Tradition est un mot que l’on oppose souvent à modernité. Souvent sans trop réfléchir à mon sens. Ces mots ne sont pas toujours antinomiques loin de là surtout sur les îles.
Une belle photographie d’Erik Streb, généreusement mise sur Wikipedia Communs, ouvre cet article festif. Elle montre, sur El Hierro, la partie centrale – pour les techniciens, le hub – d’une éolienne de la famille des 2 MW (2,3 MW en crête), avant son montage. La photographie avait été prise en janvier 2012 et cette éolienne, l’une des cinq du parc, avait été montée le mois suivant.
Le 9 août 2015 la STEP (Station de Transfert d’Energie par Pompage et turbinage) hydro-éolienne a assuré, pendant deux heures entre 12 h 30 à et 14 h 30, 100 % de l’électricité insulaire – pour les 8 000 habitants permanents d’El Hierro et des milliers de touristes estivaux – à partir des énergies renouvelables, locales et citoyennes. Cela s’est passé le samedi 9 août 2015 (il est toujours possible de connaître au temps T la production électrique insulaire et aussi de revenir en arrière sur ce tableau de bord, comme sur un compte bancaire, en cliquant, en bas à gauche, sur le logo du tout petit calendrier puis sur ” Ver fecha “). Je scrute la production de l’électricité d’El Hierro, en liaison avec le concepteur de la centrale hydro-éolienne. Ce dernier la suit également avec le technicien ayant porté le chantier jusqu’à son démarrage et il m’avait averti du passage à 100 % EnR. Je la connais finement grâce au réseau électrique espagnol(en anglais). Deux choses sont importantes à mes yeux : apprécier la transparence offerte par le réseau ; et ne pas se focaliser sur la disparition quasi-immédiate du fioul car, d’abord, il faut un bon mix dans lequel la part des énergies fossiles va diminuant.Continuer la lecture →
Le 27 juin 2014, en présence de nombreuses autorités, la petite île de El Hierro inaugurait son originale et novatrice centrale électrique hydro-éolienne, une STEP (Station de Transfert d’Energie par Pompage et turbinage) qui devrait faire école. Cela se passe bien ce samedi 27 juin 2015 (il est toujours possible de connaître au temps T la production électrique insulaire et aussi de revenir en arrière sur ce tableau de bord, comme sur un compte bancaire, en cliquant, en bas à gauche, sur le tout petit calendrier puis sur « Ver fecha”). Je scrute la production de l’électricité d’El Hierro, en liaison avec le concepteur de la centrale hydro-éolienne qui la suit également avec le technicien ayant porté le chantier jusqu’à son démarrage. Je la connais finement grâce au réseau électrique espagnol(en anglais). Dans le détail, retournons sur El Hierro : il y a également le “camembert électrique” du mix énergétique à droite et en haut et, en dessous, les émissions de CO2. Maintenant après une année de fonctionnement, vous trouverez mon point de vue, n’engageant que moi, mais il est enrichi par un échange épistolaire. 1) Les élus d’El Hierro affichèrent l’objectif de 100% EnR soit l’autonomie énergétique parce que s’il n’avaient pas mis la barre haut, très haut, ils n’auraient rien fait ou, mieux dit, ils n’auraient pas été suivis financièrement ; donner l’exemple est essentiel et il faut apprendre à “simplifier, simplifier, simplifier” pour reprendre le motto de H.D. Thoreau, l’un des père de l’écologie. Il n’a jamais été question de détruire ou de mettre sous cocon la station thermique au fioul mais d’éviter le plus possible de s’en servir. Il s’agit d’un mix énergétique comme le veulent l’Europe, l’Espagne, l’Allemagne, le Danemark et enfin la France. Les gens d’El Hierro veulent de l’électricité, “La fée électricité” comme l’appelait Raoul Dufy. Toutefois, les îliens la souhaitent la plus propre possible, selon les résultats des dernières élections espagnoles du 24 mai 2015, qui ont primé localement un parti ayant fait de son soutien aux énergies renouvelables son étendard. En Espagne, Il y a un autre aspect apparaissant avec l’usage du mot “autonomie” qui correspond à celui de la Région administrative ici la Comunidad autonóma de Canarias. Par conséquent, en espagnol ce mot “autonomie” invite à penser régional, local avec l’idée affichée, de manière officielle, aussi d’un destin communautaire.
Après des années de travail dans l’ombre, les gens œuvrant sur El Hierro ou les énergies renouvelables sont satisfaits de voir leur labeur reconnu y compris dans les médias français qui se sont massivement mobilisés, à la suite du démarrage de la centrale hydro-éolienne le 27 juin. Cette mobilisation n’a pas cessé en juillet et août, des mois particulièrement calmes quant à l’actualité politicienne et qui permettent aux journalistes soit de ressortir des marronniers et autres serpents de mer soit de traiter des questions de fond.
Ainsi, pour ces dernières, se furent tour à tour des médias aussi variés que les suivants qui nous accompagnèrent autour d’El Hierro 100% ENR (énergies renouvelables) :
– Europe 1, la radio généraliste avec une vidéo en espagnol à la clef, le 8 juillet ;
– Rue89, le “pure player” le 19 juillet par la plume de son cofondateur et rédacteur-en-chef ;
– France 24, la chaîne de télévision d’information internationale française en continu et avec une autre vidéo à la clef, le 20 août ;
– Agoravox, le site du journaliste-citoyen qui reprend les deux vidéos précédentes, le 21 août.
Je dois en oublier et donc vous m’excuseriez par avance mais, à tous, un grand merci.
La chaîne de télévision TF1 a réalisé un court reportage qui est passé sur le petit écran, après l’inauguration le 27 juin de la centrale hydro-éolienne de Gorona del Viento. C’est ici et vous m’excuseriez si le lien n’était pas durable mais les images d’actualités ne sont pas toujours archivées pour les utilisateurs non payants par les chaînes de télévision. Il devrait en rester toutefois une trace écrite sur le site de TF1.
La nouvelle de cette avancée technique vers l’autonomie énergétique et dans la lutte contre le réchauffement climatique a pu parvenir, sinon partout, du moins dans beaucoup de foyers en France.
Cette cérémonie sera précédée, les 25 et 26 juin à El Hierro, par un colloque Unesco. Pour plus d’informations à ce sujet, vous liriez sur le site de l’Unesco l’article correspondant sur www.renforus.net.
La société mixte, dans laquelle les autorités insulaires ont le premier rôle et qui est derrière la centrale dès sa conception depuis la fin de l’année 2004, a pris le nom de Gorona del Viento en hommage aux bergers de l’île. Ces derniers, tout comme sur les autres îles hautes des Canaries, sont célèbres dans l’histoire pour leurs acrobaties, faites avec un long bâton d’appui de la taille et de la forme d’une lance, face aux abimes des volcans afin de regrouper leurs chèvres égarées, leur langage sifflé maintenant reconnu, protégé et diffusé, et ils bâtissaient traditionnellement des abris circulaires en pierre sèche (les goronas) pour se protéger du vent. La société de la nouvelle centrale hydro-éolienne a repris ce dernier nom afin de s’inscrire durablement dans l’histoire et aussi parce que les goronas sont liées au vent et que leur forme ronde, telle une couronne, se retrouve dans le cercle décrit par les éoliennes sans oublier le dessin des turbines hydrauliques.
Par deux fois, l’exemple de l’île d’El Hierro aux Canaries (Espagne) a été mis en avant par l’AFP ces derniers temps : le 20 mars et le 5 avril. La large couverture de l’agence de presse et ses nombreux clients lui ont donné une forte lisibilité.
Dans l’espace francophone, la part des ENR – les énergies renouvelables y compris l’hydraulique – reste faible (de l’ordre de 20,7% en 2013 de la production énergétique française) mais elle est en hausse sensible.
« Les climats, les saisons, les sons, les couleurs, l'obscurité, la lumière , les éléments, les aliments, le bruit, le silence, le mouvement, le repos, tout agit sur notre machine, et sur notre âme . » Jean-Jacques Rousseau, Les confessions.