En cette période particulière de confinement, j’ai eu envie de relire (pour la 3e fois, la première, c’était en 1989 lorsque j’étais à Kerguelen) l’étonnant livre de Michel Siffre « Hors du temps ».
Michel est spéléologue. Le 16 juillet 1962, il a l’idée extraordinaire de descendre, pour deux mois (et sans montre !) camper au fond du gouffre de Scarasson dans le massif du Marguareïs, à la frontière franco-italienne. Il en profite pour étudier un glacier souterrain, situé entre -100 et -130 m de profondeur. Il raconte dans son livre sa vie dans ces conditions si difficiles : température de trois degrés, humidité proche de 100 %, isolement, quasiment aucun stimuli visuel, auditif, olfactif, etc., ponctuée par des éboulements parfois terrifiants. Sa seule compagnie est celle d’une araignée. Il donne de ses nouvelles « à sens unique » par radio vers la surface. Petit à petit, il perd la notion du temps. Quand, le 14 septembre, on lui annonce que « l’expérience » est finie, il se croit seulement au 20 août ! Paradoxalement, le temps passe plus vite sous terre qu’en surface. Sa remontée, le 17 septembre, s’avère héroïque car il est véritablement à bout de force. C’est un apport majeur à la « chronobiologie » (l’étude des rythmes biologiques). Michel refera deux autres expériences de ce type : plus de six mois (205 jours) dans le Midnight Cave au Texas en 1972, puis 2 mois (69 jours) dans la grotte de Clamouse dans l’Hérault, en 1999, à soixante ans.
« Hors du temps » par Michel Siffre, Julliard, 1963.
Continuer la lecture →