Archives pour l'étiquette Cameroun

Jury de thèse à Ngaoundéré

Retour du Cameroun, où j’ai rencontré les collègues et étudiants de l’Université de Ngaoundéré et aussi participé à un jury d’une thèse que j’ai co-dirigée.

L’Université étant francophone et anglophone, le jury respecte la tradition anglo-saxonne et revêt une toge pour la cérémonie de soutenance.

J.M. Bardintzeff, volcanologue, membre du jury de thèse, a revêtu la toge officielle de l’Université de Ngaoundéré au Cameroun et l’épitoge à rangs d’hermine (© J.M. Bardintzeff).

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La microsonde électronique

Lundi 6 mars 2017, c’était jour de microsonde ! Un passage obligé pour tous pétrographes et minéralogistes.

Voici ce que j’écris dans mon livre « Volcanologue. De la passion à la vocation » (Éd. Vuibert) à propos de la microsonde électronique :

« Cet appareil, inventé pour la métallurgie, à Orsay, par le Français Raimond Castaing, au cours des années cinquante, est maintenant utilisé mondialement et notamment en géologie. [II envoie un faisceau d’électrons sur un échantillon poli dont un volume de quelques micromètres cubes est irradié, cette destruction s’accompagnant de l’émission d’un rayonnement X, analysé au moyen de cinq spectromètres]. On peut ainsi mesurer les teneurs respectives en magnésium et fer d’une olivine, de son cœur à sa périphérie. Ensuite, par calcul, on pourra connaître la température du magma, probablement supérieure à 1 100 °C, au moment de la cristallisation de ce beau minéral vert. »

Raimond Castaing (1921-1998), Académicien, était chercheur à l’Université Paris-Sud Orsay, celle où j’enseigne actuellement, et j’ai eu le privilège de rencontrer cet homme simple et génial.

Jacques-Marie Bardintzeff analyse des minéraux avec la microsonde électronique SX Five („Five“ car il s’agit d’une microsonde de cinquième génération) à Camparis, Université Pierre et Marie Curie, Paris VI (© P. Wotchoko).

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Volcans d’Afrique

Jeudi 26 mars dernier, j’étais invité par le Centre Universitaire du Temps Libre (CUTL) de Maintenon (28130), à donner une conférence à la Salle des fêtes de Saint-Piat, sur le thème des Volcans d’Afrique.

Les volcans d’Afrique sont nombreux et variés : sur le continent ou dans les îles tout autour, coulées, fontaines, lacs de lave ou panaches de cendres…

La « corne de l’Afrique »

Au niveau du « Triangle des Afars », entre l’Éthiopie et la République de Djibouti, trois structures géologiques majeures se rejoignent :

– la zone transformante du Jourdain, avec le lac de Tibériade, la mer Morte (dont le niveau se situe largement en-dessous de zéro : – 422 m), jusqu’au golfe d’Aqaba et le golfe de Suez (W), se prolonge par la mer Rouge ;

– la dorsale océanique de Carlsberg de l’océan Indien, pénètre dans golfe d’Aden jusque dans la région de Tadjoura ;

– le fossé du Rift est africain et ses grands lacs d’effondrement : lac Albert, lac Édouard… Le lac Tanganyika (altitude 775 m), de 677 km long, a une profondeur maximale de 1433 m ; son fond se situe donc sous le niveau de la mer ! Le lac Malawi (anciennement Nyassa) mesure 580 km de long, pour une profondeur maximale de 706 m.

En Éthiopie, nous retrouvons le lac de lave permanent du volcan Erta Ale, l’un des rares au monde. En 2004, il s’était recouvert d’une pellicule de roche durcie et nous avons pu y descendre, avec Nicolas Hulot et l’équipe de Ushuaïa-Nature pour des prélèvements de la lave sous-jacente.

Non loin, se situe l’étrange site hydrothermale de Dallol, avec ses eaux acides multicolores. Comme le précisait Nicolas : « On se croirait sur la planète Mars ! ».

Un autre lac de lave occupe le cratère du Nyiragongo, en République démocratique du Congo.

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Le lac de lave de l’Erta Ale en janvier 2003 (© J.M. Bardintzeff).

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Image de volcan : le mont Cameroun (suite)

Mon livre « Volcanologue. De la passion à la vocation », Éditions Vuibert, 2009

Un extrait (suite):

La lave issue de la fissure inférieure a parcouru plus de dix kilomètres, sur une largeur moyenne de 500 mètres à un kilomètre. Relativement visqueuse, elle avance lentement mais inexorablement, à quelques mètres à l’heure. Le front mesure plusieurs centaines de mètres de large et, selon les endroits, d’une dizaine à une trentaine de mètres d’épaisseur. Des blocs de plusieurs mètres s’effondrent, roulent et se brisent en révélant la lave incandescente. Une fois refroidie, Il s’agit d’une roche sombre, basique, à gros cristaux d’olivine et de pyroxène. En contrebas, j’entends le coassement pathétique des grenouilles d’une petite mare, condamnée à brève échéance.

Le 10 avril, le front se situe dans Green Valley Estate, à 120 m d’altitude et à 600 m de la route longeant la côte atlantique entre Limbe et Idenau, et plus précisément entre Batoke et Bakingili. Le 13 avril, il s’en approche à 260 m et le 15 avril au matin, à 5 m seulement. Dans la population, je perçois des sentiments contradictoires : de l’inquiétude, certes, mais aussi une indéniable fascination.

Durant toute la journée du 15 avril, le front se situe tout prêt de la route mais ne progresse pas significativement. La coulée a développé des lobes latéraux. Si la route est coupée, toute une région sera isolée. On assiste à un ballet incessant de voitures surchargées. L’armée essaye de gérer tout cela. À 19 heures, le premier bloc incandescent tombe sur la route, qui est coupée dans la nuit du 15 au 16.

Le 16 au matin, je survole la zone en hélicoptère avec Pierre Wandji. Sur cent mètres, la route est recouverte par une épaisseur de 10 m de lave.

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Vue d’hélicoptère, le 16 avril 1999 : la coulée de lave a traversé la route (© J.M. Bardintzeff).

Images de volcan : le mont Cameroun

Mon livre « Volcanologue. De la passion à la vocation », Éditions Vuibert, 2009

Un extrait :

… j’apprends que le mont Cameroun est sorti, le 28 mars (1999), d’un sommeil de dix-sept ans. Une fissure s’est ouverte sur son flanc sud et d’importantes coulées de lave se dirigent vers des zones habitées.

Le Cameroun est traversé en écharpe, du lac Tchad, au nord, au mont Cameroun, au sud, par un alignement volcano-plutonique majeur, long d’environ un millier de kilomètres, appelé « Ligne du Cameroun », prolongée en mer par les îles du golfe de Guinée. Le mont Cameroun se situe près de l’océan Atlantique. Il s’agit d’un volcan géant, culminant à 4 095 m, parsemé d’une centaine de petits cônes, souvent alignés sur des fissures.

Nous arrivons sur place début avril. Dès le premier soir, nous nous rendons au front de la coulée active. Celui-ci, incandescent, mesure plus de 10 m de haut. Des blocs énormes, plurimétriques s’en détachent et s’écroulent dans un bruit d’explosion et de « vaisselle cassée ». La silhouette des palmiers se détache sur le fond orangé de la scène : ils n’ont plus que quelques heures à vivre avant de brûler, irrémédiablement.

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Coulée de lave au mont Cameroun (© J.M. Bardintzeff).

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Le mont Cameroun en éruption en avril 1999 (© J.M. Bardintzeff).