Extrait de mon livre « Volcanologue. De la passion à la vocation » par Jacques-Marie Bardintzeff, Éditions Vuibert, 2009 :
À cent cinquante kilomètres à l’ouest du célèbre Kilimandjaro, en bordure de la Rift Valley africaine, se dresse l’étrange Ol Doinyo Lengai, la montagne sacrée des Massaïs. Il produit des laves uniques au monde, des carbonatites, noires comme l’encre.
Après six heures d’escalade, le cratère apparaît, tout rond, d’un diamètre d’environ 300 m pour une profondeur de 50 m. Des failles radiaires libèrent d’abondantes fumerolles. Une vingtaine de hornitos, petits volcans miniatures d’un peu plus d’une dizaine de mètres de haut, se côtoient. Plusieurs d’entre eux sont actifs à tour de rôle.
Et nous partons à la découverte du cratère. Une langue de lave noire semble toute récente. Sa partie médiane bouge encore. En amont, il s’agit d’une véritable petite rivière de lave d’une fluidité extrême, qui s’écoule en cascade d’un hornito. En une centaine de mètres, elle devient visqueuse et pâteuse avant de s’immobiliser, pétrifiée. Mais attention à ne pas poser le pied dessus car la croûte superficielle se brise facilement. Ces laves sont uniques au monde car constituées de carbonates et non de silicates. Plus précisément, il s’agit de carbonates de sodium et de potassium. Leur température de fusion, deux fois plus faible, atteint cependant 500 °C. Elles sont d’une couleur d’encre, bien différente des autres, écarlates. Rapidement, elles s’altèrent et deviennent complètement blanches. L’Ol Doinyo Lengai est un volcan en noir et blanc…
(© J.M. Bardintzeff)
Et quel volcan absolument extraordinaire et quels spectacles il peut offrir !
Cette natrocarbonatite; est juste splendide ! Ce volcan est vraiment très intéressant et dommage que très peu de volcanologues veulent l’étudier, malgré sa géographie très isolée !
Amicalement,
J.Warnery.
Cher Jean, oui le volcan Ol Doinyo Lengai en Tanzanie est vraiment unique au monde.
Voici un extrait de ce que j’écris à son propos dans mon livre “Volcanologie” (4e éd., Dunod, 2011) :
Les laves, de nature natrocarbonatitique, apparaissent bien particulières par leur couleur noire, par leur extrême fluidité et par leur température d’émission très basse : 500 à 600 °C. Les carbonatites calciques, telles qu’on les trouve sur le volcan Kerimasi, situé à quelques km au sud de l’Ol Doinyo Lengai, ou au Kaiserstuhl en Allemagne, ont du être émises à une température supérieure (700 °C ou plus).
Un processus d’immiscilibité (séparation d’un magma en deux phases distinctes) est invoqué pour expliquer la genèse de ces carbonatites. Les carbonatites calciques résulteraient d’une immiscibilité à partir d’un liquide primaire basanitique. Les natrocarbonatites, constituées de carbonates de Na, K, Ca, résulteraient également d’une immiscibilité, à partir d’un magma évolué fortement sous-saturé, de nature phonolitique.
Bien amicalement.
je suis fasciné par le cratère Lengai, cette impression qu’elle est au dessus des nuages on dirai une image vue d’un satellite, et ses jolies cônes à l’intérieur. Il me semble qu’il s’agit d’une caldeira
Très beau
Oui David, volcan mythique et unique au monde. La dépression sommitale est le plus souvent décrite comme « cratère »… mais alors un large cratère ! Grandes amitiés. Jacques-Marie
Merci pour votre intérêt. Amitiés volcanologiques 🙂
oui, merci pour ces informations et bien amicalement
Merci pour votre intérêt et bien amicalement.