Elon Musk prône le bombardement de Mars

Interrogé par Stephen Colbert (à droite), l'entrepreneur Elon Musk (à gauche) prône comme boutade le bombardement thermonucléaire des pôles de Mars.
Interrogé par Stephen Colbert (à droite), l’entrepreneur Elon Musk (à gauche) prône comme boutade le bombardement thermonucléaire des pôles de Mars.

L’entrepreneur Canadien/Sud-Africain Elon Musk a créé le buzz sur le très regardé Late Show de la chaîne américaine CBS, en suggérant que Mars pourrait devenir habitable à coups de bombes atomiques. Ardent supporteur des missions pilotées vers la planète rouge et président de la société Space-X, qui fabrique des fusées et des vaisseaux spatiaux, Elon Musk a évoqué cette solution comme une boutade, mais elle a fait jaser.
Je commenterai cette actualité ce mercredi 16 septembre, dans l’émission de Sylvain Kahn “Planète Terre” sur France Culture, de 14h à 15h.

Dans l’émission CBS du 9 septembre, lorsque le présentateur Stephen Colbert l’a interrogé sur la transformation possible de Mars en une planète habitable (la “terraformation”), Elon Musk a suggéré comme solution éventuelle le bombardement nucléaire des pôles, qui dégazerait suffisamment de vapeur d’eau et de dioxyde de carbone pour lancer un effet de serre et réchauffer la planète. Le journaliste ne l’a pas laissé terminer et présenter les autres manières beaucoup moins agressives d’arriver au même résultat.

Une fois "terraformé", Mars sera une planète verte et bleue (image d'artiste de Kevin Gill)
Une fois “terraformé”, Mars sera une planète verte et bleue (image d’artiste de Kevin Gill)

S’il est vrai qu’un bombardement des pôles—par bombes nucléaires ou par détournement de petits astéroïdes sur une trajectoire de collision avec la planète rouge—vaporiserait suffisamment de glace pour altérer et réchauffer l’atmosphère, d’autres méthodes comme le saupoudrage des pôles d’une fine poussière de basalte (assombrissement absorbant un plus grand pourcentage de lumière solaire), ou focalisation de la lumière solaire avec des miroirs géants en sustentation au-dessus des pôles, parviendraient aux mêmes fins.
On peut regretter qu’Elon Musk, visionnaire et leader de l’industrie astronautique privée avec sa fusée Falcon et sa capsule Dragon, soit complaisamment tombé dans des clichés pour le grand public. Le principe de la terraformation est en effet sérieux, quoique très ambitieux, puisqu’il s’agit ni plus ni moins de transformer l’environnement d’une planète en un temps relativement court : plusieurs décennies à plusieurs siècles. La plupart des scénarios consistent à relâcher des gaz à effet de serre dans l’atmosphère, soit en libérant le dioxyde de carbone et la vapeur d’eau contenus dans les glaces pôlaires et le permafrost des latitudes élevées ; soit en insufflant des gaz à effet de serre encore plus puissants, comme du méthane, de l’ammoniac ou des chlorofluorocarbones (le scénario étant alors de dévier des comètes qui en contiennent sur des trajectoires de collision avec Mars, ce qui n’est pas beaucoup plus subtil que les bombes thermonucléaires d’Elon Musk).

Un groupe d'étudiants de l'université de Darmstadt en Allemagne étudie l'implantation de cyanobactéries sur Mars (crédit CyanoKnights.bio)
Un groupe d’étudiants de l’université de Darmstadt en Allemagne étudie l’implantation de cyanobactéries sur Mars (crédit CyanoKnights.bio)

Enfin, la solution la plus élégante serait de développer et d’implanter sur les pôles de Mars des organismes génétiquement modifiés pour supporter le froid et la faible pression atmosphérique—cellules de type cyanobactérie—qui non seulement assombriraient la glace pour amorcer le réchauffement, mais émettraient des gaz à effet de serre supplémentaires, comme du méthane, et se multiplieraient naturellement. Mais cela, évidemment, est un peu trop complexe pour expliquer sur une émission grand public tard le soir…

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