Tout a été dit et bien dit par le savant dans ses luminescences et en rajouter me semble bien chose inutile et superfétatoire.
    Pour le plaisir et pour montrer, s’il en est besoin, que sous son arbre on peut aussi faire sa petite recherche, je vous apprendrai, peut-être, que notre érudit a écrit une « Dissertation sur un trépied ancien » imprimée dans le tome 10 des « Mémoires de littérature » du Père Desmolets.(Dictionnaire historique, F.-X. De Feller, Tome VI, 1849)
    Peut-être, cette publication est-elle mentionnée dans l’éloge de Peiresc par Pierre-Edouard Lemontey, couronné par l’Académie de Marseille en 1785…
    Ce que m’inspire ce bel article du vulgarisateur scientifique ?
    Si cette question m’était posée, je répondrai par une fable, la dernière du livre VII de Jean de La Fontaine: «Un animal dans la lune»
    Et peut-être aussi par cette citation de François Mauriac :“Il ne sert de rien à l’homme de gagner la Lune s’il vient à perdre la Terre.”
    Ici-bas, sous mon chêne où, en cette saison, tombent les glands, je ne puis m’empêcher de penser au gros animal dont Michel Serres dans “Le Tiers-Instruit” fait une sévère critique.
    Mais je pense aussi « métamorphose » et aux trompes qui peuvent se faire légères, telle la fée du conte…Autrement dit efficaces ou mieux efficientes.
    Sans digression aucune, si vous voulez des citrouilles ou autres potimarrons, faites-moi signe, ce n’est pas ce qui manque au jardin, palsambleu !
    Nous savons pour avoir lu son billet à l’aprilée de l’année dernière, que l’homme de science chérit le rôle de l’astronomie dans l’imaginaire poétique et son langage.
    Bien. Mais ce n’est pas aussi simple, de parler de ces choses-là…
    Aussi ne messied-il pas de citer, en l’occurrence Gaston Bachelard :

    « Notre imagination, jusque dans les sciences, est une sublimation ; elle est utile mais peut tromper tant que l’on ne sait pas ce qu’on sublime et comment l’on sublime » (La formation de l’esprit scientifique, page 283)
    Si Monsieur Luminet est d’accord et s’il est plus ou moins sensible au « vigoureux rationalisme du matin » (encore une belle expression de G.Bachelard), peut-être accepterait-il de discuter le rapport de ce grand penseur dont il apprécie les « archétypes de la pensée », avec l’astronomie, à partir de ses ouvrages. Et si le maestro des étoiles me donne le la, je veux bien sous la feuillée essayer “quelque chose”, afin que notre chercheur professionnel puisse en évaluer éventuellement la fécondité heuristique.
    Je vous laisse sur ce dernier mot, découvert un jour avec une faute d’orthographe dans une citation d’un directeur d’une institution enseignante, reproduite par un chef d’Etat français dans son livre intitulé « Le nœud gordien ».
    A la campagne ou à la ville, je vous souhaite une belle fin d’été.

    Garo

  2. Bonjour !

    C’est par hasard que j’écris ce commentaire.
    Je lisais le commentaire du 4 septembre de Garo qui se cache derrière son loup, et le même jour, je reçois par la Poste, un courrier d’un universitaire provençal qui demeure rue Peiresc.
    Je me dis que c’est tout simplement un hasard. Un hasard qui m’incite pourtant à réagir aux propos précédents.
    Le billet de J-P Luminet est comme d’habitude lumineux.
    Numineux peut-être le commentaire de Garo mais un tantinet elliptique, quand même !
    Quel est ce gros animal dont parle Michel Serres ? Et quid de sa critique sévère ?
    Vous êtes sûr de votre référence concernant Gaston Bachelard, que vous citez ?
    Pourquoi essayer « quelque chose » juste pour notre chercheur ? D’autres peuvent être intéressés…
    Les commentaires sont libres et pas la peine de demander la permission à notre grosse tête bien pleine et bien faite, pour s’exprimer !
    Enfin quel est ce « dernier mot » mal écrit encore par une grosse tête, citée, selon vous, par une tête pensante de la République, si j’ai bien compris ?
    Si vous n’êtes en train de faire un somme sous votre chêne, merci à vous d’éclairer ma lanterne, précisions à l’appui.
    Bien à vous

    Roxane

  3. Bonjour Roxane !

    Oui, je viens de piquer un sacré somme et me voilà frais dispos, prêt à vous répondre
    Au lieu de glander sous mon arbre, vous me direz sans doute, Madame, que je ne saurais mieux faire. Disons que le devoir m’appelle, palsambleu !

    1 – Le gros animal est un mammouth.

    Je cite :
    « L’invention , légère, rit du mammouth, lourd : solitaire, elle ignore le gros animal collectif ; douce, elle évite la haine qui colle ensemble ce collectif ; j’ai admiré ma vie durant la haine de l’intelligence qui fait le contrat social tacite des établissements dits intellectuels. L’invention, agile, rapide, secoue le ventre mou de la lente bête ; l’intention vers la découverte porte sans doute en elle une subtilité insupportable aux grosses organisations, qui ne peuvent persévérer dans leur être qu’aux conditions de consommer de la redondance et d’interdire la liberté de penser » (Fin de citation)
    Ce n’est pas un vieux ronchon qui écrit ces lignes, Roxane, c’est Michel Serres, page 148 de son essai « Le Tiers-Instruit »
    Mais Le Tiers-Instruit de l’académicien en habit vert n’est pas l’héroïque Eléazar du Premier Livre des Machabées, chapitre 6, versets 43, 44, 45 et 46. Autres temps, autres mœurs, bonne dame !

    2- A propos de la citation du livre de Gaston Bachelard, votre doute est justifié.

    Il s’agit d’une référence prise sur Internet « Du symbolisme des épistémologies : étude de cas chez Gaston Bachelard, par Matthieu Quidu et Brice-Favier Ambrosini qui ont repris un texte sur Internet, basé sur l’édition 2004 de « La formation de l’esprit scientifique ».
    C’est une erreur de ma part, j’aurais dû, il est vrai, citer la page 237 de l’édition de 1934 où l’on trouve cette belle phrase de Gaston Bachelard que J-P Luminet a probablement lue, puisqu’il y est aussi question de science newtonienne.

    3- heuristique

    Voyez la note 1 de la page 50 du livre de Georges Pompidou « Le nœud gordien »
    La voici in extenso ; vous y verrez la faute d’orthographe du Directeur d’École qui écrit heuristique sans h :

    « Si l’on veut avoir une idée des ravages qu’un certain verbalisme a fait jusque chez ceux qui devraient être le mieux vaccinés, je veux dire les enseignants, voici ce qu’un directeur d’École normale écrit à propos de la formation des instituteurs :
    « Nous la voudrions totalement débarrassée du clivage arbitraire des programmes figés et de l’opposition désastreuse entre la théorie et la pratique…afin de lui conférer une dynamique propre, née à la fois d’une démarche nouvelle – essentiellement euristique – des apprentissages fondamentaux, et du mouvement qu’imprimerait aux études la quête volontaire et délibérée du savoir-devenir, du savoir-être et du savoir-agir, qui sera proposée à l’apprenti. » J’imagine que la cohorte des sociologues-orientateurs s’écriera à la lecture de ce texte (paru dans la revue : L’Éducation nationale) :
    « Dignus, dignus et intrare
    In nostro docto corpore. » (Fin de citation)

    Merci de votre attention et belle saison avec les feuilles vivantes qui se lisent à l’appel.

    Garo

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