Vol lunaire pour touristes

SpaceX et son président Elon Musk ont fait une nouvelle annonce fracassante en ce 27 février, annonçant leur intention d’envoyer un équipage de deux astronautes « touristes » vers la Lune au cours du dernier trimestre 2018, soit 50 ans après le vol historique d’Apollo 8 piloté par Borman, Lovell et Anders. SpaceX devancerait du même coup la NASA qui prévoit aussi un retour à la Lune, mais avec une mission sans astronaute fin 2018, ou bien avec un équipage, mais fin 2019 au plus tôt.

Elon Musk devant son vaisseau spatial Dragon 2 (NASA/Dimitri Gerondidakis)

Les deux astronautes-touristes ont payé à SpaceX une première avance : tant la somme que l’identité des deux clients sont encore tenues secrètes. Dans son annonce, Elon Musk précise que d’autres clients s’inscrivent pour des vols ultérieurs. L’idée consiste à lancer un vaisseau Dragon 2—celui-là même que SpaceX développe pour lancer des équipages vers la Station Spatiale Internationale à partir de mai 2018—au moyen de la fusée Falcon Heavy en cours de construction par la même société SpaceX. Ces deux programmes—Dragon et Falcon Heavy—prennent du retard, et leur qualification pour des vols pilotés n’est pas encore acquise, ce qui peut jeter des doutes quant à leur disponibilité pour un vol circumlunaire fin 2018.

La fusée Falcon Heavy (SpaceX)

Cela étant, la mission en elle-même est tout à fait réalisable. Il ne s’agit ni de se poser, ni même de se mettre en orbite autour de la Lune, mais simplement de boucler une longue orbite qui frôlerait la Lune puis culminerait à 640 000 km de la Terre—conférant du même coup aux deux passagers le record d’altitude d’un vol spatial—avant un retour non propulsé vers la Terre (pas de risque de non-fonctionnement de moteur) sur une trajectoire balistique. Le vol, entièrement automatique (bien que les passagers seront formés pour toute éventualité de manœuvre), se terminerait par la rentrée de la capsule à haute vitesse dans l’atmosphère terrestre et un atterrissage par rétrofusées à Cap Canaveral.

Le vaisseau Dragon 2 en test d’atterrissage après un vol spatial (SpaceX)

Le coût de la mission serait étonnamment bas : un tir de fusée Falcon Heavy ne coûte que 90 millions $ environ, et en incluant le vaisseau Dragon et toute l’infrastructure à développer pour ce type de mission, il est fort à parier que les clients paieront chacun aux alentours de 100 millions $. À l’époque d’Apollo, et en ajustant aux devises actuelles, un vol autour de la Lune coûtait 10 milliards $ pour trois astronautes, soit 30 fois plus…
Sur le papier, le vol lunaire de SpaceX est réalisable et relativement peu coûteux. Il y aura des risques et les clients (dont l’identité sera dévoilée dans les mois à venir) le savent. La grande question reste les délais. Il y a urgence, puisque l’idée est de battre la NASA à son propre jeu : une course qui n’est plus entre les Etats-Unis et l’Union Soviétique, mais entre le secteur public et le secteur privé, avec une échéance à tenir—le 50ème anniversaire d’Apollo 8, décembre 2018.

Rovers martiens en 2017

Curiosity s’est photographié en selfie le 29 janvier 2017

Deux robots automobiles continuent d’arpenter Mars en cette année 2017 : Curiosity, bien sûr, qui s’est posé le 6 août 2012 dans le cratère Gale et qui va vers ses 5 années de présence sur la planète rouge ; mais aussi le « vétéran » Opportunity, rover de la génération précédente qui s’était posé le 25 janvier 2004 dans les plaines de Terra Meridiani et a débuté sa 14ème année sur Mars !

Opportunity sur les rebords du cratère Endeavour.

Éclipsé par la nouvelle-venue, Opportunity continue à faire de l’excellent travail : véritable marathonien, il compte 44 kilomètres au compteur. Et il n’a pas froid aux yeux : à poste depuis 2011 sur la crête du grand cratère d’impact Endeavour—large de 22 kilomètres et profond de 300 mètres—il flirte avec une pente atteignant 20 degrés par endroits, faisant généreusement patiner ses roues. Son objectif en 2017 : descendre explorer une petite ravine ou gully qui pourrait avoir été formée autrefois par un écoulement d’eau.

Une plaque de boue exondée et craquelée, preuve que dans le cratère Gale le fond du lac est devenu temporairement asséché.

Quant à la vedette Curiosity, elle finit de traverser le champ de dunes au pied du mont Aeolis—le massif central du cratère—et s’apprête à gravir une pente qui va le faire traverser plusieurs couches intéressantes, dont l’une riche en fer et l’autre riche en soufre. En attendant, Curiosity vient de photographier une plaque de sédiments craquelée, comme une boue qui se serait retrouvée exondée, ce qui confirme que le lac qui a occupé le cratère a changé maintes fois de profondeur, dont des périodes totalement à sec—du moins à l’endroit étudié.

Le jumeau de Curiosity en cours de définition pour un lancement en 2020.

Et déjà la Nasa prépare la prochaine mission : il s’agit du jumeau de Curiosity, qui n’a pas encore de petit nom, et qui sera lancé durant l’été 2020 pour une arrivée sur Mars début 2021. Si le système d’atterrissage (la grue volante) et le châssis de l’automobile seront peu ou prou identiques (les roues seront toutefois renforcées, vu les difficultés subies par Curiosity), les instruments scientifiques seront nouveaux : outre le bras manipulateur et des caméras et spectromètres avancés, il y aura un radar pour sonder le sous-sol et un appareil de démonstration pour transformer du dioxyde de carbone en oxygène dans la perspective des futures bases habitées.

Le delta du cratère Jezero, pressenti pour la prochaine mission de la NASA (NASA/JPL-CALTECH/MSSS/JHU-APL)

Quant au site d’atterrissage pour ce nouveau rover, il se précise : il ne reste plus que trois candidats en lice. Bizarrement, l’un d’entre eux est un site déjà exploré par le rover Spirit (2004-2011), à savoir les Columbia Hills du cratère Gusev où le premier robot a découvert des dépôts laissés il y a des milliards d’années par des sources volcaniques hydrothermales. Il y a une logique d’aller approfondir l’analyse d’un site déjà étudié et prometteur en matière d’indices de vie potentiels, mais découvrir un nouveau site paraît plus intéressant, ne serait-ce que pour le public qu’il ne faut pas oublier. Se détachent ainsi la province volcanique équatoriale de Syrtis Major, où des sources hydrothermales auraient également pu barboter, et surtout le cratère d’impact Jezero où un ancien delta marque la présence d’un lac antique, avec des traces d’argiles et de carbonates. Il est fort à parier que Jezero sera l’heureux élu…