Archives pour l'étiquette Bolivie

Afrique et Bolivie : Yann L’Hôte et Ana Forenza, bénédictins des archives

Comme la plupart des gens, je n’aime guère rédiger des hommages car leur écriture est douloureuse. Toutefois le départ récent, vers l’autre rive, de mon ancien Collègue hydrologue Yann L’Hôte, en novembre 2018, est aussi l’occasion de montrer l’héritage intellectuel des chers disparus, telle l’archiviste bolivienne Ana Forenza, et de souligner notre altérité.
Yann L’Hôte était une personne discrète qui s’effaçait devant ses travaux si bien que j’ai eu des difficultés à trouver de lui une  photographie récente, même bien petite, sur la Toile.

L’hydrologue Yann L’Hôte, un jour de froidure, est au premier plan et tout à droite avec un groupe d’amis de Mémoire d’Oc, une section de l’Université du Tiers Temps de Montpellier. Porte menant à la butte de l’ancien château, cité de Pézenas (Hérault). © M.O.

Pendant des décennies, Yann a compilé, rangé, analysé et critiqué des données du climat surtout de la pluviométrie appelée encore la mesure de la pluie. Continuer la lecture

Amérique du Sud : il y a 2500 ans le début du boom de la civilisation Guarani

Pour la première fois, j’ai rencontré le professeur uruguayen José Iriarte de l’université anglaise d’Exeter le 11  mai 2017 à Saragosse. Pourquoi Saragosse ? Parce que j’anime, depuis le début 2006, la partie histoire du climat du programme PAGES (Past Global Changes) Amérique du Sud dit LOTRED et que, tous les quatre ans, nous avons un congrès mondial. Ici, après Goa en Inde en 2013, c’était en Espagne OSM Zaragoza 2017 et tous les résumés des communications orales sont en ligne (en anglais).
José Iriarte y présenta les résultats obtenus par son équipe internationale au sujet du boom de la civilisation Guarani à la fin de l’Holocène. Il montra son extension géographique et son déroulement temporel. L’expansion des Guarani est l’une des plus importantes dans le monde car elle se développa de la région de l’Amazonie méridionale jusqu’au sud-est de l’Amérique du Sud (de l’équateur jusqu’à 35° S) soit environ sur 4 000 km. Elle commença il y a environ 2 500 ans (en langage scientifique 2.5k cal. yr BP).

Répartition actuelle des langues tupi (violet) et des langues tupi-guarani (rose), et extension supposée du tupi-guarani dans le passé (gris-rose). Le contour de frontières ont en blanc et il inclut ceux des différents Etats du Brésil, ce pays étant de constitution fédérale. © Wikipedia

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Potosi : boom minier et patrimoine industriel et urbain en danger

Voici un résumé de mon intervention orale le 8 novembre 2016 au Workshop ou à l’Atelier TRAMINES (Regards croisés sur les trajectoires socio-environnementales des sites miniers actuels et passés), organisé par l’Université de Savoie .

Depuis une bonne décennie, la grande presse montre la face noire de la mondialisation des échanges en Europe et aux Etats-Unis. Toutefois que c’est-il passé ? A mon sens, entre le début des années 2000 et 2010 , les produits non ou peu transformés, tels les métaux et le riz, ont enfin atteint des prix élevés, un trait qui n’advenait pas depuis des siècles durant lesquels la croissance de l’Occident fut basée pour une large part sur les prix bas ou très bas des matières premières. Ce point de vue est aussi et d’abord celui de Filipe Duarte Santos, professeur de l’Université de Lisbonne et auteur entre autres de l’ouvrage “Humans on Earth” (2012) dans lequel il montre l’évolution favorable des prix, sur le marché mondial, du panier de ces produits caractéristiques des pays du Sud.

Le Prof. F. D. Santos est un Collègue que j’ai eu la chance de rencontrer au Pérou, lors d’un congrès sur les zones arides organisé par l’Université Nationale San Agustin d’Arequipa (UNSA), en octobre 2011.

A une échelle plus locale, la Bolivie, un pays sud-américain grand producteur de matières premières ou de produits non transformés  (métaux non-ferreux, gaz et soja), en a profité. En descendant encore à l’échelle d’une ville telle Potosi (presque 200 000 habitants), le nouveau boom minier (zinc, argent, plomb, lithium au-delà de la cité, etc.) fut poussé grandement par la demande des pays du Sud-Est asiatique en pleine industrialisation.

La ville de Potosi, le canal de la Ribera et le Cerro Rico, la montagne d'argent. Vue du centre vers les quartiers hauts traditionnellement de paroisses d'Indiens et donc plus pauvres. L'église de la paroisse San Benito est à gauche tandis que le canal de La Ribera dont l'eau fait tourner toutes les usines de Potosi se devine au premier plan derrière le grand mur blanc. A droite, le grand cône du Cerro Rico (4800 m), qui fut le plus grand gisement d'argent du monde et qui est toujours exploité intensivement par des mines de coopératives ouvrières. ©A. Gioda, IRD, vers 1998.
La ville de Potosi, le canal de La Ribera et le Cerro Rico, la montagne d’argent. Vue du centre vers les quartiers hauts traditionnellement des paroisses d’Indiens et donc les plus pauvres. L’église de la paroisse San Benito est à gauche tandis que le canal de La Ribera dont l’eau fait tourner toutes les usines de Potosi se devine au premier plan derrière le grand mur blanc qui la longe. A droite, le grand cône du Cerro Rico (4800 m), qui fut le plus grand gisement d’argent du monde et qui est toujours exploité intensivement par des mines de coopératives ouvrières. ©A. Gioda, IRD, vers 1997.

Il en résulta une tension localement entre production et conservation dans la ville de Potosi, classé au patrimoine de l’Humanité depuis 1987 par l’Unesco. Continuer la lecture