Jacques-Marie Bardintzeff : Casser l’image passéiste de la géologie

Invité lundi 11 juin 2018 à Rennes par David Guillerme (IPR = Inspecteur Pédagogique Régional) pour parrainer la remise des prix des Olympiades de géosciences. Un accueil super chaleureux par 200 lycéens de 1ère S. L’occasion aussi pour m’entretenir à nouveau avec Julien Cabioch dans le cadre de « L’Expresso du Café Pédagogique » (voir mon blog des 9/4/2014, 21/6/2016, 10/10/2017).

Selfie avec Julien Cabioch (à gauche), professeur SVT et contributeur au Café Pédagogique, et Jacques-Marie Bardintzeff, volcanologue (© J. Cabioch).

Retrouver l’interview publié sur le net mardi 10 juillet 2018 :

http://www.cafepedagogique.net/lexpresso/Pages/2018/07/10072018Article636668052656220471.aspx

Le texte de l’interview :

Café Pédagogique du mardi 10 juillet 2018

L’Expresso

Jacques-Marie Bardintzeff : Casser l’image passéiste de la géologie 

Quel avenir pour l’enseignement des géosciences au lycée ? Quels sont les enjeux pour la géologie ? Jacques-Marie Bardintzeff, volcanologue et universitaire, s’implique dans la formation des enseignants de SVT et dans la vulgarisation des géosciences au lycée. Besoin en eau, gestion des risques, minerai précieux, géothermie… « Le géologue apparaît plus que jamais comme un expert incontournable » explique-t-il. Quelle approche un enseignant doit-il privilégier pour appréhender la géologie en classe ? Parrain des olympiades de géosciences de l’académie de Rennes, le volcanologue y voit une connotation sportive positive source d’émulation.

Quels sont les enjeux futurs des géosciences dans le monde ? Et pour la France ?

Le géologue apparaît plus que jamais comme un expert incontournable face aux enjeux de nos sociétés actuelles : besoin en eau, en matières premières, en énergie, gestion des risques naturels… Les nouvelles technologies créent d’autres besoins, en gallium par exemple. Le coltan (pour colombo-tantalite), minerai de niobium et de tantale, devient de plus en plus précieux.

Notre pays ne possède pas d’importants gisements d’hydrocarbure d’où l’importance des autre sources d’énergie. L’uranium et le nucléaire représentent pour l’instant une part importante de notre consommation. D’autres sources d’énergie pourront prendre le relai dans l’avenir. L’hydroélectricité (barrages) prend une part significative. La géothermie (basse énergie) se développe. Les risques naturels existent, notamment dans le France d’Outre-mer, et doivent être gérés.

En quoi l’enseignement des géosciences est-il fondateur pour susciter des vocations ? Quels sont les autres actions à conseiller aux enseignants dans ce cadre ?

« Géo » signifie la « Terre ». Les géosciences s‘intéressent à notre planète. Les jeunes ont envie de la visiter pour mieux la connaître, puis la protéger. Montrer que la Terre est « vivante », qu’elle change (par exemple, à Hawaii, les coulées de lave agrandissent l’île volcanique au détriment de l’océan) mais aussi qu’elle est fragile. L’environnement, le climat, interpellent les jeunes.

Nous, professeurs de SVT, devons casser l’image passéiste de la géologie. Certes, le géologue s’intéresse au passé de la Terre, à son histoire, mais pour mieux comprendre le présent et envisager l’avenir.

Quel regard avez-vous sur les Olympiades de géosciences organisées en France depuis 10 ans ?

J’ai été emballé par l’accueil et l’enthousiasme de 200 jeunes le 11 juin dernier à Rennes pour la remise des prix des « Olympiades de géosciences » que je parrainais. De nombreuses questions à l’issue de ma conférence, le plaisir de faire des selfies ensemble… Et alors une certitude : les géosciences intéressent les jeunes.

J’aime le mot « Olympiades », qui a une connotation sportive dans le bon sens du terme, celui de l’émulation. Ma bonne ville de Grenoble a d’ailleurs organisé les Jeux olympiques d’hiver en 1968…

Quels sont les aspects historiques importants à transmettre aux élèves en histoire des géosciences ?

L’évolution des idées : les savants grecs qui découvrent (déjà !) que la Terre est ronde. Puis Galilée nous apprend qu’elle tourne ! Par contre, la notion révolutionnaire de mobilité des continents par Wegener est relativement récente. Et la tectonique des plaques plus jeune que moi !

Vous dîtes régulièrement « Mon bureau : c’est la Terre » ; quelles sont vos dernières expéditions ? Et les prochaines à venir ?

Oui le plaisir de parcourir le monde grâce à la géologie et à la volcanologie. En 2017, j’ai visité le Japon, le Kirghizistan, le Cameroun. En 2018, déjà le Turkménistan et le Maroc et à venir l’Arménie, la Grèce, le Salvador… ce sera ma 109e expédition !

Où sont vos prochaines conférences ?

Mon calendrier commence à se remplir pour fin 2018 et début 2019:

– En novembre 2018 : Montereau-Fault-Yonne le 9, Toulouse le 14, Cluny le 22, Amiens le 28.

– En décembre : Alès le 7 et le Salon du livre de Boulogne-Billancourt les 1 et 2.

– En mars 2019 : Orly le 15, Gien le 19.

C’est toujours un plaisir de rencontrer le public, de partager ma passion, j’en suis à plus de 500 conférences.

Entretien par Julien Cabioch

Ouvrages de J.M. Bardintzeff :

Volcanologue Éditions L’Harmattan, 2017

Volcanologie 5ème édition Ed. Dunod, 2016

Son blog

Dans le Café :

JM Bardintzeff : Comment éduquer aux risques géologiques ?

JM Bardintzeff : Comment enseigner le volcanisme ?

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