l’originalité de la centrale STEP hydro-éolienne de l’île d’El Hierro aux Canaries ;
l’importance des STEP hydrauliques dans le monde et, par exemple, l’extension en cours de celle de La Coche en Savoie et l’inauguration en 2016 de l’installation géante de Linthal en Suisse ;
la difficulté de bâtir de nouvelles STEP en France y compris outre-mer au travers de l’échec fin 2017 du projet de la micro-centrale de Berrien en Bretagne.
Voyager proprement reste un rêve pour la plupart car gaspiller beaucoup d’énergie est souvent synonyme d’aller vite. L’île d’El Hierro en particulier et les Canaries restent liées, dans l’imagerie populaire, à une époque des découvertes où pourtant les navigateurs n’allaient pas vite. A la voile, bien des célébrités qui ont changé le monde ou sa perception sont passées par là : Christophe Colomb, le défenseur des Indiens Bartolomé de las Casas et l’inventeur de l’écologie scientifique Alexander von Humboldt qui décrivit entre autres avec émerveillement en 1799 l’île de Tenerife dominée par le volcan Teide et ses plus de 3 700 mètres d’altitude (en espagnol). Dans cet univers de voiliers et sur le chemin des alizés, les îles Canaries offraient des escales bénéfiques lors du long voyage de l’Europe vers l’Amérique tropicale. Elles étaient des terres de passage quasi-obligé jusqu’au XVIIIe siècle quand l’Amérique était essentiellement forte d’une économie sucrière prospère et un continent riche en or, argent et pierres précieuses c’est-à-dire avant le développement des Etats-Unis.
Certainement sans que ses quelques milliers d’habitants se dédiant à l’agropastoralisme le sachent d’autant que l’île d’El Hierro dépendait administrativement de celle voisine de La Gomera. Sur cette dernière, se trouvait le plus proche port fortifié et donc retenu sûr face aux pirates : celui de San Sebastian de La Gomera où Christophe Colomb relâchait. L’île d’El Hierro, au point de vue maritime, est restée au fil des siècles un endroit fort calme d’un abordage pas facile.
Cette tranquillité fait que son petit port de pêche moderne de La Restinga qui ne remonte qu’aux années 1960 – il est né spontanément à partir du dépôt frigorifique d’un armateur de La Gomera – est souvent choisi par les voiliers comme ultime abri avant le grand large et les Amériques. El Hierro est, par conséquent, encore le point zéro de leur voyage. El Hierro a également retenu l’attention – grâce à son bon état écologique, ses énergies renouvelables et ses riches fonds sous-marins – de l’équipage du bateau à pile à combustible hydrogène, Energy Observer pour un prochain documentaire sur Canal+ programmé en avril 2018, selon les dernières informations.
Néanmoins son navigateur-constructeur n’a pas badiné avec la sécurité et le seul élément ultra-moderne est le matériau des cinq godilles embarquées qui est la fibre de carbone.
Afin de connaitre le principal gaz à effet de serre et son actualité, le cadre mondial est caractérisé en 2016 par plus de 400 ppm (parties par million) – exactement 403 ppm – de CO2 (dioxyde de carbone) soit la valeur maximale enregistrée dans l’atmosphère depuis les dernières 800 000 années. Ce pic est lié à l’explosion de la pollution industrielle, l’extension des cultures et le boom démographique initiés – pour des raisons de convenance – en 1880, l’année qui correspond à celle du début des observations météorologiques coordonnées à l’échelle terrestre. En 2016, s’y est greffé aussi un épisode El Niño exceptionnel. 800 000 années (mais en fait l’Organisation Météorologique Mondiale pense, avec beaucoup de probabilités, qu’il faille remonter à 3 ou 5 millions d’années pour retrouver un tel cadre) est une haute époque dans laquelle l’homme ne pouvait aucunement intervenir dans le processus d’émissions de fortes valeurs de CO2. Les activités humaines sur toute la planète en produisaient 25 gigatonnes (25 milliards de tonnes) en 2000 contre 1,5 en 1950. En 2016, nous en avons collectivement émis 36,3 gigatonnes soit une croissance de 2 300 % du CO2 en 65 ans ! Chaque fois que 1 tonne de fuel lourd brûle plus de 3,1 tonnes d’équivalent CO2 sont émis dans l’atmosphère. L’équivalent CO2 désigne le potentiel de réchauffement global d’un gaz à effet de serre. Continuer la lecture →
A la demande d’Alain Grandjean, économiste et entre autres président du groupe de réflexion (en anglais think tank) de la FNH (ex-Fondation Nicolas Hulot), j’ai dressé le tableau actuel de la part des EnR sur l’île d’El Hierro aux Canaries tout en essayant de leur donner de la profondeur. Ces donnés sont soit publiées soit, pour les plus récentes, élaborées ou obtenues grâce à Tomás Padrón Hernández, le père de la centrale hydro-éolienne de Gorona del Viento qu’il veille comme sa fille (en espagnol). Je le remercie. Elles sont retenues significatives depuis le 1er janvier 2016 bien que l’inauguration de Gorona del Viento remonte au mois de juin 2014. La centrale est un prototype et il y a eu des nombreuses phases de réglages et d’essais tant au niveau technique qu’à celui de la gestion administrative et juridique car il s’agit d’énergies citoyennes qui bénéficient d’un régime spécifique de l’Etat (en espagnol).
Sur le terrain, cela avance pas à pas les EnR sur l’île d’El Hierro, dans l’archipel des Canaries, où j’accosterai à nouveau le 21 octobre.
– Production thermique 1er semestre 2016, 13 919 MWhversus 1er semestre 2017, 12 630 MWh. Diminution de 9,3 %.
– Production hydro-éolienne 1er semestre 2016, 8 345 MWhversus 1er semestre 2017, 9 169 MWh. Augmentation de 9,8 %.
– Production totale 1er semestre 2016, 22 164 MWhversus 1er semestre 2017, 21 799 MWh. Diminution de 1,6 %.
– Pourcentage des EnR dans le mix insulaire lors du 1er semestre 2016 : 37,4% versus pourcentage des EnR dans le mix insulaire lors du 1er semestre 2017 : 42 %. Augmentation de 4,6 %.
Bien sûr, sauf erreur ou omission de ma part. Nous sommes déjà au même niveau que le deuxième semestre de 2106 et la seconde partie de l’année est connue aux Canaries pour être en moyenne plus ventée.
Pour rappel car déjà publiées sur mon blog, d’autres données du mix énergétique d’El Hierro :
Valeurs maximales mensuelles pour 2017 et 2016 : – en juin 2017 : 62 % EnR dans le mix ; – en juillet 2016 : 67 % EnR dans le mix.
Des valeurs mensuelles hautes mais normales en été car c’est l’hiver qui est « la época de las calmas » (de vent).
Sur des périodes plus longues en attendant les données synthétiques du premier semestre 2017, je disposais des informations suivantes sur El Hierro :
– second semestre 2016 : 42 % EnR dans le mix ;
– premier semestre 2016 : 37,4 % EnR dans le mix arrondi à 38%. Ce premier semestre et en général cette année incluent l’El Niño 2016 exceptionnel qui a donné peu de vents (non seulement sur El Hierro). Il sera difficile de retrouver des valeurs aussi basses dans le futur. Il est possible de considérer ces valeurs tel un plancher pour les EnR.
Plus dans le détail, pour le second semestre 2016 :
– thermique 13 636 MWh soit 58 % ;
– hydro-éolien 9 729 MWh soit 42 %. Année 2016 (globale), en moyenne : – thermique 27 455 MWh soit 60 % ; – hydro-éolien 18 074 MWh soit 40 %.
Enfin, je rappellerais le mix des participations dans la société Gorona del Viento :
– énergies citoyennes : 77 % dont 66 % des actions pour l’administration locale ou Cabildo de El Hierro (en espagnol) et 11 % de la Région ou Autonomia (en espagnol) des Canaries dont une part pour l’ITC (Instituto Tecnológico de Canarias) ;
– énergie privée : 23 % pour l’entreprise d’électricité Endesa, filiale de la multinationale italienne Enel.
Des actualités de rentrée avec la bonne nouvelle de la prochaine émission vedette autour de la mer « Thalassa » de France 3 qui sera largement consacrée à la saga des EnR (énergies renouvelables) citoyennes sur l’île bretonne de Sein. Pour la première émission de la saison 2017-18, lundi 2 octobre à 20h55 sur France 3, «Thalassa » mettra le cap à l’Ouest à la rencontre de celles et ceux qui vivent à Sein, Ouessant, Groix et Quéménès au large de la Bretagne. Ce rendez-vous TV, plébiscité par l’audience depuis 1975, sera présenté à partir de lundi 2 octobre par Fanny Agostini, après les décennies à l’antenne du célèbre Georges Pernoud.
“Sein, les nouveaux résistants” : dernier pêcheur en activité, François Spinec est un peu « l’éminence verte » de l’île de Sein. Verbe haut et sensibilité à fleur de peau, il dénonce toutes les aberrations qui font le quotidien de sa terre natale. A commencer par l’approvisionnement en énergie : à Sein, comme dans la plupart des îles françaises, l’électricité provient d’une centrale à fioul, procédé extrêmement coûteux et très préjudiciable à l’environnement. Avec d’autres Sénans il a créé IDSE (Ile de Sein Energies) afin de lancer la transition énergétique déjà réalisée dans d’autres îles européennes (Samsø ou Samsoe au Danemark, El Hierro aux Canaries, Eigg en Ecosse). L’idée fait son chemin et, en attendant d’aboutir, François peut rêver d’hydroliennes, d’éoliennes et de toits solaires qui rendront Sein totalement verte et propre…
Pour les plus jeunes, Thoreau est aussi la forte personnalité qui, pour défendre ses idées, allait, dans un souci de cohérence, jusqu’à la prison. Il mit en pratique la désobéissance civile inspirant le professeur charismatique du film «Le cercle des poètes disparus »).
Dans un cadre climatique marqué chez nous en Europe par la seconde vague de canicules mortifères de début août, après celle de juin, il ne faudrait pas oublier l’importance du fait suivant : à l’échelle de la planète, les étés sont de plus en plus chauds de façon indubitable en l’état des connaissances actuelles (en anglais). Le contexte peut se compléter par une analyse récente et assez désespérante des scientifiques qui devrait enterrer l’idée de contenir à +2°C en moyenne l’augmentation des températures terrestres enregistrées. Un objectif qui subsiste encore dans toute COP (Conference of the Parties ou, en français, Conférence des Etats). Il n’y aurait plus seulement 5% de chances de respecter ce seuil de +2°C sur la Terre au-dessus de la température moyenne de la planète au début de la révolution industrielle. Cette dernière a été fixée à 1880 par commodité car elle est aussi l’année correspondant au début des observations météorologiques fiables à l’échelle du globe. Agir afin d’abaisser l’émission des gaz à effets de serre devient crucial dans beaucoup de directions. Alain Grandjean, président du groupe de réflexion de la FNH (Fondation pour la Nature et l’Homme, l’ancienne Fondation Nicolas Hulot), écrit ces jours-ci au sujet de la mobilité en France :
Tradition est un mot que l’on oppose souvent à modernité. Souvent sans trop réfléchir à mon sens. Ces mots ne sont pas toujours antinomiques loin de là surtout sur les îles.
« Les climats, les saisons, les sons, les couleurs, l'obscurité, la lumière , les éléments, les aliments, le bruit, le silence, le mouvement, le repos, tout agit sur notre machine, et sur notre âme . » Jean-Jacques Rousseau, Les confessions.