Coup dur pour le CNES et la conquête de Mars en général : le tir de la sonde américaine InSight, censée décoller en mars prochain pour la planète rouge, vient d’être ajourné à cause d’un défaut d’étanchéité de l’un des deux instruments français à bord. Du coup il faudra attendre la prochaine fenêtre de tir, en mai 2018.
L’instrument incriminé est le seismomètre SEIS, avec comme cœur une sphère hermétique dans laquelle trois capteurs électroniques ultra sensibles étaient censés détecter les vibrations de la planète en trois dimensions. Pour qu’il n’y ait aucune perturbation sur les mouvements infimes des capteurs, le vide devait être fait dans la sphère. Or les tests d’étanchéité ont montré une fuite—vraisemblablement au niveau d’une soudure—et malgré deux tentatives de réparation, l’instrument n’est donc pas en état optimal de marche.
La fusée Atlas était déjà sur le pas de tir ; la sonde vient d’être renvoyée chez son constructeur principal Lockheed Martin à Denver dans le Colorado. La mission a un budget modeste plafonné à 425 millions de dollars : le report de deux ans entraînera des coûts supplémentaires, mais l’équipe espère bien que cela ne compromettera pas la mission.
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Un nouveau simulateur martien
Le petit monde des simulations martiennes sur Terre vient de se doter d’un nouvel habitat apte au service : le module SHEE (Self-Deployable Habitat for Extreme Environments), conçu par un consortium de sociétés privées sous la houlette de l’ISU (International Space University) de Strasbourg. Il s’agit d’un module de 5,5 tonnes en fibre de verre et résine, utilisant la technologie marine, qui a la particularité d’être facilement transportable par camion, car repliable en un parallélipipède de 6 m x 2,4 m. Une fois sur place, il se déploie en éventail pour offrir une surface habitable de 18 m2, apte à recevoir un équipage de deux personnes pour une durée optimale de deux semaines.
Un tel module offre une structure de travail en milieu extrême (ce n’est pas bien sûr un module opérationnel pour un voyage dans l’espace) avec deux cabines individuelles, un espace de travail, un espace atelier et une salle de bain, et une unité de recyclage de l’air et de l’eau (ECLSS). Continuer la lecture
L’Europe se posera sur Oxia Planum
L’Europe s’apprête à poser un rover scientifique sur Mars en 2018, le robot ExoMars, dans un ambitieux projet mené en collaboration avec la Russie (Rovcosmos). Les partenaires viennent de choisir le site d’atterrissage : il s’agit d’Oxia Planum, un site équatorial riche en argiles et autres minéraux indicatifs d’une longue présence autrefois d’eau liquide. Le site, à mi-chemin entre ceux de Viking 1 et Pathfinder à l’ouest, et d’Opportunity au sud-est, est traversé par des chenaux sinueux et un ancien delta.
D’une masse de 310 kg, le rover européen ExoMars se posera en janvier 2019, grâce à un module de descente russe. Il sera muni de 9 instruments scientifiques, dont certains serviront à chercher d’éventuelles traces de vie, et d’une foreuse pour recueillir des échantillons jusqu’à deux mètres de profondeur.
La sélection du site d’atterrissage, débutée en décembre 2013, est passée par une première phase : quatre « demi-finalistes » retenus en octobre 2014, avec la présélection d’Aram Dorsum, Hypanis Vallis, Mawrth Vallis et Oxia Planum, tous situés dans le bassin au débouché de Valles Marineris et des grands chenaux d’inondation qui descendent des hauts plateaux.
Toutefois, si le décollage d’ExoMars est repoussé de 2018 à 2020—ce qui est plus que probable—alors les autres demi-finalistes entreront à nouveau en piste comme challengers d’Oxia Planum et remettront en cause cette première sélection.
De l’eau coule sur Mars !
La conférence de la NASA de ce lundi 28 septembre va faire couler un peu d’encre, et surtout un peu d’eau : rien de révolutionnaire dans cette « résolution d’un mystère martien » claironnée par l’agence spatiale, puisqu’il s’agit seulement d’une confirmation de ce que les planétologues soupçonnaient depuis longtemps. À savoir que des filets d’une eau très saumâtre, chargée en sels et en poussières, dévalent régulièrement la pente des collines et des cratères martiens, lorsqu’elle est chauffée par le soleil. La nouveauté, c’est qu’on a bien la preuve physique aujourd’hui que le fluide est bien à base d’eau (et non un liquide exotique, comme du dioxyde de carbone liquide) grâce au spectromètre CRISM embarqué à bord du satellite Mars Reconnaissance Orbiter (MRO).
Dans une étude conduite par Lujendra Ozha et Mary Beth Wilhelm, doctorants à la Georgia Institute of Technology, des spectres infrarouges recueillis par le satellite et correspondant à l’emplacement de tels écoulement ont pu être isolés, une prouesse quand on sait que ces écoulements sont larges d’un à cinq mètres en moyenne (et longs de quelques centaines de mètres). La signature est celle de perchlorates hydratés, sels dont la présence avait déjà été repérée par des études conduites au sol, tant par la sonde Phoenix en 2008 que par la sonde Curiosity aujourd’hui.
Reste à préciser où ces sombres écoulements rectilignes—connus des spécialistes sous l’acronyme RSL pour Recurring Slope Linae—puisent leur eau. Pour Alfred McEwen, vétéran planétologue sur l’équipe de la sonde orbitale MRO, de la vapeur d’eau est aspirée de la fine atmosphère par les sels qui s’hydratent alors (phénomène de déliquescence). Mais la question se pose—et je doute qu’elle l’ait été lors de conférence de presse : comment autant de vapeur d’eau se trouve-t-elle disponible pour l’opération, et à la pression minimaliste à la surface, comment peut-elle physiquement devenir liquide. L’autre solution serait que de l’eau saumâtre sous pression (donc avec plus de chance d’être liquide) puisse remonter du proche sous-sol à l’endroit de l’écoulement. Affaire à suivre.
Il s’agit plus de coulées de boue que de ruisseaux (on peut spéculer qu’il y a 5 % d’eau seulement dans la mixture). Et en tout état de cause, cela reste des quantités infimes d’eau mobilisées sur ces pentes à chaque fin de printemps, les estimations parlant de 100 000 mètres cubes comme ordre de grandeur sur l’ensemble de la planète, soit une trentaine de piscines olympiques. Le véritable réservoir d’eau martienne reste toute celle emprisonnée dans les glaces polaires, qui correspond à de véritables mers gelées. Mais toute confirmation d’eau liquide coulant actuellement sur la planète est bonne à prendre et nous éloigne du stéréotype d’une Mars gelée en permanence, ravivant l’optimisme des chercheurs de vie extraterrestre. Et comme Alfred McEwen l’a dit dans un sourire : ces pentes sont trop raides pour un robot. Un astronaute, en revanche…
Simulation martienne à Hawaï
Une nouvelle simulation de séjour sur Mars est en cours sur la base Hi-Seas de Hawaï dans le Pacifique, six volontaires s’étant enfermés pour une année dans un dôme géodésique de 12 mètres de diamètre, installé à 2500 mètres d’altitude sur le flanc du volcan Mauna Loa. C’est la plus longue simulation conduite sur cette base, conçue à l’initiative de l’Université de Hawaï à Manoa (Honolulu) avec le soutien de la NASA. Elle a débuté le 28 août et s’achèvera en août 2016 avec un équipage international de six hommes et femmes, dont le Français Cyprien Verseux. Continuer la lecture
Elon Musk prône le bombardement de Mars
L’entrepreneur Canadien/Sud-Africain Elon Musk a créé le buzz sur le très regardé Late Show de la chaîne américaine CBS, en suggérant que Mars pourrait devenir habitable à coups de bombes atomiques. Ardent supporteur des missions pilotées vers la planète rouge et président de la société Space-X, qui fabrique des fusées et des vaisseaux spatiaux, Elon Musk a évoqué cette solution comme une boutade, mais elle a fait jaser.
Je commenterai cette actualité ce mercredi 16 septembre, dans l’émission de Sylvain Kahn “Planète Terre” sur France Culture, de 14h à 15h. Continuer la lecture
Un Martien parmi nous !
Dans le livre des records, l’été 2015 aura été marqué par la performance du cosmonaute russe Guennadi Padalka qui effectuait son cinquième vol spatial : à cette occasion, le 28 juin, il cumulait déjà plus de 803 jours passés dans l’espace—soit deux ans, deux mois et deux semaines—dépassant le précédent record détenu par le cosmonaute Sergueï Krikalev. Et comme Padalka ne terminera sa présente mission dans l’ISS (Station Spatiale Internationale) qu’en septembre, il reviendra sur Terre avec un record porté à deux ans et cinq mois, soit la durée d’une future mission martienne… Continuer la lecture
Volcans : Vénus éclipse Mars !
Mars contre Vénus : le match était lancé depuis longtemps dans le coeur des planétologues, quant à qui, de la planète rouge ou de l’étoile du berger, nous livrerait les premières images d’une éruption volcanique en direct, autre part que sur Terre. (Io, lune de Jupiter, est hors concours : elle est en éruption permanente sous l’influence marémotrice de la planète géante, ce qui est un sacré phénomène en soi).
Olympus Mons sur Mars deviendrait-il le premier volcan extraterrestre à nous émerveiller ainsi ? Or il semblerait que Vénus soit sur le point de remporter ce duel de titans, du moins si l’on en croit les dernières études infrarouges de la sonde européenne Venus Express.
Mars : un bon terroir
Décidemment, Mars n’en finit pas de nous surprendre depuis l’arrivée du robot Curiosity sur son sol. Avant cette mission, la planète rouge était présentée comme très hostile à la vie, avec un sol à la chimie agressive, bourré de superoxydes (des perchlorates, notamment) ; avec aucune matière organique (ces composés riches en carbone « réduit » dont la biologie a besoin) ; et un passé certes aqueux au début de son histoire, mais une eau que l’on nous présentait volontiers comme acide et inhospitalière pour la naissance de la vie.
Depuis, Curiosity a changé tout cela. On découvre petit à petit une Mars beaucoup plus séduisante, au point où je me remets à rêver d’un terroir où les futurs colons installeront des serres à même le sol et—petit phantasme personnel—planteront des vignes. Continuer la lecture
Curiosity dévoile l’histoire de Mars
On attendait beaucoup du rover Curiosity, posé le 6 août 2013 dans le cratère Gale de la planète rouge. Pour une mission aussi ambitieuse, coûteuse et unique—un seul robot automobile contre deux pour la génération précédente de Spirit et Opportunity—il fallait d’abord viser juste : choisir le bon site qui nous raconterait l’histoire la plus intéressante et la plus complète de l’histoire géologique et climatique de Mars. Il fallait ensuite réussir techniquement l’exploration et survivre suffisamment longtemps dans les conditions froides, rocailleuses, sableuses et abrasives du site pour analyser suffisamment de roches et d’échantillons de sol pour comprendre ce que le terrain avait à dire.
Après deux ans et demi sur Mars, on peut dire que le pari est gagné. Malgré son rythme de tortue, qui a depuis longtemps décroché le grand public mais n’a pas trompé les spécialistes, le long travail a fini par rapporter. Aux découvertes glanées dès les premiers jours de son périple—des bancs de gravier charriés par d’anciennes rivières, ainsi que des sédiments lacustres témoins d’une eau neutre, favorable à l’éclosion d’une vie passée—Curiosity vient de verser au dossier martien des éléments essentiels pour en comprendre les paysages et l’histoire : les premières analyses, depuis septembre dernier, des strates de l’impressionnante montagne de 5000 mètres de haut qui se dresse au milieu du cratère.