Les Chroniques de l’espace illustrées (9) : Anecdotes spatiales

Ceci est la neuvième de mes « Chroniques de l’espace illustrées ». Si vous souhaitez acquérir mon livre dans sa version papier non illustrée (édition d’origine 2019 ou en poche 2020), ne vous privez pas !

 

Anecdotes spatiales

Il y a la grande histoire de l’exploration spatiale, et puis il y a la petite, celle qui se raconte plaisamment, qui met en avant des détails secondaires mais inattendus de l’action principale. En voici quelques anecdotes.

En 1961, la rentrée atmosphérique du vaisseau russe Vostok 2 manque de tourner à la catastrophe. Le module de service ne se détache pas du module de descente et la séparation n’a lieu que tardivement. Guerman Titov réussit de justesse à s’éjecter, mais son parachute manque de débouler sur un train de marchandises en marche. Arrivé enfin au sol sain et sauf, il s’empare d’une grosse canette de bière et, devant un comité d’accueil médusé, il la siffle d’une traite pour se remettre de ses émotions.

Vostok 2 a emmené Guerman Titov en orbite pour un jour 1 heure et 18 minutes afin d’étudier les effets du manque de gravité sur le corps humain. À l’inverse de son prédécesseur Gagarine, Titov a brièvement pris le contrôle manuel de l’appareil. Sur cette galerie de photos on le voit dans sa cabine souffrir du mal de l’espace, puis se ressaisir et utiliser son appareil photo pour prendre des clichés de la Terre. Après son atterrissage mouvementé il se présente en héros aux officiels venus l’accueillir et siffle une canette de bière.

Autre incartade au strict règlement alimentaire due à l’Américain John Young au cours de la mission Gemini 3 : il emporte en cachette dans la poche de sa combinaison un sandwich au corned-beef et commence à le manger sous les yeux effarés de son copilote Gus Grissom. L’affaire fait scandale, John Young est réprimandé, ce qui ne l’empêchera pas quelques années plus tard de commander la mission Apollo 16, au cours de laquelle il restera soixante et onze heures à la surface de la Lune ! Et après moult rapports et commissions d’experts, le corned-beef sera officiellement autorisé dans les navettes spatiales en 1981.

Gus Grissom et John Young font équipe lors de la mission Gemini 3. A un moment Young sort de la poche de sa combinaison spatiale un paquet. Un dialogue s’ensuit (je traduis en français) : “Qu’est-ce que c’est?” demande Grissom. “Un sandwich au corned-beef, ” répond Young. “D’où ça sort?” demande Grissom. Young explique : “Je l’ai apporté avec moi. Voyons quel goût il a. Ça sent bon, n’est-ce pas?” A droite, un sandwich au corned-beef sous cellophane est exposé au Grissom Memorial Museum (Mitchell, Indiana) pour immortaliser la scène.

Autres fantaisies qui ne sont plus d’ordre culinaire : Neil Armstrong, le héros impavide de la mission Apollo 11 et premier homme à marcher sur la Lune, a pour sa part secrètement emporté un ours en peluche.

L’air ravi de Neil Armstrong à son retour dans le module lunaire, où il retrouve Teddy Bear, son ours en peluche fétiche.

Marcheur lunaire et commandant de la mission Apollo 14, Alan Shepard a demandé la permission de jouer au golf sur l’astre des nuits. Autorisation accordée. On n’a jamais retrouvé la balle.

Le 6 février 1971, lors de la mission lunaire Apollo 14, Alan Shepard sort son fer 6 sur la Lune. Gêné par sa combinaison spatiale, il rate sa première balle, mais il prend son mulligan et cogne fort la deuxième. A cette occasion Shepard n’a pas seulement frappé une balle de golf sur la Lune, il a en même temps  établi un record de temps de sortie : 9 heures et 17 minutes, réparties en 2 sorties.

Le dernier touriste de l’espace – en date de 2009, le Québécois Guy Laliberté – a été accordéoniste, échassier et cracheur de feu avant de faire fortune en créant le Cirque du Soleil. C’est lui qui a payé le plus cher son ticket : 35 millions de dollars pour un vol de douze jours. Il s’est collé un nez rouge avant d’embarquer.

Buzz Aldrin, le second homme à marcher sur la Lune, a affronté un jour un de ces illuminés qui prétendent que personne n’y a jamais été et que tous les reportages ont été réalisés en studio par Stanley Kubrick. Il ne s’est pas embarrassé de diplomatie et a allongé un grand pain sur le nez de l’individu.

Aldrin et Armstrong se sont d’abord entraînés sur Terre dans un décor lunaire de la NASA. Les tenants de certaines rumeurs croient que les missions Apollo ont été filmées par Stanley Kubrick dans des décors tels que celui-ci.

À la fin de la fameuse mission lunaire Apollo 11, quand il s’est agi d’allumer le moteur de remontée vers le module de commande, le même Buzz Aldrin constate que la petite manette du bouton est cassée. Il y a juste un trou à la place et les connexions électriques sont inaccessibles. Heureusement, Aldrin a emporté un stylo-bille, et il se sert de la pointe pour enclencher le contact.

Parmi la multitude de stylos Fisher Space Pen, le modèle AG7 est le plus célèbre : c’est lui qui fut choisi pour équiper les astronautes de la mission Apollo 11 en partance pour la Lune et qui permit à Aldrin de faire redécoller le module. Il a par la suite été adopté par les russes et les astronautes de multiples pays.

À propos de stylo… vous savez que les stylos-bille ordinaires ne fonctionnent pas dans l’espace en l’absence de gravité ? Or il faut bien écrire. Comment faire ? Au départ, Russes et Américains ont utilisé des crayons, avec le risque de voir des bouts de graphite se détacher et dérégler l’électronique de bord, ou bien finir dans l’œil d’un astronaute. C’est alors qu’en 1965, Paul Fisher met au point un stylo très spécial, qu’il vend à la Nasa à 3 dollars l’unité. Pas cher, mais l’opération lui permet de faire fortune. Le Fisher Space Pen ne bave pas, ne dérape pas, il écrit sur toutes les surfaces glacées, grasses ou mouillées. La durée de vie de son encre est de cent ans, il peut écrire un million et demi de caractères, fonctionne la bille en l’air, résiste aux températures extrêmes comprises entre moins 50 degrés et plus 200 degrés et, bien sûr, il écrit parfaitement en apesanteur.

Pour suivre  le cahier des charges très strict de la NASA, Paul Fisher a intégré dans son modèle AG7 (Anti-Gravity) une cartouche scellée et pressurisée. A travers ses évolutions successives, le Fisher Space Pen est devenu  le stylo des conditions extrêmes pouvant écrire dans n’importe quelle position et sur n’importe quelle surface. C’est le stylo des missions océanographiques, spéléologiques, des interventions d’urgence des pompiers, des plongeurs.

On voit souvent des publicités à la télévision vantant des produits high-tech prétendument testés par la Nasa. Cela va du coussin à mémoire de forme à la couverture de survie en montagne, en passant par le slip hygiénique ou le ballon de football américain. Pour le stylo Fisher Space, vous pourrez l’acquérir en toute confiance le jour où vous ferez du tourisme spatial !

2 réflexions sur “ Les Chroniques de l’espace illustrées (9) : Anecdotes spatiales ”

  1. Bonjour!

    Pour commencer, une bonne année à tous sur notre vieille terre où brillent en son coin d’étherciel, les billets de notre reporter luminescient.

    Des anecdotes? Oui, pourquoi pas!

    Un cosmonaute qui s’enfile une canette de bière lors d’un atterrissage compliqué, un autre qui emporte en cachette le mets du comte de Montagu, un autre son nounours, un clown qui paie une fortune pour s’envoyer en l’air, un marcheur impavide et héroïque qui perd sa baballe sur l’astre de la mer de la Tranquillité et enfin, un Pierrot lunaire qui démarre son engin interplanétaire avec son crayon bille.

    On peut en rigoler bien sûr, mais bon, quand on voit les misères d’ici-bas, ce n’est peut-être pas si futile que de “rêver d’univers”, comme il est écrit dans une Chronique, n’est-ce pas?

    Buzz fait le buzz en allongeant un grand pain sur le nez d’un sceptique. Il y a quatre cent vingt et un an, un autre sceptique qui répondait au petit nom charmant de Gordiano s’est vu passer par les flammes. En ces temps-là, on ne faisait pas dans le détail, palsambleu!

    Les temps changent et plutôt en bien, même si des progrès pour conquérir une certaine liberté de penser sans recevoir des coups, restent encore à réaliser, non! On dit parfois que le diable est dans les détails. Une poétique de l’espace, nous apprend, en revanche, que le détail est le signe d’un monde nouveau (…) qui contient les attributs de la grandeur. Décidément, la loupe d’un professeur voyageur, nous serait bien utile!

    Sur ces entrefaites, je vous laisse déplier un rayon de lune.

    Bonne nuit.

    m

  2. Avec toutes mes excuses. La faute est énorme. Il eût fallu écrire :

    quatre cent vingt et un ans. (ans avec un s final, bien sûr)

    L’erratum s’impose.

    Le jeu en vaut la chandelle…Ne serait-ce que pour entretenir la

    flamme!

    m

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