La mission ExoMars reportée

Mars est à son tour atteint par le coronavirus.

On a appris sans surprise l’annulation du tir de la sonde européenne ExoMars qui devait décoller cet été pour poser un rover (baptisé Rosalind Franklin) sur la planète rouge. Faute en est au retard pris dans la validation des parachutes de la sonde, dont deux tests ont échoué en 2019 : le troisième test devait se dérouler aux Etats-Unis avec l’aide des ingénieurs de la NASA, d’abord en janvier, puis en février, et enfin en mars. Ces reports sont devenus insurmontables en vue de la crise du coronavirus. Vu le coût de la mission, qui va désormais dépasser deux milliards d’euros, et les attentes des scientifiques, prendre un risque à ce stade et lancer une sonde dont les parachutes ne sont pas au point, aurait été suicidaire.
C’est la seconde fois que la mission est reportée, puisque la sonde devait initialement décoller en 2018, puis en 2020. Les opportunités de décollage pour Mars n’ayant lieu que tous les 26 mois, à cause de l’alignement nécessaire des planètes, la prochaine fenêtre de tir d’ExoMars tombe désormais entre août et octobre 2022.

Test des parachutes d’Exomars au sol, en décembre 2019. Le report des essais en vol a fini par compromettre la mission. Crédit : NASA/JPL-Caltech

La menace plane aussi sur les deux autres sondes qui devaient prendre la route de Mars cette année : si le rover Persévérance de la NASA (version améliorée de Curiosity) est toujours sur le calendrier pour un lancement en juillet, l’assemblage de ses derniers instruments est fortement ralenti par les mesures de précaution associées à la pandémie du coronavirus, et les responsables américains, s’ils sont encore optimistes, commencent à évoquer une protection renforcée de leurs ingénieurs et ouvriers, qui pourrait donc affecter le tir.

Tout aussi aléatoire est le lancement de la troisième sonde martienne de l’année, Huoxing-1. Même si les ingénieurs chinois sortent du confinement avant les autres nations, ils ont désormais à faire face à l’échec d’un lanceur Longue Marche 7, le 16 mars, qui utilise le même moteur YF-100 que les boosters de la Longue Marche 5 affectée au vol martien. On ne sait donc pas si l’échec du 16 mars remettra en cause son tir.