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Volcans d’Afrique

Jeudi 26 mars dernier, j’étais invité par le Centre Universitaire du Temps Libre (CUTL) de Maintenon (28130), à donner une conférence à la Salle des fêtes de Saint-Piat, sur le thème des Volcans d’Afrique.

Les volcans d’Afrique sont nombreux et variés : sur le continent ou dans les îles tout autour, coulées, fontaines, lacs de lave ou panaches de cendres…

La « corne de l’Afrique »

Au niveau du « Triangle des Afars », entre l’Éthiopie et la République de Djibouti, trois structures géologiques majeures se rejoignent :

– la zone transformante du Jourdain, avec le lac de Tibériade, la mer Morte (dont le niveau se situe largement en-dessous de zéro : – 422 m), jusqu’au golfe d’Aqaba et le golfe de Suez (W), se prolonge par la mer Rouge ;

– la dorsale océanique de Carlsberg de l’océan Indien, pénètre dans golfe d’Aden jusque dans la région de Tadjoura ;

– le fossé du Rift est africain et ses grands lacs d’effondrement : lac Albert, lac Édouard… Le lac Tanganyika (altitude 775 m), de 677 km long, a une profondeur maximale de 1433 m ; son fond se situe donc sous le niveau de la mer ! Le lac Malawi (anciennement Nyassa) mesure 580 km de long, pour une profondeur maximale de 706 m.

En Éthiopie, nous retrouvons le lac de lave permanent du volcan Erta Ale, l’un des rares au monde. En 2004, il s’était recouvert d’une pellicule de roche durcie et nous avons pu y descendre, avec Nicolas Hulot et l’équipe de Ushuaïa-Nature pour des prélèvements de la lave sous-jacente.

Non loin, se situe l’étrange site hydrothermale de Dallol, avec ses eaux acides multicolores. Comme le précisait Nicolas : « On se croirait sur la planète Mars ! ».

Un autre lac de lave occupe le cratère du Nyiragongo, en République démocratique du Congo.

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Le lac de lave de l’Erta Ale en janvier 2003 (© J.M. Bardintzeff).

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L’Ol Doinyo Lengai, Tanzanie, un volcan unique au monde

Extrait de mon livre « Volcanologue. De la passion à la vocation » par Jacques-Marie Bardintzeff, Éditions Vuibert, 2009 :

À cent cinquante kilomètres à l’ouest du célèbre Kilimandjaro, en bordure de la Rift Valley africaine, se dresse l’étrange Ol Doinyo Lengai, la montagne sacrée des Massaïs. Il produit des laves uniques au monde, des carbonatites, noires comme l’encre.

Après six heures d’escalade, le cratère apparaît, tout rond, d’un diamètre d’environ 300 m pour une profondeur de 50 m. Des failles radiaires libèrent d’abondantes fumerolles. Une vingtaine de hornitos, petits volcans miniatures d’un peu plus d’une dizaine de mètres de haut, se côtoient. Plusieurs d’entre eux sont actifs à tour de rôle.

Et nous partons à la découverte du cratère. Une langue de lave noire semble toute récente. Sa partie médiane bouge encore. En amont, il s’agit d’une véritable petite rivière de lave d’une fluidité extrême, qui s’écoule en cascade d’un hornito. En une centaine de mètres, elle devient visqueuse et pâteuse avant de s’immobiliser, pétrifiée. Mais attention à ne pas poser le pied dessus car la croûte superficielle se brise facilement. Ces laves sont uniques au monde car constituées de carbonates et non de silicates. Plus précisément, il s’agit de carbonates de sodium et de potassium. Leur température de fusion, deux fois plus faible, atteint cependant 500 °C. Elles sont d’une couleur d’encre, bien différente des autres, écarlates. Rapidement, elles s’altèrent et deviennent complètement blanches. L’Ol Doinyo Lengai est un volcan en noir et blanc…

(© J.M. Bardintzeff)