Où est Curiosity ?

En ce début d’année 2014, l’automobile Curiosity a passé la barrière des 500 « sols » (jours martiens) passés sur la planète rouge. Le propre des missions robotiques martiennes, c’est qu’elles se déroulent à une allure de tortue, le but n’étant pas de battre des records de vitesse, mais de progresser sans risques à travers un terrain piégeux, alternant roches acérées et dunes de sable où il est facile de s’enliser. Malgré toutes les précautions, le rover a déjà détérioré ses roues avant (voir photo), poussées rudement contre les obstacles par la motricité des roues arrière. Les ingénieurs vont donc composer avec ce problème inattendu, en passant par exemple en régime 4-roues motrices plutôt que 6-roues motrices, pour diminuer la force exercée par la propulsion, voire retourner le rover et conduire en marche arrière pour répartir l’usure sur toutes les roues.

Curiosity use ses roues avant à un rythme inquiétant (notez la déchirure en haut à droite), en raison de roches particulièrement tranchantes. (NASA/JPL-Caltech/MSSS)
Curiosity use ses roues avant à un rythme inquiétant (notez la déchirure en haut à droite), en raison de roches particulièrement tranchantes. (NASA/JPL-Caltech/MSSS)

Mine de rien, Curiosity a couvert à ce jour (dernier pointage le 9 février) exactement 5 kilomètres depuis son atterrissage en août 2012, ce qui est équivalent à la distance parcourue par son prédécesseur, la sonde Opportunity, pendant le même laps de temps en 2004-2005. Il reste pratiquement le double à parcourir (une dizaine de kilomètres en dents de scie) avant d’arriver au point d’entrée des terrains géologiques intéressants (la fosse aux argiles, les couches de sulfate) à la base du mont Sharp. Les navigateurs espèrent bien y arriver avant la fin de l’année.

Carte du trajet accompli par Curiosity depuis son atterrissage (Bradbury Landing) sa sortie de l’aire d’échantillonnage Yellowknife Bay (en haut à droite) où ont eu lieu les dernières analyses de sol il y a désormais sept mois. L’encadré en bas à droite montre un gros plan de la brèche (Dingo Gap) empruntée par le robot. (NASA/JPL-Caltech/MSSS)
Carte du trajet accompli par Curiosity depuis son atterrissage (Bradbury Landing) sa sortie de l’aire d’échantillonnage Yellowknife Bay (en haut à droite) où ont eu lieu les dernières analyses de sol il y a désormais sept mois. L’encadré en bas à droite montre un gros plan de la brèche (Dingo Gap) empruntée par le robot. (NASA/JPL-Caltech/MSSS)

Le cheminement n’est pas aisé, mais grâce aux images satellite et aux gros plans pris par le robot en 3D, les navigateurs choisissent les options les moins hasardeuses. Ce fut le cas récemment, en passant d’un petit vallon à un autre à travers une échancrure dans une ride rocheuse (« Dingo Gap »), et cela malgré une dune de sable un peu inquiétante en pleine trajectoire.

Avant l’arrivée à la base du Mont Sharp, il y a un site intermédiaire, distant de 800 mètres seulement à vol d’oiseau (mais sans doute le double en tenant compte des obstacles), où de nouvelles analyses de sol et de roche sont prévues. Le site, temporairement matriculé KMS-9 (mais on peut compter sur les Américains pour un nom plus accrocheur en temps utile), affiche trois types de terrain différents de ce qui a été étudié jusqu’à présent, et va élargir notre palette de résultats. Rappelons que jusqu’à présent, Curiosity a découvert des sols argileux très neutres chimiquement, qui témoignent d’une eau relativement douce dans un ancien lac au fond du cratère Gale, ce qui a considérablement relancé les espoirs que la planète rouge a connu des conditions favorables à l’apparition de la vie dans un lointain passé.

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