Suite du billet précédent : Poésie et révolutions scientifiques
De Francis Ponge à Raymond Queneau
Venons-en à la seconde partie de mon exposé, traitant plus spécifiquement de la période 1950-2010.
En 1954, Francis Ponge (1899-1988) rédige un Texte sur l’électricité, une commande de la Compagnie d’électricité destinée à ses ingénieurs. Ponge se débarrasse en quelques lignes de son sujet imposé – glorifier la fée Électricité – pour livrer un véritable Manifeste d’une poésie scientifique moderne.
Restons dans la nuit quelques instants encore, mais reprenons ici conscience de nous-mêmes et de l’instant même, cet instant de l’éternité que nous vivons. Rassemblons avec nous, dans cette espèce de songe, les connaissances les plus récentes que nous possédions. Rappelons-nous tout ce que nous avons pu lire hier soir. Et que ce ne soit plus, en ce moment, qui songe, le connaisseur des anciennes civilisations, mais celui aussi bien qui connaît quelque chose d’Einstein et de Poincaré, de Planck et de Broglie, de Bohr et de Heisenberg.[5]