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Voyage à Yellowstone

De temps en temps (une ou deux fois par an), j’accompagne, à titre de conseiller scientifique et pédagogique, un groupe de passionnés vers une région volcanique. La dernière fois, c’était en octobre 2013 à l’île de Pâques. La prochaine fois ce sera dans l’Ouest américain.

Avec « 80 jours voyages », nous programmons un voyage exceptionnel à Yellowstone dans le Wyoming, du 15 au 25 juillet 2014. Yellowstone est un « supervolcan » qui a fait dans le passé au moins 3 « super-éruptions » c’est-à-dire une éruption 1000 fois plus forte qu’une éruption « normale »… pourtant déjà fort impressionnante. Ces éruptions remontent à 2,1 millions d’années, 1,3 millions d’années et 630 000 ans, et ont produit, respectivement, 2 500 km3, 280 km3 et 1 000 km3 de ponces et de cendres (la formidable éruption du Pinatubo aux Philippines en 1991 n’a produit « que » 10 km3 !)

La vidange de la chambre magmatique profonde a provoqué un effondrement de l’ensemble qui forme maintenant une caldeira, un gigantesque cratère à fond plat, de plus de 70 x 50 km pour quelques centaines de mètres de profondeur.

Dans cette caldeira, gargouillent 300 geysers et 10 000 sources chaudes, que nous découvrirons.

Le geyser le plus célèbre car le plus régulier est le « Old Faithful », le « Vieux Fidèle », qui jaillit régulièrement toutes les heures ou heures et demi. Les autres geysers, plus cabotins, jaillissent toutes les minutes (Minute geyser) ou, plus paresseux, s’arrêtent plusieurs heures.

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Le geyser « Old Faithful », le « Vieux Fidèle » (© J.M. Bardintzeff).

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Découverte de Chypre

L’Institut français de Chypre m’a invité du 25 au 29 janvier 2014 pour prononcer deux conférences :

– La première, scientifique, à l’Université de Chypre, le 27 janvier : “Volcanoes : explosive eruptions, climatic effects, hot spots and plumes”.

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– La seconde, grand public, dans le cadre d’une exposition sur les volcans à la Banque Hellénique, le 28 janvier : “Volcanoes and Men”.

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C’est un rêve pour tous géologues d’aller un jour à Chypre !

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Sources thermominérales à Dallol, Éthiopie

Extrait de mon livre « Volcanologue. De la passion à la vocation » par Jacques-Marie Bardintzeff, Éditions Vuibert, 2009 :

… Puis je pars en Éthiopie, avec Nicolas Hulot et l’équipe d’« Ushuaïa Nature » : il s’agit de notre troisième collaboration. Le triangle des Afars apparaît comme une région clé pour la compréhension de la tectonique des plaques car trois structures géologiques majeures s’y rejoignent : la mer Rouge, la dorsale de Carlsberg de l’océan Indien et le fossé du rift est-africain. Notre camp de base est dressé dans un désert de sel, à moins 160 mètres sous le niveau de la mer.

Le thème « volcanologie » se déroule en deux temps. Il s’agit d’abord d’échantillonner les sources thermales de Dallol, qui battent tous les records physico-chimiques : je mesure même des pH « négatifs » de -0,20, à cause des effets conjugués de l’acidité extrême, de la température de 72 degrés et des énormes concentrations en sels dissous. Ceux-ci sont responsables des couleurs du site, extraordinaires à couper le souffle : des verts aux jaunes, des ocres aux rouges. Nicolas se demande d’ailleurs si la nature « n’en fait parfois pas un peu trop ». Puis nous partons pour la caldeira elliptique – de 1 600 m de grand axe et 700 m de petit axe – de l’Erta Ale.

Crises sismiques à El Hierro dans l’archipel des Canaries

L’archipel des Canaries (Extrait de « L’ABCdaire des Volcans ». J.M. Bardintzeff, Flammarion, Paris, 2001, 120 p.)

L’archipel des Canaries fait partie de l’Espagne mais se situe dans l’océan Atlantique au large de l’Afrique, à la latitude du sud marocain. Il s’étale sur 500 km et comprend sept îles principales, d’Ouest en Est, El Hierro, La Palma, La Gomera, Tenerife, Gran Canaria, Fuerteventura, Lanzarote, toutes d’origine volcanique.

Le volcan Teide point culminant (3718 m) se situe dans l’île de Tenerife. La neige saupoudre parfois son sommet, d’où son nom signifiant « montagne enneigée ». Il y a 150 000 ans, une phase explosive majeure a été suivie de l’effondrement d’une vaste caldeira de 15 km de diamètre « Las Canadas », dans laquelle se dresse le cône actuel.

À Lanzarote, 300 petits cônes forment « Las Montagnas del fuego » dans le parc national de Timanfaya. Entre 1730 et 1736 puis en 1824, des éruptions laviques importantes ont stérilisé l’île. La chaleur du sous-sol est encore telle, que la paille s’y enflamme spontanément. Dans un petit restaurant, la viande est cuite à la chaleur volcanique ! Dans la partie plus ancienne de l’île, de nombreux tunnels naturels, de plusieurs kilomètres de longs (« Cuevas de Los Verdes », « Jameos del Agua ») résultent de l’écoulement souterrain de la lave, qui a ensuite abandonné son conduit.

Dans l’île de La Palma, des éruptions se sont succédé au cours des derniers siècles : le volcan San Antonio en 1677-1678, le San Nicolas en 1949, puis le Teneguia en 1971, éruption aérienne la plus récente de l’archipel.

Ces îles isolées renferment des espèces « endémiques » spécifiques, sortes de « fossiles vivants ». Le dragonnier, arbre étonnant, peut vivre plusieurs millénaires. Munidopsis polymorpha, un petit crustacé des eaux souterraines de Lanzarote, est devenu albinos en vivant continuellement dans l’obscurité !

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L’Archipel des Canaries vu de l’espace (© NASA).

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Le Teide culmine à 3718 mètres dans l’île de Tenerife dans l’archipel des Canaries. À Roque de Garcia, ces étranges rochers sont des dykes, anciens filons d’alimentation en lave du volcan (© J.M. Bardintzeff).

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J.M. Bardintzeff observe des dépôts volcaniques au bord de la caldeira de Taburiente, dans l’île de La Palma, aux Canaries (© J.M. Bardintzeff).

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La chaîne volcanique de Timanfaya, dans l’île de Lanzarote, découvre un superbe cône à Masdache, près de La Geria (© J.M. Bardintzeff).

Activité sismique et volcanique à El Hierro

L’île d’El Hierro, la plus occidentale des Canaries, est le siège d’une activité tellurique depuis plus de deux ans.

Celle-ci commence le 19 juillet 2011 puis s’accroît. Ainsi, 454 séismes sont enregistrés pour la seule journée du 21 août 2011. Mais la majeure partie des secousses restent de faible magnitude (1 à 2) et localisées entre 9 et 12 km de profondeur. 9428 événements sismiques sont déjà enregistrés le 5 octobre à 7h30.

Une éruption sous-marine débute le 10 octobre 2011 à 5h15 du matin, au sud-ouest de l’île (à 7 km au large de la côte de La Restinga, à environ 1000 m de profondeur). Puis d’autres zones éruptives apparaissent, plus près de la côte et donc moins profondes.

Le 15 octobre, il s’agit d’une fissure située à 2,4 km de la côte et à une profondeur de seulement 150 m ! Des taches, des bulles (un « jacuzzi » !) et même des pierres fumantes sont visibles à la surface de la mer. Les plus forts séismes dépassent la magnitude 4 (4.4), provoquant des éboulements sur l’île.

L’éruption se poursuit jusque vers la mi-mars 2012. Le cône volcanique sous-marin n’est plus qu’à 86 m de profondeur !

Depuis, des crises sismiques de quelques jours chacune se succèdent tous les quelques mois (juin 2012, août 2012, septembre 2012, janvier 2013, mars 2013).

La dernière crise sismique est toute récente puisque le 23 décembre 2013, 102 séismes d’une magnitude supérieure à 1.5 sont enregistrés, le plus fort atteignant 3.1. Le 27 décembre, un séisme de 5.1 (intensité V) se produit à 15 km à l’ouest de l’île. Puis cela semble se calmer puisque l’on note seulement 1 séisme par jour du 1 au 3 janvier 2014.

À suivre !

Source IGN, Site web www.ign.es/ign/resources/volcanologia/HIERRO.html

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L’île de El Hierro (partie sud) vue de l’espace le 2 novembre 2011 lors de l’éruption sous-marine : une tache est visible dans la mer (© NASA).

Le grand livre des volcans du monde, séismes et tsunamis

Le grand livre des volcans du monde, séismes et tsunamis

par Jacques-Marie Bardintzeff, Éditions Orphie (2010)

Ce livre, tout en couleurs, s’adresse aux jeunes et au grand public. J’y raconte les « colères » de la Terre et j’explique comment les volcanologues et les sismologues essayent de faire face à ces événements qui peuvent devenir catastrophiques.

Quelques extraits :

Chapitre 1. Un soupirail de l’enfer

Les légendes de la Préhistoire et de l’Antiquité

Il y a un million d’années environ, nos ancêtres de la Préhistoire, redoutaient les manifestations de la nature (orage, cyclone, ouragan). Ceux qui vivaient à proximité des volcans devaient être complètement affolés lorsque ceux-ci entraient en éruption : de la lave brûlante sortait du cratère et mettait le feu aux forêts, des bombes incandescentes retombaient tout alentour et des cendres recouvraient le paysage.

Puis, dans l’Antiquité, les hommes ont essayé de représenter les volcans et de comprendre ces phénomènes étranges. On a retrouvé en Turquie, à çatal Höyük, une superbe fresque, vieille de 8600 ans, qui représente une éruption volcanique et une ville menacée. On raconte d’ailleurs que l’Arche de Noé s’est échouée, après le Déluge, en Turquie, sur le mont Ararat, un volcan en sommeil qui culmine à 5165 m : Noé, sa famille et un couple de chaque espèce animale ont ainsi été sauvés.

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Un soupirail de l’enfer ? Il s’agit en fait d’une ouverture (« skylight ») sur une coulée qui s’épanche en tunnel à Hawaii (© J.M. Bardintzeff).

Chapitre 23. Qu’est-ce qu’un séisme ?

Un tremblement de terre

Avez-vous déjà ressenti un tremblement de terre, même léger ? Le sol bouge, les maisons vibrent, on entend même parfois une sorte de grondement. Bien souvent, le phénomène dure moins d’une minute mais c’est néanmoins terriblement impressionnant. Si cela se produit la nuit, on se réveille avec la sensation que quelqu’un secoue son lit. Un tel phénomène se produit parfois en France.

Un tremblement de terre est aussi appelé séisme, ce qui signifie « secouer » en grec. Il est donc inutile de parler de « secousse sismique » car on répète deux fois la même chose mais on peut par contre employer l’expression « secousse tellurique ».

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Un immeuble parasismique

À Grenoble, cet immeuble, construit en 1963, a une curieuse forme en « S » d’où son surnom de « serpent de pierre ». Ceci devrait lui permettre de résister davantage à un éventuel séisme (© J.M. Bardintzeff).

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Prévenir la population

Route d’évacuation d’urgence en cas de séisme dans la région d’Hakone au Japon. On retrouve sur la pancarte la référence au poisson (ici un poisson chat) qui dort, selon la légende, sous le continent asiatique (© J.M. Bardintzeff).

Chapitre 27. Les tsunamis

Des vagues gigantesques

Les tsunamis (terme japonais signifiant « vague dans le port ») sont des vagues qui se propagent dans l’océan puis déferlent sur les côtes en devenant gigantesques, avec un pouvoir destructeur énorme. Elles ont pour origine un phénomène tellurique : un séisme, une éruption volcanique, un glissement de terrain qui se produit sur la côte, au large ou sur une île. Le relief des fonds marins se trouve brusquement modifié par des effondrements et une importante masse d’eau est mise en mouvement.

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Tsunami en Papouasie – Nouvelle-Guinée

Lors de l’éruption conjuguée du Tavurvur et du Vulcan à Rabaul en Papouasie – Nouvelle-Guinée, en 1994, ce bateau s’est retrouvé échoué sur la côte par un tsunami. On voit le Vulcan en arrière-plan (© J.M. Bardintzeff).

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Risque de tsunami

Sur les plages du Japon (ici Yawatano sur la péninsule d’Izu), des panneaux indicateurs préviennent des dangers de tsunamis, qu’ils soient d’origine sismique ou volcanique (© J.M. Bardintzeff).

4e page de couverture :

Volcans, séismes, tsunamis ont, depuis les origines, suscité la curiosité mais aussi la crainte des hommes. La peur qu’ils inspirent, leurs manifestations aussi soudaines que dévastatrices, la beauté des laves en fusion leur confèrent un mystère qui aiguise les passions. Comment naissent, vivent et meurent les volcans ? Où sont-ils situés et à quoi ressemblent-ils ? Comment prévenir leurs colères et mettre à profit leurs richesses ? Peut-on limiter les conséquences terribles des séismes et des tsunamis et quels moyens de protection doit-on mettre en œuvre pour s’en prémunir ? Quelles sont, en France (métropole et Outre-mer) et ailleurs, les régions à risques ? Autant d’énigmes que ce voyage à travers les différentes régions du monde et jusqu’au centre de la Terre, tente d’élucider.

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Illustration Page 4 de couverture

L’auteur, Jacques-Marie Bardintzeff, au Kelimutu en Indonésie (© J.M. Bardintzeff).

www.editions-orphie.com/shop/documentaire/342-volcans-du-monde-sismes-et-tsunamis-9782877635516.html

Etna : 2013, année éruptive !

L’Etna a connu une année 2013 particulièrement éruptive.

L’Etna, situé en Sicile, est le plus grand et le plus haut volcan d’Europe. Il mesure près de 50 km de long du nord au sud, près de 40 km de large d’est en ouest et plus de 3300 m de haut mais son altitude peut varier d’une éruption à l’autre. Son sommet est recouvert de neige une bonne partie de l’année.

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L’Etna (son sommet visible est la Montagnola) couvert de neige (© J.M. Bardintzeff).

Les Latins en avaient fait le domaine du dieu Vulcain, qui, selon la mythologie, travaillait dans des forges souterraines. Empédocle, philosophe grec du Ve siècle av. J.-C., vivant à Agrigente en Sicile, se passionna pour son observation et une tentative de compréhension. Selon la légende, il tomba (ou se précipita?) dans un des cratères de l’Etna, qui ne rejeta qu’une de ses sandales.

L’Etna est un énorme édifice, avec plusieurs cratères sommitaux principaux (5 actuellement : la Voragine, la Bocca Nuova, le cratère nord-est, le cratère sud-est et le nouveau cratère sud-est) et des flancs constellés de 250 petits cônes, tels les Monti Rossi (apparus en 1669) et les Monti Silvestri (1892). Son flanc est s’est effondré et a formé l’immense Val del Bove (la vallée du Bœuf), en forme d’amphithéâtre, large de 4 à 5 km et ouvert sur la mer.

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Le cratère nord-est de l’Etna (© J.M. Bardintzeff).

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Les Monti Silvestri résultent de l’éruption de 1892 (© J.M. Bardintzeff).

L’activité de l’Etna a débuté il y a 300 000 ans environ, par un volcanisme sous-marin, comme en témoignent les laves en coussins (« pillow lavas ») visibles sur la côte près d’Aci Castello. Une de ses éruptions dura dix ans, de 1614 à 1624 ! Lors de l’éruption majeure de mars à juillet 1669, une fissure importante de 9 km de long puis d’autres ont vomi des coulées de lave qui ont atteint la ville de Catane et se sont épanchées en mer. L’éruption, qui dura 473 jours du 14 décembre 1991 au 30 mars 1993 et produisit 250 millions de m3 de lave (soit une moyenne de 6 m3 par seconde), fut également longue et importante.

L’activité récente, depuis l’année 2000, est soutenue, avec, en alternance, l’émission de coulées de lave et l’éjection de panaches cendreux ou de fontaines de lave.

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Éruption de novembre 2002 (© J.M. Bardintzeff).

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Éruption de novembre 2002 (© J.M. Bardintzeff).

L’année 2013 a été marquée par de nombreux paroxysmes de l’Etna, le plus souvent à partir du nouveau cratère sud-est. Chaque paroxysme, qui dure plusieurs heures en moyenne, commence classiquement par des explosions stromboliennes (projection de bombes incandescentes) et se terminent par des fontaines de lave hautes de plusieurs centaines de mètres et des petites coulées de lave. Le plus souvent, les paroxysmes sont séparés de quelques jours à une grande semaine.

18 paroxysmes ont eu lieu en 2011 et 7 en 2012.

On a noté 19 paroxysmes en 2013, 13 paroxysmes entre le 19 février et le 27 avril (19, 20, 20, 21, 23 et 28 février, 6, 16 mars, 3, 12, 18, 20, 27 avril) et 6 autres entre le 26 octobre et le 2 décembre (26 octobre, 11, 17, 23, 28 novembre, 2 décembre).

Les deux derniers événements éruptifs des 14-16 décembre et 29-31 décembre, se limitant essentiellement à une belle activité strombolienne et à des coulées de lave, ont donc été plus longs mais moins intenses que les paroxysmes précédents.

L’aéroport de Catane a été fermé à plusieurs reprises en 2013.

Que nous réserve l’Etna pour 2014 ?

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L’Etna en éruption le 3 avril 2013 (© B. Behncke).

 

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Boris Behncke (INGV Catane) et Jacques-Marie Bardintzeff (UCP Cergy-Pontoise et UPS Orsay) sur l’Etna en juillet 2010 (© J.M. Bardintzeff).

Pour suivre l’activité de l’Etna :

www.ct.ingv.it/it/tremore-vulcanico.html (le site de l’INGV, Institut de volcanologie de Catane)

http://webcams.volcanodiscovery.com/ (webcams)

Rencontre avec des écoliers

Rencontre avec des écoliers

Jeudi 19 novembre 2013 j’étais invité par l’École primaire Henri Barbusse B à Garges-lès-Gonesse (95) pour rencontrer 47 élèves des classes de CM1-CM2 sous la responsabilité de leurs professeurs, Mmes Drivet et Gachignard. J’étais déjà venu dans cette École il y a 2 ans et j’ai retrouvé certains élèves alors en CE2 et aujourd’hui en CM2. Mon intervention s’inscrivait dans le cadre d’un projet « La main à la pâte » – ASTEP (Accompagnement en sciences et technologie à l’école primaire) dans le cadre du MUDS (Maison universitaire de Diffusion des savoirs) de l’Université de Cergy-Pontoise.

J’ai fait une présentation sur le thème « Les volcans et l’Homme ».

Dans un premier dialogue avec la classe, nous avons identifié et localisé certains volcans, puis remarquer la variété de leurs manifestations.

J’ai présenté deux éruptions laviques, l’une à Hawaii (le Kilauea), l’autre au Cameroun (le mont Cameroun). Nous avons comparé les deux documents et essayé de proposer quelques paramètres chiffrés. La relation vitesse de la lave / distance parcourue par la coulée a été appréhendée. Des échelles d’épaisseur des coulées ont été envisagées (comparaison par rapport à la taille d’un être humain, d’un arbre, du plafond de la salle de classe, d’une règle graduée longue de 1 mètre). Une hiérarchisation des risques humains ou matériels a été établie.

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Coulée de lave fluide au Kilauea à Hawaii (© J.M. Bardintzeff).

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Coulée de lave visqueuse au mont Cameroun (© J.M. Bardintzeff).

Les élèves devaient à tour de rôle proposer un titre informatif pour différentes photos et en faire une description scientifique précise ce qui n’empêchait pas une certaine poésie (« la marmite du diable » !)

J’ai ensuite montré une manifestation explosive de l’Etna. J’ai profité de la présence d’un tni (= tableau numérique interactif) récemment acquis par l’École pour consulter en direct avec les élèves (sous le contrôle des Professeurs) deux sites web relatifs à l’éruption actuelle de l’Etna :

www.ct.ingv.it/it/tremore-vulcanico.html (Le site de l’Institut de volcanologie de Catane)

Les enregistrements sismiques montraient clairement le triple paroxysme du 14-15-16 décembre 2013 ;

http://webcams.volcanodiscovery.com/

Des images de la webcam montraient un léger panache s’échappant de l’Etna alors que l’image thermique ne montrait quasi aucune anomalie, témoin d’un répit (avant une prochaine reprise ?).

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Éruption explosive sur l’Etna (© J.M. Bardintzeff).

J’ai montré quelques pièces de mon équipement de volcanologue : mon casque léger mais résistant, mon masque à gaz avec une cartouche de rechange, mon marteau de géologue (1,5 kg) garanti à vie. Des photos du travail du volcanologue sur le terrain complétaient cette présentation.

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Lors d’une émission TV « Ushuaïa-Nature », Jacques-Marie Bardintzeff a revêtu un équipement anti-chaleur pour affronter la lave de l’Erta Ale en Éthiopie (© J.M. Bardintzeff).

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Prélèvement d’un échantillon de lave pétrifiée sur l’Etna (© J.M. Bardintzeff).

Les élèves ont été très attentifs, ont participé avec intérêt et dynamisme et ont fait preuve d’un bon esprit critique. J’espère avoir suscité des vocations de scientifiques et – pourquoi pas ? – celle d’un futur volcanologue ?

Vocation volcanologue

Je vous présente mon livre « Volcanologue. De la passion à la vocation » aux Editions Vuibert (2009) avec une préface de Michel Siffre. J’y raconte ma vie de volcanologue, sans détour.

Mon Avant-propos :

Régulièrement, des jeunes, garçons ou filles, m’écrivent des lettres et des e-mails touchants, déjà passionnés, car ils rêvent de devenir plus tard volcanologues. Ils m’avouent cependant ne connaître que le côté médiatique, spectaculaire et fascinant d’une profession qui semble riche en voyages et en aventures. Ils veulent en savoir plus : en quoi consiste donc exactement ce métier ?

C’est pour eux que j’ai décidé d’écrire ce livre. J’y raconte comment j’ai été moi aussi enfant puis adolescent, avec mes passions de jeunesse et, surtout, ma vocation précoce de volcanologue. J’y retrace mes études, longues et ardues, qui m’ont permis d’exercer plus tard le métier original que j’ai choisi. J’y dépeins mes joies, sans masquer pour autant les difficultés. À ces jeunes, je propose de m’accompagner pour un tour du monde magmatique, de cônes fumants en cratères béants.

Je leur souhaite à tous de réaliser leurs rêves et de vivre leur vocation. Puisse ce livre les y aider.

Feuilleter le livre -> www.calameo.com/read/0000158562c0450259be3

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Quelques extraits

Mon grand-père… organisait le dimanche des promenades pour nous faire découvrir notre région. Rapidement, ces randonnées prirent l’allure de véritables « expéditions ». Le déroulement en était parfaitement orchestré. Un point de rendez-vous était fixé, quelque part à la sortie de Grenoble. Toujours en avance, mon grand-père nous y attendait, béret sur la tête et piolet à la main, pronostiquant déjà un avis météo. Le cortège s’ébranlait. Papy et Mamy, dans leur 2 CV bleue, ouvraient la route. Parfois, mon parrain et ma tante y montaient également pour compléter l’équipée. La 2 CV grise suivait, avec mes parents, ma petite sœur et moi…

Rapidement, je fus promu, lors de ces promenades, au rang d’assistant-récolteur de mon grand-père. Je m’intéressais de plus en plus aux roches, minéraux et fossiles. Lui restait fidèle à ces plantes. Aussi on peut dire que nous nous étions en quelque sorte partagé le monde naturel : à lui le règne végétal, à moi le règne minéral.

 

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En ballade, le 20 juillet 1981, avec mon grand-père, entre Brié-et-Angonnes et Vizille. Je rapporte dans mon sac à dos une dalle de schiste pour son jardin ; lui, a récolté quelques plantes (photo Denis Rey, © J.M. Bardintzeff)

Un matin, le professeur Brousse arrive tout excité. Il tient le dernier rapport mensuel de l’activité volcanique mondiale, édité à Washington par le Global Volcanism Network. Trois volcans en activité au Guatemala y sont décrits, certains ayant déjà fait des nuées ardentes. Pas d’hésitation, il faut y aller ! Sur l’atlas du monde, on découvre les contours de ce petit pays, situé dans l’isthme de l’Amérique centrale, au sud du Mexique, qui couvre une superficie égale au cinquième de celle de la France.

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Le Fuego en éruption (© J.M. Bardintzeff).

Le 3 janvier 1989, lorsque dans un hurlement de sirène, le Marion Dufresne quitte le port de Saint-Denis de la Réunion, m’emmenant à son bord vers les Terres australes, je suis bien conscient de vivre l’une des grandes aventures du XXe siècle.

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À Kerguelen, les manchots royaux sont d’une charmante compagnie (© J.M. Bardintzeff).

Je découvre la grande caldeira de Rabaul, large structure volcano-tectonique. Envahie par la mer, elle mesure 12 km de long et 9 km de large, pour une profondeur atteignant 300 m… Le Tavurvur, qui s’est réveillé en février 1995, est toujours très actif (en août 1996). Il libère toutes les deux minutes un panache, tantôt blanc car riche en vapeur d’eau, tantôt noir car contenant des cendres en abondance. Nous traversons la caldeira dans un petit bateau à moteur et débarquons au pied du volcan.

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Explosion au Tavurvur, volcan situé au bord de la caldeira de Rabaul, en Papouasie – Nouvelle-Guinée (© J.M. Bardintzeff).

Voyage à Hawaii en juillet 2013

C’est mon 3e voyage à Hawaii après 1993 et 2001.

L’île d’Hawaii, située en plein cœur de l’océan Pacifique, est un véritable paradis de la volcanologie.

Elle a une forme triangulaire de 150 km de côté. Elle est constituée de cinq volcans : les immenses Mauna Loa (4170 m) et Mauna Kea (4206 m), le Kohala, l’Hualalai et le Kilauea (1222 m), petit mais très actif.

L’éruption actuelle du Kilauea a débuté le 3 janvier 1983 à 12 h 31. Nous venons de célébrer le 30e anniversaire ! Des rivières de lave rouge orange s’épanchent en quasi permanence. En outre, le Kilauea abrite fréquemment un lac de lave, phénomène exceptionnel sur la planète Terre.

En 1993, j’avais admiré le lac de lave du Pu’u O’o et assisté à un formidable combat entre le feu et l’eau lorsque les coulées de lave entrent dans la mer.

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1993. Le lac de lave du Pu’u O’o (© J.M. Bardintzeff).

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