Archives pour l'étiquette zone aride

Paris et Turin : 2) Mario Govi et Yves Delange, maîtres en sciences naturelles

Bonjour à nouveau et je reprends le fil de la première partie, tournée vers Yves Delange du Muséum de Paris, pour vous présenter, au tout début de mon parcours professionnel, mon ancien directeur de recherche du CNRS italien (Consiglio Nazionale delle Ricerche ou CNR) Mario Govi. Dans la deuxième partie de sa carrière, dès 41 ans, Mario Govi dirigea le laboratoire connu officiellement sous le nom de l’Istituto di Ricerca per la Protezione Idrogeologica (IRPI) del bacino del Po, à Turin depuis sa création, en 1970, jusqu’en 1992.

Un dynamique Mario Govi (debout à droite) en grande conversation de travail avec deux de ses Collègues de laboratoire : l’hydrologue Virgilio Anselmo (à gauche) et le géomorphologue Domenico Tropeano (au centre). CNR IRPI, Via Vassalli Eandi, 18, Turin, 1984. © CNR IRPI.

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Paris et Turin : 1) Yves Delange et Mario Govi, maîtres en sciences naturelles

Bonjour en ce mois de rentrée,
Un blog n’est pas un journal et aussi il permet de revenir en arrière (surtout en histoire des sciences !). Il est un carnet de notes importantes, de mon point de vue. En 2019, deux faits sont survenus que l’écume des jours – au sens de l’agitation de ma vie – m’a fait oublier en leur temps. Rien de larmoyant dans ce double hommage : Yves Delange (1929-2019) a eu une très belle et longue vie, avec une foultitude de voyages, de rencontres et donc d’amis et d’amour, avant de s’éteindre à 90 ans. Entre temps, il s’était occupé à faire énormément de belles choses en sciences afin de protéger la nature, grâce à une défense et une illustration des botanistes et naturalistes l’ayant précédé, tout en soignant, pour l’Etat, les collections nationales vivantes des plantes.

Yves Delange dans le jardin de la pauvre maison natale de Jean-Henri Fabre à Saint-Léons (Aveyron). © Janine Vitou.

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Tchad : 1) Derk Rijks, cuisines solaires et camps des réfugiés du Darfour

Je connais le travail de Derk Rijks, agroclimatologue néerlandais d’envergure internationale, depuis longtemps. En 1985 et 1986, j’avais côtoyé les cadres sahéliens du Centre Aghrymet de Niamey au Niger dont Rijks fut un des piliers scientifiques, du temps du président Kountché. A cette époque, j’avais commencé à travailler avec son collaborateur à l’OMM, Andrés Acosta Baladón, qui, après un passage par le Centre Agrhymet, œuvrait au Service hydrologique du Tchad à N’Djamena (dans le cadre difficile de sa reconstruction après une guerre civile et lors du conflit tchado-lybien). En 1994, quand je repartis en expatriation en Bolivie (Amérique du Sud), l’atlas de l’agroclimatologie de la zone andine de son frère cadet était dans mes malles. Mais qu’est-ce que l’agroclimatologie ? C’est la branche de la climatologie qui étudie l’impact du climat et du changement climatique sur l’agriculture.

Le spécialiste des régions chaudes et volontaire humanitaire, Derk Rijks des Pays-Bas, montre à une réfugiée soudanaise du Darfour comment aligner sa cocotte solaire avec les rayons du soleil. Camp d’Iridimi, bande sahélienne, Est du Tchad, 16 octobre 2006. © Lynsey Addario (Prix Pulitzer 2009 du reportage international). Cette photographe de guerre bénéficia d’une bourse de la Fondation Getty.

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Uruguay : Andrés Acosta, l’homme qui plantait les attrape-brouillard

Andrés Acosta Baladón ou encore “El Chueco”  nous a quitté le 11 juillet dernier.
Pour moi qui le connaissais depuis trente ans, Andrés restera le guérillero scientifique des attrape-brouillard et, de façon plus large, le guérillero de  la lutte contre la désertification dans les zones arides et marginales. C’est donc, au titre des attrape-brouillard, un pionnier de ceux que l’on appelle, de nos jours,  pompeusement les NTE (les Nouvelles Technologies Environnementales) au sein des études sur les énergies renouvelables.

Sur le terrain au début des années 70, Andrés Acosta Baladón (à gauche) dans le vignoble de la Geria, sur l’île de Lanzarote aux Canaries (cliché de son ouvrage “Cultivos enarenados”, INM, Madrid, 1973).

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Les attrape-brouillard du projet européen Dysdera

El Hierro : l’homme qui plantait des arbres fontaines

La science est aussi une histoire d’amitiés. C’est parce que j’avais connu un ingénieur spécialisé dans le développement des zones arides au Niger en 1985 qui travaillait alors dans un pays voisin encore plus pauvre, le Tchad après une guerre civile, que je suis allé quelques années plus tard sur l’île d’El Hierro.
Andrés Acosta Baladón, c’était son nom – un homme petit mais vaillant aux jambes arquées peut-être la marque d’une jeunesse passée en partie à cheval dans son lointain Uruguay natal où les animaux sont bien plus nombreux que les hommes -, m’avait intrigué puis passionné avec ses filets attrape-brouillard et son histoire des usages traditionnels pour capturer l’eau de la brume dans les déserts côtiers grâce aux agaves et d’autres plantes. Entre autres, Andrés m’avait parlé de l’arbre fontaine ou arbre saint d’El Hierro aux Canaries qui avait existait là-bas jusqu’en 1610 et qui était utilisé comme source d’eau par les aborigènes berbères, les Guanches, avant la conquête espagnole au XVème siècle et encore au-delà. Continuer la lecture