Le dossier qui suit, en cinq parties, reprend un texte publié en 2014 dans la revue Epistémocritique et le complète par des illustrations.
Résumé : La poésie scientifique a toujours été florissante et vivace. Elle a certes connu des hauts et des bas, des périodes de gloire et des périodes de relatif étiage. Encore faut-il s’entendre sur le terme même de « poésie scientifique ». S’agit-il uniquement de la poésie à caractère didactique, ou bien s’agit-il d’une poésie philosophique ou cognitive, certes inspirée par la science, mais qui prend des formes littéraires plus inventives ? – auquel cas je prétends que le genre a toujours été bien vivant, et que de par sa nature même, il ne peut guère en être autrement.
Renaissance de la Poésie Scientifique : 1950-2010
Je remercie les organisateurs de m’avoir accordé cette séance plénière, dont le titre semble avaliser le thème général du colloque: “La poésie scientifique, de la gloire au déclin“. En effet, selon Hugues Marchal, la disparition de la poésie scientifique aurait été largement consommée dès la fin du XIXe siècle. Dans la conférence d’ouverture, Muriel Louâpre a été plus magnanime en prolongeant la moribonde d’une quarantaine d’années et en établissant son certificat de décès à l’an 1939. Le titre de mon intervention, lui, annonce une renaissance du genre à partir des années 1950, ce qui suppose bel et bien une mort auparavant. Tout le monde semble donc d’accord.
En fait, je ne partage pas tout à fait ce point de vue ; selon moi, la poésie scientifique a toujours été florissante et vivace. Elle a certes connu des hauts et des bas, des périodes de gloire, comme l’Antiquité grecque et latine, le XVIe siècle ou le siècle des Lumières, et des périodes de relatif étiage, comme le Haut Moyen Âge ou la période 1920-1950. Mais encore faut-il s’entendre sur le terme même de « poésie scientifique ». S’agit-il uniquement de la poésie à caractère didactique, auquel cas je souscrirais volontiers au constat de gloire et de déclin suivis d’une éventuelle renaissance à partir des années 1950, ou bien s’agit-il d’une poésie philosophique ou cognitive, certes inspirée par la science, mais qui prend des formes littéraires plus inventives ? – auquel cas je prétends, à l’instar d’autres contributeurs de ce colloque, que le genre a toujours été bien vivant, et que de par sa nature même, il ne peut guère en être autrement. Continuer la lecture