La NASA patine, Musk affine

Depuis l’élection de Donald Trump, la NASA fait du surplace. Le candidat de l’administration à la présidence de la NASA, le républicain Jim Bridenstine, a été rejeté par les démocrates, et c’est ainsi un président par intérim, Robert Lightfoot, qui est en poste depuis plus de 400 jours… et qui part à la retraite. On s’avance vers un nouveau président par intérim. Et pendant ce temps-là, la NASA continue à plancher sur son projet de nouvelle station spatiale quelque part autour de la Lune, qui ne sert à rien.

Robert Zubrin propose toujours des solutions pratiques à moindre coût (© J. Lee/Staff)

De leur côté, les critiques se font entendre. Robert Zubrin, président de la Mars Society, souligne l’absurdité de ce Lunar Orbital Platform qui sert à justifier, entre autres, la poursuite du coûteux programme de fusée géante SLS de la NASA. Or, Zubrin précise qu’une fusée bien moins coûteuse est aujourd’hui opérationnelle : la Heavy Falcon de SpaceX (Elon Musk). Elle pourrait d’ores et déjà poser 12 tonnes de charge utile sur la Lune (pour rappel, le LEM Apollo transportait l’équivalent de 5 tonnes : son étage de remontée). Un premier Heavy Falcon poserait sur la Lune du cargo (panneaux solaires, automobiles, système de télécom) ; le second un habitat avec vivres et outils ; et le troisième poserait l’équipage avec son étage de retour sur Terre. Le tout pour moins d’un milliard d’euros par an, contre l’équivalent de 100 milliards (sur dix ans) pour le programme Apollo.

La stratégie lunaire de Robert Zubrin, basée sur les fusées Heavy Falcon de SpaceX


Quant à Elon Musk lui-même, il consacre désormais toute son énergie, son argent et son staff au développement de sa nouvelle fusée BFR de 4400 tonnes (106 m de haut, 9 m de diamètre, 31 moteurs-fusées à la base), pouvant satelliser jusqu’à 100 astronautes d’un coup, dans un habitacle plus grand qu’un Airbus A380. Une fois ce vaisseau en orbite, d’autres tirs de fusées identiques, en mode « tanker », viendraient faire le plein de ses réservoirs pour un élancement soit vers la Lune, soit vers Mars (150 tonnes de charge utile, astronautes compris). C’est cette versatilité, y compris la desserte de la Station Spatiale Internationale et le convoiement de gros satellites, qui financerait l’engin.

Le BFR s’auto-financerait en lançant des satellites

Les agences nationales veulent-elles reconquérir la Lune ? La fusée BFR s’y prêtera de bonne grâce. Mais c’est l’exploration de Mars qu’Elon Musk a en ligne de mire, et il confirme 2022 comme première date pour un atterrissage sur la planète rouge de deux vaisseaux-cargos, sans équipages dans un premier temps ; et 2024 pour deux nouveaux vaisseaux-cargos ET deux vaisseaux avec équipages !

L’entrepreneur annonce des progrès en ce sens, notamment la mise au point de son nouveau moteur Raptor à méthane et oxygène liquide, déjà tiré au banc d’essai pour des périodes dépassant 100 secondes. Musk précise que 40 secondes de combustion suffiront pour un atterrissage sur Mars : pour ce faire, un seul moteur serait nécessaire, alors que l’astronef du concept BFR en possèdera six.

Fusée BFR sur Mars. Un équipage dès 2024 ?

Pour le retour depuis Mars, il faut fabriquer le propergol sur place—tous les scénarios martiens y font appel, depuis le révolutionnaire Mars Direct de Robert Zubrin—et la charge utile que le BFR pourra rapporter sur Terre sera comprise entre 20 et 50 tonnes.

De beaux projets ? Les machines-outils ont déjà été commandées et la construction du BFR commence cette année…