Recension de livres scientifiques (3)

Troisième livraison des recensions de livres de culture scientifique que j’avais rédigées entre 2001 et 2007 pour la défunte revue Vient de Paraître. Toujours d’actualité!

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bouquet-bbAlain Bouquet : Doit-on croire au big bang ?

Le Pommier (Les Petites Pommes du Savoir n°23), 2003 – 64 Pages – ISBN 2.74650119.8

Egalement auteur, dans la même collection, de Pourquoi le Soleil brille-t-il ?, le physicien Alain Bouquet (Laboratoire de cosmologie du Collège de France) explique ici de façon claire et concise l’état actuel de nos connaissances sur l’univers . Remarquant judicieusement qu’il faut cesser de nous polariser sur l’instant initial, il rappelle que le big bang est un outil, une commodité de langage pour expliquer comment l’Univers s’est développé, comment il s’est refroidi et, surtout, dilaté. En fait, ce sont les ennemis de la théorie qui l’ont affublée de ce nom, qu’ils espéraient ridicule. Bouquet retrace les étapes qui ont permis aux astrophysiciens de construire peu à peu une histoire du monde qui tienne debout. Après bien des controverses, le big bang triomphe aujourd’hui parce que ses conséquences sont crédibles et vérifiées par l’observation astronomique.

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BuffetautEric Buffetaut : La fin des dinosaures

Fayard (Coll. Le Temps des Sciences), février 2003 – 242 pages – ISBN 2-213-6148-9X

Paléontologue, Eric Buffetaut est directeur de recherches au CNRS. Spécialiste des reptiles et des oiseaux fossiles, il est l’auteur de plusieurs livres sur les dinosaures et l’histoire de la paléontologie, dont une Histoire de la paléontologie (PUF, 1998). A ce titre, il sait mieux que personne que les grands reptiles, plus connus sous le nom de dinosaures, ont brusquement disparu il y a 65 millions d’années, tandis que les oiseaux ont, au contraire, pris leur essor dans l’arbre de l’évolution. Une telle extinction massive d’espèces ne peut s’expliquer que par une catastrophe écologique planétaire, que les scientifiques d’aujourd’hui, après bien des controverses entre paléontologues, vulcanologues et astrophysiciens, attribuent à la chute d’un astéroïde géant. Ce fait scientifique étonnant éclaire d’un jour nouveau l’évolution de l’arbre du vivant sur Terre, en tant que combinaison de la sélection naturelle à la Darwin et d’une série de catastrophes aléatoires à la Cuvier. Ainsi, le monde que nous connaissons a été modelé par ces catastrophes venues du ciel.

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Witk-sentimentNicolas Witkowski : Une histoire sentimentale des sciences

Le Seuil (Science ouverte), mars 2003, 320 pages; ISBN : 2020572176

L’histoire des sciences traditionnelle paraît souvent rassembler ce que l’histoire a de plus ennuyeux, et la science de plus retors. L’histoire « sentimentale » des sciences, racontée ici par un journaliste physicien déjà auteur d’un recueil d’anecdotes historico-scientifiques, La baignoire d’Archimède (Seuil, 1998) et maître d’œuvre du récent Dictionnaire culturel des sciences (Ed. du Regard, 2001), veut remettre un peu de désordre dans le musée poussiéreux de nos certitudes sur l’élaboration des savoirs. On y rencontre un pionnier aveugle du cinéma, des Naturphilosophen politiquement incorrects, un Denis Papin fabriqué sur mesure, un chirurgien éventrant les crapauds et scrutant le sexe des sorcières, un Newton fabriquant des cerfs-volants à pétards, un Voltaire tranchant la tête d’une douzaine d’escargots et un maître d’école suisse illuminant d’une formule magique le cœur de l’atome. Des idées les moins géniales de Léonard de Vinci aux intuitions les plus fructueuses des savants romantiques, on suit les imprévisibles linéaments de la pensée savante et l’on prend la mesure de la profondeur à laquelle plongent ses racines poétiques, mystiques et magiques.

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Fabre-InsectesJean-Henri Fabre : Récits sur les insectes, les animaux et les choses de l’agriculture

Actes Sud (coll. Thesaurus), 2002. 1024 pages- ISBN 2-7427-3980-7

Jean Henri Fabre (1823-1915), naturaliste autodidacte et curieux de tous les secteurs de la vie, s’intéressa à l’entomologie, à la botanique, à la biologie, mais aussi aux techniques et aux pratiques agricoles. Cet homme de terrain généreux de son savoir n’eut de cesse, tout au long de sa vie, d’enseigner au plus grand nombre et de fixer ses réflexions “agro-écologistes” par des publications de toutes sortes.

Si beaucoup connaissent ses passionnants Souvenirs entomologiques, trop ignorent encore l’importance pédagogique et l’immense succès éditorial qu’ont eus les cinq ouvrages qui constituent ce volume : La Chimie agricole (1862), Les Ravageurs (1870), Les Auxiliaires (1873), Les Serviteurs (1875) et Le Livre des champs (1879). D’une grande clarté, présentés sous forme de conférence ou, le plus souvent, de dialogues entre des enfants et leur oncle Paul (le double de l’auteur), ce sont, vivants et concrets, de véritables “traités de vulgarisation”, au sens le plus noble du terme, par lesquels nous sommes invités à partager de rigoureuses observations et une analyse pertinente des milieux naturels. Au fil des pages, Fabre met à la disposition de tous les lecteurs (ruraux et citadins, adultes et écoliers) les connaissances indispensables, et explique minutieusement les interactions qui, des animaux aux plantes en passant par l’intervention humaine, régissent les différents milieux naturels.

Une “agro-écologie” bien avant l’heure, car avant la chimie et les techniques industrielles, c’est-à-dire avant que triomphent l’agriculture productiviste et les excès de la biologie.

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Despagnat-PhiloBernard d’Espagnat : Traité de Physique et de Philosophie

Fayard, 2002. 585 pages-  ISBN 2-213-61190-4

Professeur honoraire à l’université d’Orsay, où il a dirigé le Laboratoire de physique théorique et des particules élémentaires, Bernard d’Espagnat a également enseigné la philosophie des sciences en Sorbonne. Il est l’auteur d’une dizaine d’essais, et notamment de Penser la science (1990) et du Réel voilé (Fayard, “Temps des sciences”, 1994).

Ce traité de philosophie des sciences sur l’apport de la physique contemporaine à la philosophie se compose d’un exposé systématique de l’état de la physique contemporaine, suivi d’une réflexion sur ce qu’elle apporte de neuf à la pensée philosophique.

Le premier volet recense et explique les découvertes récentes. Le second confronte les différentes théories de la connaissance aux problèmes conceptuels que pose la physique quantique.

Une problématique passionnante parcourt cet ouvrage : les grands systèmes philosophiques sont-ils rendus obsolètes par la science? Faut-il les congédier au nom de la vérité scientifique? Sont-ils un frein ou un moteur de la recherche scientifique?

Beaucoup de matière à penser dans cet ouvrage de haut vol.

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Klein-ChronosEtienne Klein : Les Tactiques de Chronos

Flammarion (janvier 2003) – ISBN : 208210091X

Au XXe siècle, la physique a bouleversé nos conception du temps et en vient à effleurer des questions jusque-la façons dont l’homme choisit de vivre et de se vivre. Quelles sont les convergences et les différence entre le temps physique et le temps sensible, existentiel ?Nous ne doutons pas de l’existence du temps, qui demeure pourtant un objet introuvable. Nous voyons, entendons, goûtons, touchons dans le temps, mais non le temps lui-même. Il concerne toute chose, contraint tout, mais de quelle façon ? Est-il apparu en même temps que l’univers ou l’a t-il précédé ? Est-il dans le monde ou le contient-il ? S’écoule-t-il en sens unique ? Serait-ce la mort qui nous obligerait à penser le temps ?

Pour éclairer les paradoxes, répondre aux questions, Etienne Klein puise, en contrepoint de la physique, dans la philosophie, la psychologie, la littérature, la poésie et le sport. Un ouvrage vivant, bien écrit et instructif.

3 réflexions sur “ Recension de livres scientifiques (3) ”

  1. Bonjour Mr Jean-Pierre LUMINET,

    J’ai lu plusieurs de vos livres, je ne suis pas un scientifique, mais je m’intéresse à tout ce qui concerne l’univers.
    Dans votre livre qui compare l’univers à un ballon de foot-ball, avec effets de miroir qui le fait paraître plus grand qu’il n’ai, vos arguments me paraissent judicieux.
    Une question: Puisque l’univers s’étend dans toutes les directions depuis 13,5 milliards d’années, il me semble que comme un ballon le centre est vide et que l’univers serait entièrement répartit sur la périphérie, comme l’enveloppe du ballon? de quoi serait constitué l’intérieur du ballon? Avez vous abordé cette question dans un de vos ouvrages? qui conduirait à poser une autre question: pourrait-on voyager très rapidement à l’intérieur de cette sphère univers? qui serait sans doute très exotique?

    1. Merci pour votre intérêt. Attention, l’univers occupe un volume et non pas une surface, en aucun cas il se répartit à la périphérie d’un ballon dont l’intérieur serait vide…

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