Au port de La Restinga de l’île d’El Hierro, se succède des voiliers et autres embarcations EnR afin de traverser l’Océan Atlantique. Ce sont des transats originales faites par des navigateurs français en majorité bretons ou ayant de forts liens avec la Bretagne. Ces transatiers sont à la recherche d’exploits personnels afin de porter des initiatives citoyennes ou visant à promouvoir les EnR dans la lutte contre le changement climatique. Une force admirable anime ces navigateurs, combinée à une savante approche, sans oublier maints calculs effectués afin de ne pas disparaître en mer sur des prototypes, le plus souvent de leur dessin et quelquefois même faits de leurs mains. L’actualité est le prochain départ d’El Hierro du bateau à rames de Jérôme Bahuon (en photo ci-dessus) qui veut, grâce à sa traversée de l’Atlantique en solitaire, d’abord, récolter de l’argent pour l’association Leucémie Espoir et, ensuite, « dédramatiser le don de moelle osseuse ».
Au programme de son défi : « Deux mois en solitaire et un million de coups de rames pour 4 800 km parcourus », résume l’aventurier quimpérois – également le médecin radiologue de l’hôpital de Guigamp -, qui profitera de la traversée pour prélever en haute mer des échantillons d’ichtyoplancton pour le compte de la station de biologie marine de Concarneau. Le grand départ de cette épopée, depuis les Canaries, devrait être le 25 janvier 2019, selon Le Parisien Libéré. Un défi à suivre sur son site Internet en cliquant sur l’onglet Facebook et avec ce lien cartographique.
La traversée a été un franc succès et elle s’est achevée en Martinique le 3 avril 2019 après un départ d’El Hierro, finalement le 2 février.
Dans l’ordre chronologique et à ma connaissance, se sont succédé :
- en novembre 2017, l’équipage du grand catamaran Energy Observer qui vise à démonter, par un voyage de 6 années, qu’un tour du monde, sans ravitaillement d’énergie, est possible sur un bateau à hydrogène avec un moteur hybride mais toujours avec des EnR : des batteries solaires, une voile de kitesurf, etc.
- en décembre 2017, le frêle esquif de L’Atlantique à la godille, porté, littéralement, à bout de bras par Hervé Le Merrer ;
- en décembre 2017 toujours, le bateau à rames de Xavier Fabre, animateur en milieu hospitalier des soins contre les maladies de la sénilité (EHPAD Av El Armor de Concarneau), qui amène lui un message pour l’association Un Océan de maux qui veut changer notre regard sur la maladie d’Alzheimer ;
- en octobre-novembre 2018, le monocoque Luna Blu, de conserve avec le voilier Ka Ora, de l’association Planète en Commun qui effectue un voyage en famille solidaire afin d’illustrer la lutte contre le changement climatique, notamment avec des scientifiques de l’IRD et du Lycée Jean Monnet, entre Sète et Ushuaïa en Patagonie argentine ;
- en décembre 2018, le départ du port de La Restinga le 9 d’un rameur en solitaire vers la Martinique, Christophe Papillon, ancien parachutiste visant avec succès, avec ses parrains, à aider la cause et les finances des orphelins et veuves de guerre tout en rendant hommage à ses camarades tombés au champ d’honneur ;
- en décembre 2018 toujours, le défi en solitaire d’un sportif de haut niveau et d’un âge certain de L’Atlantique en tonneau. A ce jour, le 23 janvier, Jean-Jacques Savin est encore en haute mer, à la merci des courants qui sont étudiés, grâce aux balises de la JCOMMOPS (organisation internationale qui observe les océans) qu’il largue. Son odyssée volontaire et solitaire, depuis son départ d’El Hierro le 26 décembre 2018, fait aussi l’objet de mesures scientifiques quant à la survie humaine. Tel un nouveau Diogène, il devrait rester dans son tonneau 3 longs mois.
Le 7 février, il avait parcouru 1 200 kilomètres ou 650 milles nautiques. Enfin, le 3 mai 2019 après 127 jours de mer en solitaire soit plus de 4 mois, Jean-Jacques Savin monte, de son tonneau, à bord d’un bateau à proximité de l’île néerlandaise de Saint-Eustache (Petites Antilles, Caraïbes) située au sud de celle, plus connue, de Saint-Barthélemy.
- en décembre 2018 toujours, le défi en solitaire d’un sportif de haut niveau et d’un âge certain de L’Atlantique en tonneau. A ce jour, le 23 janvier, Jean-Jacques Savin est encore en haute mer, à la merci des courants qui sont étudiés, grâce aux balises de la JCOMMOPS (organisation internationale qui observe les océans) qu’il largue. Son odyssée volontaire et solitaire, depuis son départ d’El Hierro le 26 décembre 2018, fait aussi l’objet de mesures scientifiques quant à la survie humaine. Tel un nouveau Diogène, il devrait rester dans son tonneau 3 longs mois.
Comme le dit la professeure de physique et amie Christine Genuist du Lycée Jean Monnet de Montpellier, venue deux fois, travailler avec ses élèves et des étudiants, sur El Hierro en 2016 et 2018 :
« Toutes ces tranches de vie montrent des gens ordinaires faire des exploits peu ordinaires au service des causes qu’ils défendent ».
Je suis heureux de voir tous ces navigateurs français partir d’El Hierro, l’île symbole des EnR pour les sites classées de l’Unesco (avec le programme Renforus) et une réserve de la biosphère. Ayant eu la chance d’aider les programmes Energy Observer et Planète en Commun sur El Hierro comme d’avoir accompagné de loin L’Atlantique à la godille, je pense néanmoins que ces transats ont pu s’appuyer en partie sur deux petites entreprises de plongée de Français, installées à La Restinga : Taxidiver de Jean-François Billant et Meridiano Cero.
Depuis l’Antiquité et le géographe Ptolémée d’Alexandrie, il est loin le temps quand El Hierro, sur une Terre plate, était un bout du monde ; elle était une île désolée, jusqu’aux années 1970 particulièrement lors des grandes sécheresses telle celle de 1948, que bien de ses habitants, quelquefois en passager clandestin, avaient dû fuir afin d’émigrer à Cuba et au Venezuela. Auparavant, entre 1634 et 1792, El Hierro ne fut la porte du Nouveau Monde que pour les navigateurs, géographes et autres astronomes lorsque la France, suivie d’autres pays tels les empires espagnol et austro-hongrois, y faisait passer le méridien zéro. Pour les marins et les savants, El Hierro était l’« île de fer » ou bien « Insula da ferro » ou encore « Insula Ferri » ou simplement « la isla del Meridiano ».
En 1884, quand celui de Greenwich devint la référence internationale de longitude, il faut noter que 2 % des capitaines utilisaient toujours l’antique méridien de l’île de Fer (El Hierro) et l’étude portait sur près de 60 000 navires. Il est à noter que les Français firent de la résistance car créateurs des méridiens de l’île de Fer puis de Paris. Ils ne finirent par adopter celui de Greenwich qu’en 1911. Merci à l’Ami Dominique Delport de Tessy-Bocage pour ce tuyau.
De nos jours, El Hierro est devenue un spot recherché par les sportifs (plongée, parapente, biathlon, etc.), tout en restant une île tranquille, et vraiment elle est la porte d’un nouveau monde avec ses énergies renouvelables (EnR) et ses initiatives locales pour un développement durable.
Ainsi La Restinga n’est pas un port privé, comme bien souvent aux Canaries où le yachting est développé, mais un abri à un prix raisonnable ; il est considéré, par l’administration, comme un môle pour les pêcheurs côtiers, d’ailleurs fort actifs. Ces derniers sont regroupés dans une coopérative – la Cofradía de Pescadores de Nuestra Señora de los Reyes – et ils pratiquent une pêche responsable, notamment au thon, qui est internationalement reconnue comme telle.
Par conséquent pour ce faisceau de raisons, bien des navigateurs de haute mer choisissent El Hierro et plus précisément La Restinga pour s’élancer vers les Amériques et les Caraïbes.
L’image mis en avant est celle de Jérôme Bahuon, radiologue de 33 ans, qui a laissé sa Bretagne, avec son navire le 19 janvier 2019, pour rejoindre les Canaries et ainsi entamer une traversée de l’Atlantique à la rame, autour du 25 courant, au profit de Leucémie Espoir. © Facebook/Traversée Bigood dans Le Parisien Libéré du 19/01/2019.