Archives pour la catégorie Sciences

Espagne : COP25, mesures CO2 à Izaña et centenaire de l’artiste Manrique

Tout d’abord, un grand merci à nos Amis espagnols pour avoir accepté d’organiser au pied levé, début novembre 2019, la prochaine Conférence internationale sur le climat dite COP25 (la 25ème Conference of Parties au sens d’Etats participants) à Madrid. Il a fallu aux instances internationales trouver un pays remplaçant pour cette COP qui aura lieu du 2 au 13 décembre 2019, à la suite du désistement du gouvernement chilien, pour cause de force majeure, qui lui-même avait été précédé en 2018 par celui du Brésil. Certes, ne nous voilons pas la face. Le fait que le Chili soit une ancienne colonie espagnole et des calculs électoraux du parti au pouvoir en Espagne, dont la continuité n’était pas assurée, ont dû jouer leur rôle mais l’important reste ce véloce engagement pour l’organisation de la COP25. Aussi il n’est pas un hasard que la ministre espagnole de la Transition écologique soit l’ancienne directrice de l’IDDRI (Institut du développement durable et des relations internationales, un groupe de réflexion basé à Paris). Cela montre, comme l’ensemble son parcours professionnel, son engagement militant de longue haleine pour l’écologie.

Mme Teresa Ribeira,  la ministre espagnole de la Transition écologique et cheville ouvrière de la COP25. ©  EFE (J.J. Guillén).

De l’autre côté de l’arc politique espagnol, il faut citer la regrettée Mme Loyola de Palacio, disparue en 2006, ancienne ministre de l’Agriculture et de la Pêche puis vice-présidente de la Commission Européenne. Son nom a été donnée à une chaire européenne de recherches dédiée à la politique énergétique du fait de son investissement en faveur des EnR (les énergies renouvelables).

Une des dernières photographies officielles de Mme Loyola de Palacio (1950-2006) vers 2005. @ J.-P. Van Gorp. La Loyola de Palacio Chair a été créée en octobre 2008 et elle est rattachée à Florence (Italie) au Robert Schuman Centre for Advanced Studies de l’European University Institute.

Ces différents engagements de hauts responsables politiques se sont traduits dans les faits, malgré d’inévitables hauts et bas, pour donner à l’Espagne une bonne couverture des EnR dans le mix énergique national : 38,4 % d’EnR en 2018, selon les chiffres officiels. J’ai ajouté, début 2020, que les ENR ont atteint en 2019 49 % (+8,6 % par rapport à 2018) du mix électrique national espagnol alors que la production électrique totale s’est élevée à 264 843 GWh.
De façon générale au-delà du versant politique, il y a en Espagne et en particulier aux Canaries de longue date des spécialistes chevronnés, tel Emilio Cuevas, du changement climatique.  Nous en retrouvons notamment à l’observatoire atmosphérique d’Izaña (2 367 mètres d’altitude précisément), implanté sur les flancs du gigantesque volcan pic del Teide (3 718 m, le plus haut sommet d’Espagne). Cette station existe depuis plus d’un siècle : 1916 précisément.

Le premier bâtiment de l’observatoire météorologique d’Izaña en 1920 avec ses instruments de mesures. Il est localisé à environ 2 400 m sur un point haut proche du sommet du volcan Teide (3 718 m) qui domine l’île de Tenerife aux Canaries, Espagne. Cliché : sans copyright sur le site Europa Press.
Fondé en 1916 et fonctionnant sans discontinuer, l’observatoire météorologique puis atmosphérique d’Izaña est une référence selon l’OMM notamment pour chiffrer et suivre la hausse du CO2 (dioxyde de carbone) atmosphérique en Europe et dans le monde. Sa haute altitude et sa grande insularité permettent de travailler a priori éloigné de l’influence humaine sur le climat. Région du volcan Teide, île de Tenerife, Canaries. © AEMET, España.

Cet observatoire est proche aussi administrativement de celui astronomique, la météorologie dont l’étude de l’atmosphère étant une science dérivant de l’astronomie.

Les coupoles de l’observatoire astronomique d’Izaña (2 400 m) et le pic du Teide (3 718 m), au second plan. © www.volcanoteide.com

Ce jumelage des observatoires astronomique et météorologique nous ramène aux débuts de cette dernière science et, dans le monde hispanique, à l’héritage scientifique des jésuites mais refermons cette parenthèse historique.

L’observatoire atmosphérique d’Izaña s’apprête à coordonner l’ensemble de mesures de CO2 faites en Espagne au sein du programme européen ICOS (Integrated Carbon Observation System). Il faut rappeler, à cet égard, que c’est également à un autre observatoire de haute altitude, lui aussi situé sur une île éloignée de tout continent, que ces mesures de CO2 ont pris toute leur importance afin de percevoir le changement climatique en cours, celui de l’Anthropocène. C’est l’observatoire du Mauna Loa, abrégé en MLO (3 397 mètres alors que le sommet du volcan atteint 4 169 m d’altitude), sur l’île d’Hawaï ou Big Island, dans l’archipel océanien du même nom, et cela advint lors de l’Année Géophysique Internationale (AGI) de 1957-1958.

C’est aussi le site d’une batterie d’instruments pour l’observation de la couronne solaire. Cela depuis l’observatoire solaire du Mauna Loa, situé sur le versant nord du volcan (à 3 440 m d’altitude) et lui dépendant de la National Oceanic and Atmospheric Administration (NOAA).

Dès l’origine soit 1958 sous la supervision de Charles Keelingce scientifique ayant inventé auparavant un instrument pour mesurer le CO2 dans l’atmosphère -, les données observées au MLO montrent, dans leur première publication en 1961, une très forte hausse du dioxyde de carbone, exprimé en ppm (partie pour million), qui n’a jamais cessé depuis.

Evolution des concentrations de CO2 depuis 1958 au Mauna Loa Observatory (partie noircie à droite dite courbe de Keeling). Dépasser les 415 ppm de C02 dans l’atmosphère, en juin 2019, nous fait remonter à une lointaine époque : il y a de 3 millions d’années durant le Pliocène. Les températures étaient alors de 3 à 4 °C plus élevées que de nos jours, des arbres poussaient en Antarctique et le niveau des océans était 15 mètres plus haut. Sur le graphique, avant 1958, les données (courbe en gris) ont été tirées des analyses de carottes de glaces anciennes. Source : Scripps Institution of Oceanography dont dépend le Mauna Loa Observatory (MLO).

Mais comment mesurer le CO2 dans l’atmosphère ? Une vidéo officielle du Scripps vous le montre (en anglais) avec Ralph, le fils de Charles Keeling ! Rappelons que ce dernier, décédé en 2005, fut l’inventeur en 1958 de cette technique de mesure sur le terrain, à l’endroit précis où a été tournée la vidéo soit sur le mont Mauna Loa de l’île d’Hawaï.

Cette hausse du CO2 débouchant sur celle des températures avait déjà été démontrée en laboratoire dès 1896, par le Prix Nobel de chimie Svante Arrhenius, puis largement divulguée, à partir de 1906, toujours par ce dernier.

Le chimiste Svante Arrhenius (1859-1927) travaillant au laboratoire en Suède. Reconnu tout d’abord par la découverte de la Loi qui porte son nom en 1889, sa contribution à celle de l’effet de serre du CO2, dans le réchauffement atmosphérique en cours, en fait un des scientifiques des plus actuels. Ses travaux sur la modélisation de la diversité biologique assirent encore sa stature de niveau mondial.

Une parenthèse amusante et qui montre que la science ne suit pas le chemin tracé par les scientifiques même les meilleurs. Dans ce texte de 1906, en effet, Arrhenius prédit que, grâce à la hausse des émissions humaines de CO2 constatée depuis la révolution industrielle, celle des températures devrait être suffisante pour prémunir le monde d’une nouvelle ère glaciaire. Il y estime qu’une planète plus chaude est nécessaire afin de nourrir la population humaine en forte et rapide augmentation et donc que le réchauffement climatique est un changement positif. Toutefois mais il faut bien tenir en tête que le savant Prix Nobel 1903 était suédois !

Ainsi au niveau des Canaries et plus précisément sur la grande île de Tenerife suivie en météorologie dès 1916 à Izaña, il a été enregistré une multiplication par quatre des épisodes caniculaires depuis 1994. Ces derniers auront un impact croissant sur la santé publique sachant que la population de l’archipel espagnol vieillit. Ce changement climatique, vers plus d’aridité, est l’occasion d’illustrer le travail et le savoir-faire des paysans et travailleurs des Canaries, en particulier ceux des îles de Lanzarote et Fuerteventura, qui ont su mettre en valeur des terres désertiques tout en créant des paysages humanisés magnifiques. C’est l’objet des photographies ci-dessous, transmises pour les deux premières par l’agroclimatologue Luis Santana Pérez.

Vignoble de Los Bermejos dans les lapilli volcaniques. La Florida, San Bartolomé, Lanzarote, Canaries. ©Irenu Castillo.
Vignoble de ceps récents d’El Grifo. Masdache, Lanzarote, Canaries. © Luis Santana Pérez.
Ancienne saline d’El Hierro. Las Puntas, Frontera, île d’El Hierro, Canaries. © A. Gioda, IRD.

Comme eux en s’appuyant sur des matériaux pauvres trouvés en abondance localement, l’artiste César Manrique (1919-1992),  dont l’Espagne fête officiellement le centenaire de la naissance, a créé une architecture belle, bon marché et bonne au sens d’utile. Ceci rend, par exemple, son art compatible avec un certain tourisme, notamment sur son île natale de Lanzarote, grâce à la mise en valeur d’objets, de plantes, galets et autres pierres volcaniques considérés auparavant comme négligeables. Un précurseur du développement durable que César Manrique, toujours un pas ou plus en avance tels les grands artistes qui sont des visionnaires. Deux petites vidéos, la première professionnelle par Pamglobe et la seconde bien plus amateur par Zigzag Road Trips, montrent que l’œuvre de César Manrique, un Land art original car utile et durable, touche au plus profond bien des gens qui la rencontrent. Ceci encore presque 30 années après la disparition de son auteur, un artiste et aussi un militant dont une des formules favorites était « Vivre avec la nature en la respectant ».

Plus occulté de nos jours est aussi le combat de César Manrique pour un tourisme durable, passant y compris par la destruction de la pollution visuelle que sont les panneaux publicitaires. Cette dernière action lui avait valu des déboires avec la Guardia Civil mais il a partiellement gagné la lutte contre la publicité dans le paysage sur les îles de Lanzarote et d’El Hierro. Toutefois auparavant il lui avait fallu passer par la case prison en 1962 pour s’être attaqué à un puissant homme politique, jugé par Manrique, trop proche de la sphère touristique et donc du monde économique.

Là aussi on retrouve un aspect amusant comme chez Arrhenius. César Manrique voulait passer, par son travail acharné, à la postérité en tant que peintre voire sculpteur. Toutefois déjà de son vivant, d’aucuns le comparaient à Calder et c’est d’abord comme architecte de la nature qu’il est célébré. César Manrique a su sortir de son atelier de peinture et comment donc !

Monument au paysan (1969) de César Manrique. Il est dédié à celui de Lanzarote pour son labeur. Sur cette terre désertique, il est signifiant qu’il soit fait d’un assemblage d’anciens réservoirs d’eau. San Bartolomé, Lanzarote, Canaries. © Lanzarote 3.

Son talent, son génie d’assembleur et son charisme lui ont permis de réaliser, grandeur nature, ses rêves grâce à l’amitié d’hommes politiques tel Pepín Ramirez, un compagnon de route dès l’enfance, et de multiples techniciens au sens noble du terme : maîtres d’ouvrages comme Luis Morales, charpentiers ainsi Santiago Hernández Brito, soudeurs tel Ramón Martínez, forestiers comme Don Zósimo d’El Hierro, architectes reconnus tel Fernando de Higueras, peintres amis ainsi Manolo Millarés, etc. Tout cela est bien montré dans la BD de l’artiste contemporain des Canaries Rubén Armiche, résidant sur El Hierro, qui a célébré le centenaire de la naissance de César Manrique.

La photographie mise en avant montre le Mirador de la Peña sur l’île d’El Hierro (Canaries). Une création tardive de César Manrique de 1986 : un belvédère couplé à un restaurant. C’est dans la grande salle de ce dernier que Rubén Armiche présenta sa savante bande dessinée sur Manrique le 22 octobre 2019. https://www.salutilescanaries.com/espaces-naturels/el-hierro/mirador-de-la-pena/

Selon César Manrique, le lézard géant d’El Hierro (Gallotia simonyi), un endémisme rare de l’île et l’un de ses symboles. Restaurant du Mirador de la Peña (1986), El Hierro, Canaries. @ A. Gioda, IRD.

 

 

 

 

Capraia : atelier petites îles, énergies, faune et pollution lumineuse

L’atelier technique des 22 et 23 mai 2019 de Capraia – une petite île de l’archipel toscan, plus proche de la Corse que du port italien de Livourne – organisé par le Conservatoire du Littoral dans le cadre du projet ISOS (ISOle Sostenibili) du programme européen Interreg (Interrégional), a essayé de répondre aux interrogations générées par le développement des énergies face à la pollution lumineuse. Cela dans les milieux fragiles que sont ceux insulaires et côtiers franco-italiens. Les petites îles (définies comme ayant une superficie  inférieure à 150 km2) sont des laboratoires naturels : les enseignements récoltés là-bas pourront être utiles pour le continent européen. Les actes complets de l’atelier technique de Capraia sont en ligne sur un hébergeur temporaire. Si vous ne les lisiez plus grâce au lien précédent, il vous suffirait de me les demander à cette adresse personnelle : <gioda_ird(at)yahoo.com>.

Du village de Capraia, vue de  la baie du port qui est le seul lieu sûr pour accoster sur cette terre de 19 km2. Ile de Capraia, archipel toscan dont l’île d’Elbe, Italie. @ A. Gioda, IRD.

Continuer la lecture

El Hierro : série policière TV, beauté des paysages et transition énergétique

C’est ici un bon exemple de comment casser les stéréotypes ou bien de comment briser le moule ou encore de Breaking the waves (pour reprendre le titre d’un film dérangeant)  en ce temps où les jeunes soit les lycéens et étudiants nous ont rejoints pour acter la transition énergétique y compris au plan juridique.
El Hierro est une île très isolée, la dernière de l’Espagne face aux lointains Etats-Unis qui sont au bout des ondes de l’océan Atlantique. Le fait qu’elle soit préservée dans son intégralité – par son statut de Réserve de Biosphère qui s’étend aussi à une partie de la mer des Calmes, la zone au sud de l’île – donne ainsi un très beau cadre à la série TV policière avec son empreinte humaine limitée à 10 000 habitants et ses presque 1 000 bouches volcaniques, sans oublier ses éoliennes et barrages hydrauliques. Arte a cofinancé une série policière TV espagnole qui est diffusée en France en ce moment. Voici les trailers des 8 épisodes et la série passe du 19 septembre jusqu’au 3 octobre : épisode 1 ; épisode 2 ; épisode 3 ; épisode 4 ; épisode 5 ; épisode 6 ; épisode 7 ; épisode 8.
Bonne vision ! D’autant plus que,  l’intégrale de la série est visible sur Arte TV jusqu’au 16 octobre. Enfin, le tournage d’une saison 2 est acquis.
Toujours grâce à Arte TV et afin de revenir les pieds sur terre après une fiction, El Hierro est une île traditionnelle, tout en étant ancrée dans le futur avec sa transition énergétique réussie.

Continuer la lecture

Ikaria : la STEP ou la centrale hydro-éolienne d’El Hierro fait école

Ikaria, une petite île grecque de mer Egée orientale qui est connue encore sous le nom d’Icarie, possède  la seconde centrale STEP (Station de Transfert d’Energie par Pompage-turbinage) hydro-éolienne en Europe. En place et en fonction depuis juin 2014, le modèle hydro-éolien d’El Hierro a fait école ou bien il a essaimé dans le domaine des EnR (les énergies renouvelables). L’essaimage pour les entreprises et les réalisations techniques est une phase nécessaire pour leur validation. Appelée Naeras, la seconde STEP hydro-éolienne européenne a été inaugurée en juin 2019 par la PPC (Greek Public Power Corporation S.A.).  La vidéo suivante fera la part belle au choc des images tandis que les mots ne sont pas légion.

Continuer la lecture

El Hierro : 97 % d’EnR en juillet 2019 et 100 % d’EnR du 13 juillet au 7 août

L’article sera bref car l’important ce sont les faits et, cet été, Gorona del Viento, la centrale hydro-éolienne de l’île d’El Hierro aux Canaries, tourne très rond avec 97 % d’EnR (Energies Renouvelables) lors de l’ensemble du mois de juillet 2019, comme en 2018. S’y est ajoutés plus de 24 jours consécutifs de fonctionnement avec seulement des EnR. Cette période 100 % EnR sans interruption à l’échelle insulaire (avec une population qui, en été, dépasse les 10 000 habitants) a duré du 13 juillet 2019  jusqu’au 7 août et précisément pendant 24 jours, 20 heures et 21 minutes soit pendant 596 heures et 21 minutes. Le record précédent, daté de l’été de l’année 2018, était d’un peu plus de 18 jours consécutifs avec 100 % EnR pour l’île d’El Hierro dans sa globalité (du 15 juillet au 2 août pendant 18 jours, 9 heures et 3 minutes).

Rejet des eaux turbinées par la centrale hydraulique dans le réservoir inférieur de Gorona del Viento avant qu’elles ne soient pompées à nouveau afin de remonter à plus de 700 m d’altitude dans le réservoir supérieur, lors d’un excédent d’énergie éolienne. Ce circuit fermé d’eau fonctionne comme une pile ou une batterie hydro-électrique. C’est une STEP (Station de Transfert d’Energie par Pompage-turbinage) qui peut pallier aux pannes de vent pendant deux jours. El Hierro, Canaries. © A. Gioda, IRD.

Continuer la lecture

Vérargues : 46 °C à l’ombre, canicule, architecture frugale et Viavino

Afin d’aller au-delà d’un article de la journaliste Nathalie Mayer sur Futura au sujet des canicules records de 2019 auquel j’avais eu la chance de collaborer, j’approfondis des thèmes laissés en marge, sur ce portail scientifique généraliste, le 31 juillet dernier. L’article au sujet des chaleurs records en France et en Europe de 2019 avait bénéficié aussi de l’apport de Christelle Robert, ingénieur prévisionniste à Météo France.
Selon Wikipedia, « le 28 juin, le record national de température, tous mois confondus, est battu par Vérargues (Hérault) où le thermomètre a atteint 46 °C sous abri (à l’ombre dans un milieu ventilé), dépassant le record de 44,1 °C de Conqueyrac [commune du Gard mais proche de l’Hérault] en août 2003. C’est la première fois en France métropolitaine qu’une température atteint et dépasse les 45 °C ». J’ajouterais que cela s’est vérifié à plusieurs stations météorologiques, proches les unes des autres, ce qui écarte tout risque d’erreur de mesure.

Le village de Vérargues d’Entre-Vignes (Hérault) au milieu de son vignoble. Cette localité a enregistré un pic de chaleur record de 46 °C le 28 juin 2019. La photographie, mise en avant dans cet article, montre des grappes de raisin sur pied de son terroir calcinées le 28 juin 2019 en fin d’après-midi. © A. Gioda, IRD.

Continuer la lecture

Meuse : Vent des Forêts, Matali Crasset, guerre et création villageoise

Vent des Forêts est une association, accueillant un centre d’art à ciel ouvert, située au cœur du département de la Meuse. En région Grand Est de la France, six villages agricoles et forestiers, autour de Fresnes-au-Mont, invitent depuis 1997 des artistes contemporains à développer un travail de création en prise directe avec le territoire. Plus précisément, ce sont 5 000 hectares de forêt à proximité des villages de Dompcevrin, Fresnes-au-Mont, Lahaymeix, Nicey-sur-Aire, Pierrefitte-sur-Aire et Ville-devant-Belrain. Comment ai-je entendu parler de ces activités villageoises artistiques ? Grâce à une invitation de Gwendal Sousset qui collabore avec BDI, l’agence du développement économique de la Région Bretagne, et qui m’avait convié au festival 360 possibles des 12 au 14 juin au parc du Thabor de Rennes. Parmi les exposants, il y avait Matali Crasset, l’une des designers les plus cotées en France, qui a débuté dans l’équipe de Denis Santachiara à Milan et celle de Philippe Starck à Paris.

Continuer la lecture

La Réunion et Monténégro : un arbre fontaine et un autre artésien

C’est l’été et donc je passerai quelques vidéos rafraîchissantes et une provocante liées à des arbres fontaines et à une artiste les ayant mis en scène. Au-delà de l’exemple que j’illustre souvent dans ce blog de l’arbre fontaine d’El Hierro aux Canaries, il y a bien d’autres au Pérou, au Chili, au Maroc, sur l’archipel du Cap-Vert, à Djibouti, dans le Dofar du sultanat d’Oman, sur l’île de La Réunion… Sur cette dernière terre, département d’outre-mer dans l’Océan Indien, je vous invite à voir le bois de couleur des Hauts qui est un milieu propice localement aux arbres fontaines. Le bois de couleur est une forêt de montagne tropicale typique des Hauts, une zone à forte nébulosité, de l’île de La Réunion.

Tamarin des Hauts (Acacia heterophylla) du bois de couleur dans le brouillard. Nez de Bœuf, La Réunion. © J.-F. Bègue pour le Parc National de La Réunion.

Continuer la lecture

El Hierro : le nouvel arbre fontaine et Leoncio Oramas Díaz-Llanos (1947-1948)

Par le menu, je conterai l’histoire de la plantation du nouveau Garoé ou Arbre saint ou bien arbre fontaine de l’île d’El Hierro aux Canaries entre 1947-1948. Surtout d’ailleurs, je vais essayer de montrer ce  qu’il y a derrière la restauration, au sens politique, d’un arbre symbole voire un arbre-totem. Le Garoé avait disparu au début du XVIIe siècle mais avait laissé de nombreuses traces dans les récits d’histoire y compris celle naturelle. Dans un contexte de sécheresse, cet arbre sacré recueillait, à son pied, l’eau du brouillard précipitée auparavant, sous forme de gouttelettes, sur ses feuilles. Au début des années 1940 le texte de Leonardo Torriani, édité par Dominik Wölfel (en allemand) à Leipzig, n’était connu dans l’archipel que des quelques personnes férues d’histoire, d’archéologie et de traditions. La référence bibliographique complète est la suivante :

Torriani, Leonardo, Wölfel, Dominik Josef (Hrsg.) Die kanarischen Inseln und ihre Urbewohner eine unbekannte Bilderhandschrift vom Jahre 1590; Quellen und Forschungen zur Geschichte der Geographie und Völkerkunde, Band 6, Leipzig, 1940.

Il s’agissait d’une édition bilingue italien-allemand et, bien sûr vu la dureté des temps en 1940, partielle et non illustrée. Toutefois, grâce à Dominik Wölfel le gisement des riches archives de Torriani était bien identifié à Coimbra, la capitale historique du Portugal où l’architecte italien résida jusqu’à son décès en 1628, après être passé du  service du roi d’Espagne à celui du Portugal (faisant un chemin inverse, quant à ses commanditaires, de celui de Christophe Colomb !).

Carte des Canaries de l’an 1590 par Leonardo Torriani. L’île d’El Hierro est la pince gauche du crustacé et celle de Tenerife, plus grande, en est la tête. Source : Biblioteca General da Universidade de Coimbra, catalogue number Ms. 314, folio 8r.). https://proyectotarha.org/en_GB/2016/05/13/esenciales-iv-descripcion-e-historia-del-reino-de-las-islas-canarias/

Continuer la lecture

El Hierro : représentations de l’arbre fontaine, de las Casas (XVIe s.) à Wölfel (1940)

Je mets à jour l’histoire de l’arbre fontaine de l’île d’El Hierro aux Canaries qui est tout sauf un mythe. Cet arbre sacré recueillait, à son pied, l’eau du brouillard précipitée auparavant, sous forme de gouttelettes, sur ses feuilles. Il est aussi connu sous les noms de Garoé et d’Arbre saint.

Les armoiries ou les armes d’El Hierro avec, au centre, le nuage de brouillard qui nimbe l’arbre saint des espagnols ou encore l’ancien Garoé des aborigènes guanches. Au pied de l’arbre, est l’eau recueillie.

Mettre à jour est ici plus une formule littéraire parce que, en recherche archivistique, il se parle en année voire en décennie. La connaissance d’un végétal remarquable disparu, car arraché par le vent au début du XVIIe siècle, est plutôt de l’ordre de la reconstruction faite brique après brique mais sachant que celles-ci sont irrégulières et qu’il y aura toujours des trous ou des lacunes. Continuer la lecture