Hommage à Haroun Tazieff

La revue « Los Rocaires » consacre son numéro hors-série n°1 de novembre 2015 aux “Journées Haroun Tazieff”. Guilhem Beugnon, Responsable de la publication, m’a demandé d’en écrire l’Éditorial et j’en ai été très honoré. En voici le texte :

Éditorial par Jacques-Marie Bardintzeff, Volcanologue
Enfant, j’étais déjà passionné par la Terre : je récoltais roches, minéraux et fossiles lors des randonnées familiales autour de Grenoble. Un jour, au début des belles années soixante, mon père m’emmena au cinéma Gaumont voir le film Les Rendez-vous du diable. Ce fut un choc : les bulldozers, minuscules insectes, essayant de barrer les coulées de lave du Kilauea, le lac d’acide vert jade du Kawah Idjen, le lac de lave du Nyiragongo… Haroun Tazieff entrait dans ma vie.

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Revue « Los Rocaires », numéro hors-série n°1 de novembre 2015, page 2.

Il fallut attendre le 9 décembre 1972 pour que le rencontre vraiment… le temps d’un autographe, à la librairie Arthaud pour son livre L’Etna et les volcanologues. J’avais presque 19 ans. Une photo de presse immortalise l’événement.

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Haroun Tazieff me dédicace son dernier livre à la Librairie Arthaud de Grenoble le 9 décembre 1972 (© Anonyme).

Douze ans plus tard, le 31 janvier 1985, nous posons côte à côte, équipiers occasionnels lors d’un match de rugby : l’adolescent est devenu à son tour volcanologue et le volcanologue a été promu… ministre !

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Match de rugby à l’Université d’Orsay, le 31 janvier 1985. De gauche à droite : Robert Brousse, Haroun Tazieff, Jacques-Marie Bardintzeff (© Anonyme).

Je me souviens aussi d’une soirée à Vancouver, Canada, lors du Congrès international de géophysique au cours de l’été 1987 : Haroun Tazieff m’invite gentiment au restaurant. Bien sûr, on parle de volcans mais aussi des risques liés à l’éboulement des Ruines de Séchilienne non loin de Grenoble. Nous avons été voisins plusieurs années en Île-de-France, lui au CNRS de Gif-sur-Yvette et moi à l’Université Paris-Sud Orsay. Nous avions aussi en commun des origines russes.
Haroun Tazieff était un personnage hors du commun : sportif accompli, courageux voire parfois téméraire, fort en caractère. Il avait le don de la communication, avec un phrasé imagé, roulant les « r » comme personne. Il a fait connaître et aimer les volcans aux Français. Il a écrit quantité de livres et j’en possède un certain nombre, dédicacés par l’auteur. Il a filmé des images d’éruptions époustouflantes. Auteur de nombreuses publications scientifiques, il a contribué à une meilleure connaissance des dynamismes éruptifs, du rôle majeur des gaz, de la formation des dômes et des lacs de lave…
Le Centre Haroun Tazieff pour les Sciences de la Terre fait perdurer la mémoire de ce grand Homme. Les « Journées Haroun Tazieff » constituent maintenant un rendez-vous incontournable dans l’Hérault, chaque mois de juin. Les cinquièmes journées ont eu lieu du 2 au 7 juin 2015. Les sixièmes se préparent.
Ce numéro spécial de la revue Los Rocaires témoigne merveilleusement de l’œuvre volcanologique d’Haroun Tazieff.

4 réflexions sur “ Hommage à Haroun Tazieff ”

  1. Enchantée d’avoir encore des commentaires sur Haroun Tazieff car c’est lui qui nous a communiqué cette passion. Mon premier livre est également Etna.
    D’autres livres ont suivi, “des volcans et des hommes” est également passionnant. La qualité des photos nous fait également saliver devant tant de beauté.
    Cordiales salutations.

    1. Oui Jacqueline, des livres aujourd’hui mythiques, à garder précieusement. Haroun Tazieff savait photographier les volcans “au plus près” ! Toutes mes amitiés 🙂

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