Afin que mes mots résonnent plus fort, j’ai mis en avant, un tableau quasi-abstrait d’une artiste contemporaine. Samantha Kelly Smith essaie, par ses « paysages », de mettre en scène le changement climatique actuel, conséquence des activités humaines, depuis la révolution industrielle. Elle a collaboré aussi avec des musiciens à l’instar en 2019 de ceux de Sunn O))) qui eux-même ont travaillé avec la violoncelliste et compositrice Hildur Guðnadóttir, primée par l’Académie des Oscars (BO du film The Joker) et des Golden Globes en 2020 (mini-série HBO Chernobyl).
De l’île d’El Hierro, je ne vous ai pas parlé pendant des mois, depuis février 2020, dans ce blog ; la grande presse s’en est chargée presque quotidiennement. Pourquoi ? Parce que, avec deux autres îles des Canaries Graciosa et La Gomera, El Hierro a pratiquement échappé à la pandémie de Covid-19 ou coronavirus. Par conséquent, El Hierro a été toujours dans le wagon de tête du déconfinement en Espagne qui a connu 4 phases. Ces trois îles partagent bien des caractéristiques : elles sont toutes petites, peu peuplées et plus isolées encore soit géographiquement soit du fait des connexions très moyennes avec les grandes îles de l’archipel espagnol que sont Tenerife et Grande Canarie.
De l’autre côté de l’arc politique espagnol, il faut citer la regrettée Mme Loyola de Palacio, disparue en 2006, ancienne ministre de l’Agriculture et de la Pêche puis vice-présidente de la Commission Européenne. Son nom a été donnée à une chaire européenne de recherches dédiée à la politique énergétique du fait de son investissement en faveur des EnR (les énergies renouvelables).
Le premier bâtiment de l’observatoire météorologique d’Izaña en 1920 avec ses instruments de mesures. Il est localisé à environ 2 400 m sur un point haut proche du sommet du volcan Teide (3 718 m) qui domine l’île de Tenerife aux Canaries, Espagne. Cliché : sans copyright sur le site Europa Press.
Dès l’origine soit 1958 sous la supervision de Charles Keeling – ce scientifique ayant inventé auparavant un instrument pour mesurer le CO2 dans l’atmosphère -, les données observées au MLO montrent, dans leur première publication en 1961, une très forte hausse du dioxyde de carbone, exprimé en ppm (partie pour million), qui n’a jamais cessé depuis.
Mais comment mesurer le CO2 dans l’atmosphère ? Une vidéo officielle du Scripps vous le montre (en anglais) avec Ralph, le fils de Charles Keeling ! Rappelons que ce dernier, décédé en 2005, fut l’inventeur en 1958 de cette technique de mesure sur le terrain, à l’endroit précis où a été tournée la vidéo soit sur le mont Mauna Loa de l’île d’Hawaï.
Cette hausse du CO2 débouchant sur celle des températures avait déjà été démontrée en laboratoire dès 1896, par le Prix Nobel de chimie Svante Arrhenius, puis largement divulguée, à partir de 1906, toujours par ce dernier.
Le chimiste Svante Arrhenius (1859-1927) travaillant au laboratoire en Suède. Reconnu tout d’abord par la découverte de la Loi qui porte son nom en 1889, sa contribution à celle de l’effet de serre du CO2, dans le réchauffement atmosphérique en cours, en fait un des scientifiques des plus actuels. Ses travaux sur la modélisation de la diversité biologique assirent encore sa stature de niveau mondial.
Une parenthèse amusante et qui montre que la science ne suit pas le chemin tracé par les scientifiques même les meilleurs. Dans ce texte de 1906, en effet, Arrhenius prédit que, grâce à la hausse des émissions humaines de CO2 constatée depuis la révolution industrielle, celle des températuresdevrait être suffisante pour prémunir le monde d’une nouvelle ère glaciaire. Il y estime qu’une planète plus chaude est nécessaire afin de nourrir la population humaine en forte et rapide augmentation et donc que le réchauffement climatique est un changement positif. Toutefois mais il faut bien tenir en tête que le savant Prix Nobel 1903 était suédois !
Là aussi on retrouve un aspect amusant comme chez Arrhenius. César Manrique voulait passer, par son travail acharné, à la postérité en tant que peintre voire sculpteur. Toutefois déjà de son vivant, d’aucuns le comparaient à Calder et c’est d’abord comme architecte de la nature qu’il est célébré. César Manrique a su sortir de son atelier de peinture et comment donc !
Le dauphin de Chine qui habitait les eaux du grand fleuve chinois Yangtsé, depuis 20 millions d’années, est officiellement considéré comme éteint depuis 2006. Cette année-là une expédition scientifique internationale de 39 jours sur le fleuve n’avait permis de retrouver aucun spécimen de l’espèce. Copyright inconnu.
Afin de connaitre le principal gaz à effet de serre et son actualité, le cadre mondial est caractérisé en 2016 par plus de 400 ppm (parties par million) – exactement 403 ppm – de CO2 (dioxyde de carbone) soit la valeur maximale enregistrée dans l’atmosphère depuis les dernières 800 000 années. Ce pic est lié à l’explosion de la pollution industrielle, l’extension des cultures et le boom démographique initiés – pour des raisons de convenance – en 1880, l’année qui correspond à celle du début des observations météorologiques coordonnées à l’échelle terrestre. En 2016, s’y est greffé aussi un épisode El Niño exceptionnel. 800 000 années (mais en fait l’Organisation Météorologique Mondiale pense, avec beaucoup de probabilités, qu’il faille remonter à 3 ou 5 millions d’années pour retrouver un tel cadre) est une haute époque dans laquelle l’homme ne pouvait aucunement intervenir dans le processus d’émissions de fortes valeurs de CO2. Les activités humaines sur toute la planète en produisaient 25 gigatonnes (25 milliards de tonnes) en 2000 contre 1,5 en 1950. En 2016, nous en avons collectivement émis 36,3 gigatonnes soit une croissance de 2 300 % du CO2 en 65 ans ! Chaque fois que 1 tonne de fuel lourd brûle plus de 3,1 tonnes d’équivalent CO2 sont émis dans l’atmosphère. L’équivalent CO2 désigne le potentiel de réchauffement global d’un gaz à effet de serre. Continuer la lecture →
Rose de mai à Montpellier en fleur début janvier 2016. Cliché : A. Gioda, IRD.
Quelques mots et surtout des photographies pour marquer d’une pierre milliaire ce mois de janvier 2016 qui a vu la floraison de nombreuses plantes hors saison car il est marqué par une grand douceur voire même une chaleur sensible.
Plus scientifiquement, vous trouvez une analyse de cette floraison extrêmement précoce – voire exceptionnelle- par Isabelle Chuine qui est ma voisine du CNRS de Montpellier où elle est la responsable de l’Observatoire des saisons . J’avais connu Isabelle Chuine en 2004 ou 2005, après de la sortie dans la revue de référence “Nature” de l’article collectif sur la modification des dates de la véraison du raisin dans l’Histoire(en anglais). Selon Wikipedia, “ la véraison est le moment de l’année où le grain de raisin gonfle et passe du vert, au rouge vif pour les raisins noirs, ou au jaune translucide pour les raisins blancs, et au rosé pour les raisins gris “. Ce phénomène est un bon indicateur du changement climatique dans l’Histoire. De même, la date des vendanges est surveillée de près par les viticulteurs de tous les temps, le rappelait Emmanuel Le Roy Ladurie un peu avant la COP21.
Au total, rien de surprenant que ce mois de janvier 2016 car il s’inscrit dans le droit fil de décembre 2015 y compris au niveau planétaire, avec une moyenne des températures au plus haut. Ce mois de décembre s’insérait lui-même dans une année 2015 record : “ la moyenne annuelle de 2015 se situe à 0,87°C au-dessus de la période de référence, soit à près d’1°C au-dessus de la période pré-industrielle ” selon Sylvestre Huet dans son blog Sciences2.
Iris en fleur à Montpellier, au début de janvier 2016. Cliché : A. Gioda, IRD.
Marguerites à Montpellier, au début de janvier 2016. Cliché : A. Gioda, IRD.
Arbousier en fleur au château de Restinclières (Hérault), à la mi-janvier 2016. Cliché : A. Gioda, IRD.
Comme vous savez que ce blog tourne aussi autour des Canaries et des îles, il faut souligner, quant à la chaleur, l’importance du phénomène planétaire El Niño en 2015-2016 et nous retrouvons des températures records à Tenerife et sur El Hierro en ce mois de janvier notamment aux aéroports. Ces derniers sont des localités qui sont traditionnellement fort bien suivies pour des questions de sécurité aérienne.
Amandier en fleur à la cathédrale de Maguelone (Hérault), à la fin de janvier 2016. Cliché : A. Gioda, IRD.
En ce jour d’Epiphanie, je vous souhaite beaucoup de cadeaux, de rêves et une Grande Année 2016.
Toutefois, il m’a été difficile de vous adresser une carte postale enneigée même après avoir passé le Col de Larche (Alpes de Haute-Provence), à près de 2 000 m d’altitude, le 20 décembre. Aussi ai-je pensé aux glacières. Ces dernières évoquent souvent, par leur image et leur fonction, le Petit Age Glaciaire (PAG) en Europe et en Amérique du Sud et elles forment un beau contraste avec le climat de notre nouvelle ère, l’Anthropocène. Ici, ce sont les glacières remontant au XVIIème siècle de Cazzago Brabbia sur le Lac de Varèse, l’un des lacs de l’Insubria(en italien), la région historique lacustre du Nord de la Lombardie (mordant aussi sur le territoire du Piémont actuel et englobant le Tessin suisse). L’Insubria (dont le nom vient du peuple celte les Insubres dominant la Gaule Cisalpine) est fameuse pour le Lac Majeur et le Lac de Côme, deux des cadres du tourisme de luxe en Italie. Continuer la lecture →
« Les climats, les saisons, les sons, les couleurs, l'obscurité, la lumière , les éléments, les aliments, le bruit, le silence, le mouvement, le repos, tout agit sur notre machine, et sur notre âme . » Jean-Jacques Rousseau, Les confessions.