Archives pour l'étiquette tephra

Le mystère du tephra de Rocourt

Le tephra (téphra) de Rocourt est un niveau de retombées volcaniques, qui recouvre une bonne partie de la Belgique (Rocourt est une localité belge) (Juvigné, 1993), daté entre 78 000 et 80 000 ans. Son origine est très probablement la province volcanique de l’Eifel en Allemagne mais sa localisation précise reste ignorée.

Deux localités sources possibles avaient été proposées : Dreiser Weiher et Pulvermaar, situés dans l’Eifel ouest. Mais ceci ne semble pas correspondre à la réalité. En effet le tephra de Rocourt est caractérisé par la présence d’orthopyroxène et d’amphibole en grande quantité ce qui n’est pas le cas de Dreiser Weiher et Pulvermaar. Inversement, ceux-ci contiennent des olivines et des clinopyroxènes calciques (fassaïtes) inconnus à Rocourt.

Notre article tout récent :

Juvigné É., Pouclet A., Pirson S. et Bardintzeff J.M. (2024) – Reappraisal of the volcanic source of the Rocourt Tephra, a widespread chronostratigraphic marker aged ca. 78-80 ka in Western Europe. Bulletin of Volcanology, 86, 66, 1-8, accepté le 9/6/2024, en ligne depuis le 22/6/2024 :

https://link.springer.com/article/10.1007/s00445-024-01756-2

 

La figure 1 de l’article (Juvigné et al., 2024), légèrement modifiée. L’extension du tephra de Rocourt (en violet), du tephra d’Eltville (24 300 ans, en vert) et les trois lobes des retombées du Laacher See (12 900 ans, en rouge). Localisations de l’Eifel est (EEVF) et de l’Eifel ouest (WEVF) contenant Dreiser Weiher (Drw) et Pulvermaar (Pvm).

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Hyaloclastites à Deserta Grande

Les hyaloclastites sont des cendres émises par des volcans sous-marins. Elles sont donc gorgées d’eau et s’altèrent en palagonite (verre hydraté altéré) jaune clair. De telles hyaloclastites affleurent à Deserta Grande, une des trois îles Desertas, au sud-est de Madère (voir mon blog du 20/6/2024 et du 21/6/2024).

Un bloc de hyaloclastite jaune clair sur la « fajã » (plateforme d’éboulement) de Deserta Grande, le 23 avril 2024. À l’arrière-plan, des dykes verticaux (de couleur grise) bien visibles dans les produits rouges de retombées volcaniques (tephra) (© J.M. Bardintzeff).

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Les dykes de Deserta Grande

Un dyke est un filon d’alimentation d’un volcan, par où transite le liquide magmatique. Puis le liquide se solidifie en roche. Le filon est ensuite dégagé par l’érosion et apparaît dans le paysage.

Des dykes spectaculaires sont visibles dans les falaises de Deserta Grande, une des trois îles Desertas, au sud-est de Madère (voir mon blog du 20/6/2024).

Dykes verticaux (de couleur grise) bien visibles dans les produits rouges de retombées volcaniques (tephra) à Deserta Grande, le 23 avril 2024. Au premier plan, la base scientifique construite sur la « fajã » (plateforme d’éboulement) (© J.M. Bardintzeff).

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Les fouilles d’Akrotiri

Dans l’île de Santorin en Grèce, les fouilles archéologiques d’Akrotiri témoignent de la splendeur de la civilisation minoenne, il y a 3600 ans ! La ville a été recouverte par des tephra, lors d’une éruption cataclysmale (voir mon blog du 28/3/2019).

Les fouilles archéologiques d’Akrotiri à Santorin en Grèce (© J.M. Bardintzeff).

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Santorin, une île volcanique

Escale obligée à Santorin, lors de notre croisière en Méditerranée. Cette île volcanique, en forme d’anneau incomplet (une caldeira), a littéralement explosé en 1610 av. J.-C.

Vue plongeante sur la caldeira de Santorin en Grèce. La falaise révèle l’empilement des couches de tephra (matériaux volcaniques libérés par des éruptions explosives) (© J.M. Bardintzeff).

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Les tephra du Chaparrastique

Voici ce que j’écris dans mon livre « Volcanologie » (5e édition, Dunod, 2016), à propos des tephra :

D’autres fois, le magma, constitué d’un mélange de phases solide, liquide et/ou gazeuse, arrive violemment en surface lors d’une éruption explosive. Les matériaux (roches) pyroclastiques (appelés également pyroclastites c’est-à-dire « cassés par le feu » ou aussi tephra) projetés à grande vitesse, à des altitudes et des distances importantes, recouvrent de grandes surfaces. Le terme général de tephra englobe l’ensemble des produits d’origine volcanique à l’exception des laves, c’est-à-dire une grande variété de matériaux : cendres, bombes, blocs, ponces, etc.

Impressionnante accumulation de tephra sur les flancs du volcan Chaparrastique au Salvador (© J.M. Bardintzeff).

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L’éruption cataclysmale de l’Ilopango

Deux grandes caldeiras témoignent d’éruptions majeures au Salvador : la caldeira Coatepeque (voir mon blog du 12/1/2019) et la caldeira Ilopango plus impressionnante encore. Cette dernière, de 11 kilomètres de long pour 8 de large, est également occupée par un grand lac. Quatre éruptions explosives majeures se sont succédé pendant quelques dizaines de milliers d’années. Le dernier effondrement résulte d’une éruption cataclysmale datée du Ve siècle (an 450 ?). Son intensité à été évaluée à un VEI (Volcanic Explosivity Index) de 6 sur une échelle de 8 échelons, soit l’équivalent du Krakatoa, en Indonésie, en 1883. On retrouve d’ailleurs le niveau repère de l’éruption sous forme d’une couche de téphra clair dans l’ensemble du pays. Des citées mayas furent dévastées.

Jacques-Marie Bardintzetf, volcanologue, montre le niveau repère (environ 50 cm d’épaisseur) de retombées blanches de l’éruption de l’Ilopango, datée du Ve siècle, au Salvador. Nous sommes à Los Pinos, à 65 km à l’ouest du centre émissif ! (© J.M. Bardintzeff, merci à Sylvain Chermette).

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Joya de Ceren, la Pompéi du Salvador

Non loin de la capitale San Salvador, le site archéologique Joya de Ceren, révèle des habitats (des fermes préhispaniques) recouverts de téphras (= roches pyroclastiques, les cendres par exemple) vers l’an 600, d’où le surnom de « Pompéi d’Amérique centrale ». Ce site a été classé à l’UNESCO en 1993.

Les fouilles archéologiques de Joya de Ceren au Salvador : on remarque les nombreuses couches de téphras (© J.M. Bardintzeff).

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Troglodytes à Khndzoresk

À Khndzoresk, dans la partie sud de l’Arménie, non loin de Goris, des falaises entières, formant des cheminées de fées, ont été creusées en troglodytes. Les roches sont des tufs (cendres et blocs volcaniques soudés = tephra = roches pyroclastiques) datées de 2,5 à 2 millions d’années.

Habitats troglodytiques et cheminée de fée à Khndzoresk en Arménie (© J.M. Bardintzeff).

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Les tephra

On appelle « tephra », l’ensemble des dépôts volcaniques à l’exception des laves. Ce terme signifie « cendre » en grec mais il est élargi aux lapilli, aux bombes… On l’écrit souvent sans accent et sans « s » car c’est déjà un pluriel.

Jacques-Marie Bardintzeff, volcanologue, repère un niveau de tephra (des retombées ponceuses) au Komagatake, Hokkaido, Japon (© J.M. Bardintzeff).

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