Vous savez que les sites miroirs sont à éviter. Toutefois, autant ne pas bouder son plaisir car mon Institut, l’IRD, vient de donner un coup de pouce en créant un club Jeunes pour la transition énergétique basé sur El Hierro. Pourquoi ? C’est toujours difficile de le dire, sachant que l’on parle de soi en partie, mais, après la phase des mots, la transition énergétique entre progressivement dans les usages.
Au début, la transition énergétique n’était qu’un concept germanique “Das Energiewende”. D’ailleurs, le premier qui m’en parla clairement fut le ministre fédéral de l’Environnement Peter Altmaier en février 2013. C’est en 2009 que l’Allemagne, notre voisin et pays ami, s’était engagée dans la transition énergétique nationale avec un objectif de 18% d’EnR dans le mix énergétique et l’accident nucléaire gravissime (de niveau 7) de Fukushima au Japon en 2011 ne fit que l’accélérer. Les acquis d’une coopérative citoyenne d’électricité (créée elle-même à la suite de l’explosion du toit du réacteur nucléaire n°4 de Tchernobyl en 1986 et donc de la large dispersion sur toute l’Europe des radio-éléments qui en suivit) EWS Schönau jouèrent beaucoup en ce sens. Cette coopérative compte 160 000 clients satisfaits, tous abonnés à un bouquet 100% énergies renouvelables (EnR). Comment moi, modeste chercheur travaillant depuis 1991 sur El Hierro (une petite île alors inconnue ou presque, battue par le vent et souvent occultée par le brouillard), ai-je pu rencontrer à Paris le ministre allemand de l’Environnement ? C’est grâce à Alain Grandjean qui m’avait incorporé dans la cinquantaine d’experts de bonne volonté autour du Débat National sur la Transition Energétique (DNTE), du temps de Mme Delphine Batho au Ministère de l’Ecologie, du Développement Durable et de l’Energie (MEDDE). M. Peter Altmaier m’avait exhorté en ces termes le 8 février 2013 : “Alain, il faut rêver ! (pour faire)” paraphrasant, à propos de la transition énergétique d’Allemagne et donc parlant de celle en marche depuis plus longtemps encore sur El Hierro, les mots de Martin Luther King au sujet de la libération mentale des Afro-Américains.
A mon échelle, le club Jeunes de l’IRD, porté par ma Collègue Mme Muriel Tapiau, reprend l’idée de la venue des étudiants avancés de Berlin sur El Hierro qui a lieu depuis quelques années. De même et en parallèle, le seul lycée d’El Hierro, l’IES Garoé de Valverde, a monté un programme d’échanges qui court depuis novembre 2015 avec d’autres établissements européens, dans le cadre du programme Erasmus+ (en espagnol). En voici une brève vidéo de présentation.
Enfin, par des illustrations, je montre les thèmes que les élèves du Lycée Jean Monnet de Montpellier et leurs professeurs, Mmes Dominique Chirpaz (sciences de la vie et de la Terre) et Christine Genuist (celles physiques), souhaitent aborder du 28 avril au 4 mai 2016 sur El Hierro, sachant qu’ils y travaillent en classe, depuis la dernière rentrée scolaire.
- L’écologie
- L’arbre fontaine
- La capture du brouillard par des filets
- Le volcanisme
- L’éolien
- L’hydraulique
- La centrale hydraulique
- Le dessalement de l’eau de mer
- Les eaux souterraines drainées par des galeries souterraines dans les volcans
- Les impluviums pour recueillir les eaux de pluie – ici les anciens “adejes” des zones sèches hérités des Romains puis des Arabes
- La mobilité électrique et propre sur l’île en route depuis 2011
- Les réseaux intelligents insulaires (smart island)
- L’agriculture et l’élevage biologiques
- La pêche durable
- Le recyclage
- L’art au travers du land art, de l’architecture minimaliste, de l’architecture recyclée et de l’art moderne avec les wind toys. Cela grâce à la personnalité fédératrice et l’héritage pour l’essentiel de l’artiste polyvalent qu’était César Manrique.
Je sais bien qu’il sera difficile de tout voir et comprendre, sur le terrain, en un si court laps de temps – une semaine – sans compter que l’île d’El Hierro se caractérise par une météorologie souvent capricieuse. Toutefois, autant mettre la barre haute !
De façon appliquée, les élèves ont préparé leur voyage, depuis le début de l’année scolaire, tout en ouvrant les portes de leur lycée, celui Jean Monnet de Montpellier, le 23 mars 2016. Ils sont mis en avant dans ce billet par une photographie d’Hélène Gosselin du quotidien du Sud “La Marseillaise“.