Maintenant la colonie de faucons de Saint-Pons-de-Mauchiens, photographiée avec talent par Pierre-Marie Epiney, voisine avec les deux parcs éoliens de la commune d’Aumelas : 18 éoliennes de 2 MW ce qui n’est pas sans incidence sur les rapaces surtout quand ils nichent. Tout proche, il y a encore un parc de 13 éoliennes. Toutefois à l’inverse, ces trois parcs n’ont pas empêché l’installation de centaines de ces petits rapaces dans leurs environs. Maintenant, j’essaie de voir les faits en détail.
Puis en second lieu, sont responsables d’hécatombes les fenêtres et elles sont en général heurtées la tête la première en plein vol (avec un nombre d’oiseaux tués estimé à 600 millions/an encore aux USA). Ensuite, vient le trafic routier (avec un nombre d’oiseaux tués de l’ordre de 200 millions/an toujours aux USA). Les collisions avec les éoliennes n’arrivent qu’en 8ème cause de mortalité et elles ne tuent que 234 000/an d’oiseaux par année. Un chiffre qui n’a rien à voir avec les précédents même si cela reste encore trop élevé et qu’il y a bien moins d’éoliennes que de chats, fenêtres et voitures. En France, selon le rapport de la LPO nationale de 2017 que je recopierai largement, «le nombre de cas de collisions constatées est extrêmement variable d’un parc à l’autre et il apparaît relativement faible au regard de l’effort de prospection mis en œuvre : 37 839 prospections documentées ont permis de retrouver 1 102 cadavres d’oiseaux. L’estimation de la mortalité réelle (prenant notamment en compte la durée de persistance des cadavres et le taux de détection) varie selon les parcs de 0,3 à 18,3 oiseaux tués par éolienne et par an, des résultats comparables à ceux obtenus aux Etats-Unis (5,2 selon Loss et al., 2013) ou au Canada (8,2 selon Zimmerling et al., 2013). En France, les oiseaux migrateurs, principalement des passereaux, représentent environ 60 % des cadavres retrouvés. Le roitelet à triple bandeau et le martinet noir, impactés principalement lors de la migration postnuptiale, sont les espèces les plus dénombrées sous nos éoliennes ».On retrouve cette prévalence aux Etats-Unis mais il faut dire que les passereaux sont de loin l’ordre des oiseaux dont les effectifs sont les plus abondants.
La vidéo amateur suivante de la croissance d’un martinet noir a été tournée à Montpellier et dans sa région par ou mise en ligne par Bernard Pasobrola sur son blog Errata.
Puis, ajoute la LPO en 2017 : « Les rapaces diurnes (dont par conséquent aussi le faucon crécerellette) qui représentent 23 % des cadavres retrouvés – principalement pendant la période de nidification –, forment le deuxième cortège d’oiseaux impacté par les éoliennes. Sur les 97 espèces retrouvées mortes, 75 % sont officiellement protégées en France. 10,2 % des cadavres appartiennent à des espèces inscrites à l’Annexe I de la Directive Oiseaux tels le faucon crécerellette, le milan royal, le milan noir ou le busard cendré et 8,4 % appartiennent à des espèces considérées comme menacées sur la liste rouge française à l’instar du gobemouche noir, du bruant jaune, etc. La mortalité directe due aux éoliennes est au moins deux fois plus importante dans les parcs situés à moins de 1 000 m des Zones de Protection Spéciale (zones Natura 2000 au titre de la Directive Oiseaux) et elle y affecte bien plus qu’ailleurs les espèces patrimoniales. Les parcs éoliens les plus anciens – ceux mis en service avant 2004 – étant plus souvent que les autres situés dans des espaces naturels et à proximité des ZPS, il conviendra d’être très vigilant pour toute démarche qui consisterait à simplifier leur renouvellement sans prise en compte sérieuse des enjeux biodiversité. »
La LPO préconise les quatre mesures qui suivent.
Élaborer sans plus tarder un protocole de suivi robuste applicable à tous les parcs éoliens afin de conforter dans le temps le suivi de l’impact des parcs en fonctionnement.
Mieux prendre en compte les migrateurs nocturnes lors du développement des projets éoliens.
Préserver les espaces vitaux des rapaces diurnes, premières victimes des éoliennes au regard de leurs effectifs de population.
Refuser l’implantation d’éoliennes à l’intérieur et à proximité des ZPS.
En 2017 pour Allain Bougrain-Dubourg, homme de médias et président de la LPO nationale française depuis 1986 : « Les transitions énergétiques ne peuvent s’exonérer de la prise en compte de la biodiversité et sont condamnées à réussir ensemble ». Toujours en 2017, l’association France Nature Environnement était sur la même ligne : « Si FNE n’est absolument pas opposée au développement de l’industrie éolienne, celui-ci ne doit cependant pas se faire au détriment des habitats naturels, ni au prix de la méconnaissance de nos règles environnementales ». Dans l’Hérault et précisément dans la zone des parcs éoliens où évolue en partie le faucon crécerellette, elle conteste l’efficacité des mesures prises par EDF Energies Nouvelles, ainsi l’installation tardive d’un système d’effarouchement des oiseaux. Depuis 2017, l’affaire a été portée par FNE en justice et tout indique qu’elle sera longue à régler avec le gestionnaire EDF Energies Nouvelles ainsi que les sociétés propriétaires des éoliennes. Cela sera devant le Tribunal de Grande Instance de Nanterre, afin d’obtenir, du côté FNE, réparation du préjudice subi au titre de la destruction de plus d’une centaine de faucons crécerellettes soit celle d’oiseaux d’une espèce protégée.
4 réflexions sur “ Saint-Pons-de-Mauchiens : faucon crécerellette, LPO et éolien à Aumelas ”
Mon mari (Michel Langlois) m’a fait suivre cette page par laquelle je n’ai pas fini d’aller à la découverte d’informations étonnantes sur divers sujets et aussi de magnifiques photos sur les merveilles de la nature…entre autres!!!!!!
Alors MERCI
Nicole
Chère Madame,
Merci beaucoup de ce message et, ce matin le 20 février, j’ai ajouté des informations, accessibles grâce surtout à des liens actifs, sur le système de détection des oiseaux installé par EDF-EN sur des éoliennes des 3 parcs de cette région de l’Hérault.
Le système espagnol DTBird® est basé sur la reconnaissance visuelle automatisée de cibles aériennes.
Bonne journée
Très intéressant et très bien documenté. Merci.
Par contre, étant donné que l’énergie éolienne est intermittente et que nous n’avons pas de problèmes d’émissions de CO2 pour la production d’électricité en France, ne pourrait-on pas définir de larges zones d’exclusion de l’éolien dans les zones sensibles et ainsi faire valoir le principe de précaution (uniquement pour l’avifaune) ?
Les éoliennes ne sont en aucun indispensable et la protection des espèces menacées, si.
Des chats et des fenêtres, dans des parcs naturels, il n’y a en a pas tant que ça, des espèces protégées au contraire, il y en beaucoup, alourdissant ainsi la mortalité due aux éoliennes (sans parler de l’impact sur leur habitat et leur tranquillité).
Bonjour,
Merci beaucoup de votre intérêt. J’essaie de vous répondre.
De larges zones d’exclusion existent déjà notamment pour satisfaire les exigences aéronautiques et militaires. La LPO n’est pas opposée, de façon systématique, aux énergies renouvelables dont les éoliennes. Après, il faut trouver un terrain d’entente localement. Des progrès restent à faire chez les gens, les sociétés et les entreprises qui implantent les éoliennes, je vous l’accorde.
Quant aux oiseaux, ceux qui sont impactés le plus sont bien sûr les plus courants soit les petits passereaux : moineaux, bruants, étourneaux, alouettes, par exemple. Ils sont les premières victimes des chats (dont ceux dits errants ou harets) et des fenêtres. La perte, ces dernières décennies, dépasse toujours les 50 % de leurs effectifs. Les insectivores sont les plus fragiles mais les pesticides touchent aussi les granivores tandis que l’artificialisation des terres est le problème n° 1. Progressivement, la campagne est vidée de ses insectes, de ses oiseaux (et de ses chauves-souris). Ainsi trois milliards d’oiseaux ont disparu depuis 1970 en Amérique du Nord.
Bref, il y a du grain à moudre, je vous l’accorde volontiers, dans beaucoup de domaines.
« Les climats, les saisons, les sons, les couleurs, l'obscurité, la lumière , les éléments, les aliments, le bruit, le silence, le mouvement, le repos, tout agit sur notre machine, et sur notre âme . » Jean-Jacques Rousseau, Les confessions.
Mon mari (Michel Langlois) m’a fait suivre cette page par laquelle je n’ai pas fini d’aller à la découverte d’informations étonnantes sur divers sujets et aussi de magnifiques photos sur les merveilles de la nature…entre autres!!!!!!
Alors MERCI
Nicole
Chère Madame,
Merci beaucoup de ce message et, ce matin le 20 février, j’ai ajouté des informations, accessibles grâce surtout à des liens actifs, sur le système de détection des oiseaux installé par EDF-EN sur des éoliennes des 3 parcs de cette région de l’Hérault.
Le système espagnol DTBird® est basé sur la reconnaissance visuelle automatisée de cibles aériennes.
Bonne journée
Très intéressant et très bien documenté. Merci.
Par contre, étant donné que l’énergie éolienne est intermittente et que nous n’avons pas de problèmes d’émissions de CO2 pour la production d’électricité en France, ne pourrait-on pas définir de larges zones d’exclusion de l’éolien dans les zones sensibles et ainsi faire valoir le principe de précaution (uniquement pour l’avifaune) ?
Les éoliennes ne sont en aucun indispensable et la protection des espèces menacées, si.
Des chats et des fenêtres, dans des parcs naturels, il n’y a en a pas tant que ça, des espèces protégées au contraire, il y en beaucoup, alourdissant ainsi la mortalité due aux éoliennes (sans parler de l’impact sur leur habitat et leur tranquillité).
Bonjour,
Merci beaucoup de votre intérêt. J’essaie de vous répondre.
De larges zones d’exclusion existent déjà notamment pour satisfaire les exigences aéronautiques et militaires. La LPO n’est pas opposée, de façon systématique, aux énergies renouvelables dont les éoliennes. Après, il faut trouver un terrain d’entente localement. Des progrès restent à faire chez les gens, les sociétés et les entreprises qui implantent les éoliennes, je vous l’accorde.
Quant aux oiseaux, ceux qui sont impactés le plus sont bien sûr les plus courants soit les petits passereaux : moineaux, bruants, étourneaux, alouettes, par exemple. Ils sont les premières victimes des chats (dont ceux dits errants ou harets) et des fenêtres. La perte, ces dernières décennies, dépasse toujours les 50 % de leurs effectifs. Les insectivores sont les plus fragiles mais les pesticides touchent aussi les granivores tandis que l’artificialisation des terres est le problème n° 1. Progressivement, la campagne est vidée de ses insectes, de ses oiseaux (et de ses chauves-souris). Ainsi trois milliards d’oiseaux ont disparu depuis 1970 en Amérique du Nord.
Bref, il y a du grain à moudre, je vous l’accorde volontiers, dans beaucoup de domaines.