Insight en perte d’énergie

La sonde InSight de la NASA, qui s’est posée sur Mars le 26 novembre 2018 dans les plaines volcaniques d’Elysium, voit son alimentation électrique dangereusement décliner. Sa mission principale – axée sur une collecte de données sismiques et la mesure du flux de chaleur émanant de la croûte martienne – devait durer deux ans (une année martienne) et cet objectif a bien été atteint, mais les ingénieurs espéraient, comme dans toute mission martienne, une rallonge de données, possiblement jusqu’en 2022.
Les panneaux solaires sont en train d’en décider autrement, car la poussière tombée de l’atmosphère est telle que l’énergie électrique stockée par ses batteries a chuté de 5000 watts-heure en début de mission à 700 watts-heure aujourd’hui.
Faute en est au manque de vent qui ne balaye pas la poussière qui se dépose sur les panneaux. Déjà, les ingénieurs débranchent périodiquement le magnétomètre et la station météo pour économiser du courant, et le même sort pourrait être réservé au sismomètre français, le principal instrument. L’autre instrument principal, la sonde thermique qui devait s’enfoncer plusieurs mètres dans le sol, est déjà hors d’usage, abandonnée depuis le mois de janvier sans avoir jamais donné de résultats: apparemment, cette “taupe” qui devait creuser son trou par percussions répétées, ne trouve aucun “grip” dans le sol martien pour s’enfoncer, et est resté désespérément en surface.

La sonde thermique (en bas) à moitié sortie d’un trou qu’elle n’est jamais parvenue à creuser.


La mission est déjà toutefois un beau succès avec la mane d’informations recueillies par le sismomètre en deux ans, qui ont brossé un premier portrait de la faible, mais très intéressante activité sismique martienne.

Deux nouveaux séismes de magnitude 3 (3,3 et 3,1) ont en effet été détectées les 7 et 18 mars de cette année, s’ajoutant aux deux autres de même magnitude (3,6 et 3,5) détectées en mai et juillet 2019, toutes provenant du même système de failles et de fossés, Cerberus Fossae, à 1600 km à l’est de la sonde, qui se révèle être une région particulièrement active. Les géologues espèrent que la sonde InSight enregistrera encore quelques données de pareille importance avant de sombrer dans un sommeil bien mérité.

Le fossé de Cerberus, photographié depuis orbite, montre des éboulements que déclenchent peut-être les séismes concentrés dans cette région.

Perseverance : cap au sud

Le rover Perseverance entame son premier parcours scientifique dans l’arène du cratère Jezero, qui l’occupera jusqu’à la fin de l’année au moins. Contrairement aux expectatives, ce sera vers le sud, en s’éloignant du delta qui est la cible principale de la mission. Il s’agit d’étudier le fond de l’ancien lac qui occupait le cratère, avant de remonter vers le delta qui s’y est superposé.

En pointillé, depuis le site d’atterrissage Octavia Butler, le trajet qu’effectuera Perseverance vers le sud (vers “Raised Ridges”), puis après retour à son point de départ, vers le nord (“Three Forks”)


Ce terrain, appelé CF-FR (Crater Floor Fractured Rough) par les responsables de mission, semble assez ferme et peu piégeux pour le déplacement du rover, celui-ci longeant son contact avec une autre unité plus variée qui comprend des dunes de sable et des crêtes rocheuses qui en émergent, baptisée pour sa part Séitah, qui signifie “parmi les sables” en langue navajo – langue retenue pour nommer les roches et paysages de la mission, en hommage à la tribu amérindienne et à l’un de ses ingénieurs qui travaille sur la mission.

Vue de la formation hétéroclite “Séitah”, avec ses dunes de sable, depuis une dizaine de mètres d’altitude grâce à l’hélicoptère Ingenuity.

Une fois cette reconnaissance vers le sud effectuée, Perseverance reviendra à son point de départ, et comme second acte de son programme d’exploration, roulera vers le nord, puis vers l’ouest pour longer le front du delta.

Les nuages de Mars

Mars a des nuages. Cela pourrait étonner, dans la mesure où les media répètent à tort qu’il n’y a pas d’eau ou très peu d’eau sur Mars, et que l’atmosphère est quasi inexistante. Mais ce sont des propos tout relatifs. L’atmosphère martienne est bel et bien là : en regard de nos 1000 hectopascals (millibars), ses 7 ou 8 hectopascals paraissent insignifiants, mais ils sont suffisants pour porter et échanger de nombreuses molécules gazeuses à travers la planète, engendrer des vents, soulever des poussières et soutenir des nuages, aussi ténus soient-ils. Quant à l’eau, on sait qu’il en existe de grandes quantités sur Mars sous forme de glace, notamment aux deux pôles. Elle contribue une fraction minime, presque « symbolique » à l’atmosphère sous forme de gaz : cette vapeur d’eau représente une infime proportion de l’atmosphère (0,03 % en moyenne, contre 95 % pour le dioxyde de carbone, 2,8 % pour l’azote et 2 % pour l’argon), mais dans une atmosphère aussi raréfiée, c’est suffisant pour atteindre souvent un niveau de saturation et constituer des particules visibles que sont les nuages. Continuer la lecture