En 2018 et 2019, nous célébrons le 50ème anniversaire des vols Apollo : en décembre de cette année, ce sera l’anniversaire d’Apollo 8—le premier voyage Terre-Lune, à hauts risques, de Borman, Lovell et Anders. En juillet 2019, ce sera l’anniversaire de l’alunissage mythique de Neil Armstrong et Buzz Aldrin.
Ces astronautes, je les ai bien connus, car au lendemain des vols Apollo, je suis allé étudier la planétologie—la géologie de la Lune et de Mars—aux Etats-Unis : thèmes que j’enseigne désormais là -bas aujourd’hui. J’ai eu l’opportunité de vivre de belles aventures avec mes héros : randonnées géologiques, virées en hélicoptère, ou tout simplement apéros tard dans la nuit, avec Pete Conrad, Alan Shepard, David Scott, Harrison Schmitt…
L’équipage d’Apollo 14 : Ed Mitchell à gauche, Stuart Roosa à droite, et au centre l’intimidant Alan Shepard… avec qui j’ai passé moult soirées au bar pour deviser de la Lune et d’ailleurs…
Je leur devais bien un livre. C’est chose faite avec L’ Aventure Apollo, sorti cette semaine chez Dunod : non seulement le récit de leurs vols sensationnels vers la Lune, mais aussi le portrait de ces hommes remarquables, parfois intimidants comme Alan Shepard, élégants comme David Scott, drôles et blagueurs comme Pete Conrad. Bouclez vos ceintures et en route pour la Lune !
Pendu à sa carte, Ed Mitchell (Apollo 14) ne trouve personne sur la Lune à qui demander son chemin…
Retrouvez Charles Frankel et Philippe Henarejos dans La Tête au Carré de Mathieu Vidard, lundi 23 septembre à 14h00 sur France Inter, où il sera question de L’ Aventure Apollo.
Le samedi 11 août, ARTE consacre sa journée de télédiffusion au cosmos, à l’occasion de la “nuit des étoiles”. Plusieurs reportages sont consacrés à Mars, et notamment le documentaire en seconde partie de soirée, Thomas Pesquet : objectif Mars, à 22h45.
Ce 90-minutes retrace la mission de Thomas Pesquet dans l’ISS, en mettant l’accent sur les expériences médicales qui préparent le terrain pour les vols martiens. Le reste du reportage est tourné à Lanzarote dans les Canaries, où je participe au débat pour expliquer les obstacles à surmonter afin de poser des équipages sur la planète rouge.
Le réalisateur Alain Tixier, l’astronaute Thomas Pesquet et moi-même à Lanzarote, entre deux prises de vue.
Un décor martien en chasse un autre : après mes pérégrinations dans l’Arctique (cratère d’impact de Haughton), dans le désert de l’Utah, en Islande et dans la plaine des sables de l’île de la Réunion, dans le cadre de simulations de séjour sur Mars ou de tournages de documentaires martiens, voici les Canaries ! Cette fois-ci, il s’agit d’un film documentaire d’Alain Tixier (ex-Ushuaïa), produit par Grand Angle Productions pour la chaîne Arte, avec pour vedette l’astronaute Thomas Pesquet. Dans ce programme traitant de son vol dans la Station Spatiale Internationale et son retour sur Terre, il a été question de Mars—un objectif auquel Thomas Pesquet n’est pas insensible…
Une randonnée sur Mars ? Thomas Pesquet en haut d’un volcan (en rouge) avec deux membres de l’équipe.
Le champ de lave de Timanfaya dans l’ile de Lanzarote, où nous avons tourné, possède des endroits très martiens, avec des cônes aux versants rubiconds, mais leur accès est interdit au public, car faisant partie d’un Parc National très protégé. Mon endroit favori est un spectaculaire tunnel de lave dont le toit est à moitié effondré et qui rappelle les sinuous rilles de la Lune, comme le sillon Hadley d’Apollo 15, sauf qu’au lieu d’avoir trois milliards d’années, il n’a que trois siècles. Le champ de lave de Timanfaya fut en effet mis en place par une éruption fissurale de grande ampleur en 1730, qui nécessita l’évacuation de l’île (entre 1 et 5 kilomètres cube de lave, les estimations divergent).
Mon chenal préféré—un tunnel à moitié effondré—dans le champ de lave de Timanfaya.
Un film à découvrir sur Arte, donc, au mois de décembre. Je vous préciserai la date dès qu’elle sera communiquée.
Le mardi 22 août, de 16h à 17h, je suis l’invité de Daniel Fiévet sur FRANCE-INTER, émission “Le Temps d’un bivouac”. Il ne sera pas question de Mars, mais plutôt de volcans bien terrestres et notamment de leur riche terroir, avec au programme le Vésuve, l’Etna, Santorin… autour de mon livre VINS DE FEU (éditions Dunod)
Ce dimanche 23 avril à 15 heures, à l’heure où vous serez en route pour voter à votre mairie, je serai l’invité de Fabienne Chauvière dans son émission LES SAVANTURIERS. Nous parlerons de Mars et de la Lune, et aussi de la Terre et de ses trésors géologiques, des terroirs viticoles qui sont l’un de mes péchés mignons, et des sites remarquables—canyons, volcans, strates multicolores—que Patrick Baud et moi-même avons présentés dans notre dernier livre TERRE SECRETE…
Le lanceur lourd SLS en cours de construction pour la NASA pourra lancer 50 tonnes vers Mars (NASA)
En kiosque en ce mois de mars : un numéro spécial de Ciel & Espace (N° 27) consacré à L’Homme sur Mars : le défi du siècle. J’ai eu le plaisir d’écrire plusieurs sections de ce numéro, en particulier ceux concernant les lanceurs et les vaisseaux nécessaires pour le vol— « S’arracher à l’attraction terrestre » (les lanceurs lourds) ; « L’alternative : le vaisseau interplanétaire de SpaceX », « Petits modules ou gros vaisseaux » (modules d’atterrissage et de séjour, module de remontée)—ainsi qu’un article sur les rayons cosmiques : « Les radiations, un risque maitrisable ».
Le module de remontée depuis le sol martien sur la planche à dessin: le MAV (NASA)
Dans ce numéro vous trouverez également des articles sur les motivations du voyage (par Richard Heidmann), sur l’atterrissage et les sites pressentis (par Philippe Henarejos), sur les simulations conduites sur Terre (avec un interview d’Alain Souchier de l’Association Planète Mars), et bien d’autres sujets. Un numéro de référence pour les profanes comme pour les passionnés…
Vivre sur Mars: simulation sur Terre “Desert Rats” de la NASA (le docteur Jacob Bleacher au travail) (NASA)
Un “beau” livre pour Noël, écrit en collaboration avec Patrick Baud qui en a eu l’idée : présenter des sites insolites de notre planète, avec des explications géologiques à l’appui. Nous avons sélectionné 100 sites remarquables et pour la plupart peu connus, dont un lac magnifique (“Spotted Lake” au Canada) qui intéresse les planétologues comme “analogue’ des processus lacustres qui se déroulent sur Mars. Une grande photo pour chaque site et un ouvrage très réussi qui caracole en tête des ventes sur Internet dans la rubrique “guides de voyage”. Et quels voyages !
Novembre 2016, éditions Dunod, 25 €
Patrick Baud (au centre) et Charles Frankel lors de la présentation du livre à la librairie Le Divan (Paris 15ème). Photo Stephanie Wooley.
Extinctions : du dinosaure à l’homme C’est le titre de mon nouveau livre aux éditions du Seuil, qui traite de la fin des dinosaures et des extinctions actuelles dont l’Homme est responsable, avec des spéculations sur le déclin futur de la biosphère si nous n’enrayons pas le massacre. Heureusement, il existe des solutions, passées en revue dans le dernier chapitre. Et dans l’épilogue, sur nos propres chances de survie en tant qu’espèce, je mentionne qu’une colonie de chercheurs et d’heureux colons sur la planète Mars nous évitera de disparaître en tant qu’espèce, si les choses s’aggravent vraiment sur Terre… J’en parle ce jeudi 20 octobre à 14 heures sur France Inter : émission La Tête au Carréprésentée par Mathieu Vidard
Le film Seul sur Mars (The Martian), d’après le roman d’Andy Weir, fait une jolie carrière sur les écrans du monde entier. Réalisé par Ridley Scott avec Matt Damon dans le rôle principal, il traite du périple d’un astronaute laissé pour mort sur la planète rouge lors de l’une des premières missions habitées dans les années 2030, à la suite d’une tempête de poussière, le reste de l’équipage ayant précipitamment redécollé et repris la route de la Terre. En voici ma critique.
Tout d’abord, il s’agit à mes yeux du film le plus intéressant et le plus réussi traitant d’une mission pilotée à destination de la planète rouge. Les deux précédents films hollywoodiens, Mission to Mars (Brian de Palma, 2000) et Red Planet (Antony Hoffman, 2000) manquaient singulièrement de réalisme, avec des scénarios tirés par les cheveux. Seul sur Mars décrit l’aventure d’un vol martien avec un bon degré d’exactitude, et malgré le côté MacGyver et les larmoyants leitmotivs des grandes productions américaines (famille, patrie, il faut sauver le soldat Damon), le scénario rend intéressantes et divertissantes la technologie et la science, ce qui est assez rare pour être souligné. On en ressort ayant compris le scénario d’une mission martienne pilotée (les modules arrivés en avance, les trajectoires de rendez-vous, les habitats et le rover, et ainsi de suite).
L’habitat martien du film m’a furieusement rappelé les infrastructures de mes propres simulations de séjour sur Mars dans l’Arctique…
Quelques petits détails m’ont gêné, toutefois, dictés par l’obligation de créer du suspens et de l’action pour les uns, et pour faciliter le tournage et en réduire les frais pour les autres. Premier compromis : ne pas représenter la faible pesanteur martienne qui ne vaut que 38 % de la gravité terrestre. Que ce soit en scaphandre et plus encore en bras de chemise dans son habitat, Matt Damon aurait dû se mouvoir avec grâce et légèreté (avec l’aide d’un léger ralenti et quelques effets spéciaux), renforçant l’impression d’être sur une autre planète.
Les tempêtes martiennes n’ont pas la force suffisante pour renverser astronautes et fusées
Second détail : la faible pression atmosphérique (7 millibars) se traduit par des vents rapides mais non-violents, incapables de culbuter un vaisseau spatial et de projeter l’astronaute et les débris comme des fétus de paille. Mais si on respecte cette réalité, pas de catastrophe possible au début du film. De même, le flottement des bâches qui contiennent l’air de l’habitat, rendus étanches par quelques sparadraps, est loin de la vérité : dans le quasi vide de Mars, un tel tissu serait constamment tendu par la pression interne de l’air de l’habitat jusqu’au bord de la rupture. Que le sol martien soit un substrat adapté pour la culture des plantes est un autre raccourci : le sol de la planète rouge est superoxydant, chimiquement agressif, et aurait besoin d’un traitement complexe pour devenir neutre et se prêter à l’agriculture.
Le sol martien est chimiquement agressif et impropre à l’agriculture en l’état
Techniquement, le scaphandre de sortie sur Mars paraît simpliste au niveau de son tissu qui semble bien mince, et le déplacement de l’astronaute bien facile. Si seulement un scaphandre pouvait être aussi confortable : les prototypes à l’étude pour Mars ont une rigidité, une masse et un encombrement importants que l’on n’est pas prêts de contourner d’ici les années 2030. Quant au vaisseau spatial Terre-Mars Hermès, il est surdimensionné et exagérément spacieux : plus un hôtel de luxe qu’un vaisseau spatial devant faire la chasse aux kilogrammes superflus. Mais pour la fiction et le plaisir des spectateurs, c’est compréhensible.
Le vaisseau martien Hermes est surdimensionné pour un équipage de cinq personnes
Un coup de chapeau au décor : le choix de Wadi Rum en Jordanie n’est pas une surprise, car le site fut déjà utilisé pour les films martiens précédents (Mission to Mars et Red Planet), bien que je soupçonne qu’un volcan-table islandais (un tuya) ait été ajouté par effets spéciaux dans plusieurs panoramas. Petit clin d’œil : l’équipe de tournage n’a pas pris la peine de dissimuler quelques buissons et plantes émergeant du sol, et il est vrai que cela m’a complètement échappé lors de la projection, tellement la beauté du panorama et l’action accaparent notre œil. Seul sur les photos fixes du film s’amuse-t-on à repérer les plantes. Bravo donc à Ridley Scott et à son équipe pour nous avoir envoûtés au point de rendre ces détails invisibles. On est heureux d’être sur Mars et d’admirer ses paysages. Il ne nous reste désormais que le plus dur : y débarquer pour de bon…
Interrogé par Stephen Colbert (à droite), l’entrepreneur Elon Musk (à gauche) prône comme boutade le bombardement thermonucléaire des pôles de Mars.
L’entrepreneur Canadien/Sud-Africain Elon Musk a créé le buzz sur le très regardé Late Show de la chaîne américaine CBS, en suggérant que Mars pourrait devenir habitable à coups de bombes atomiques. Ardent supporteur des missions pilotées vers la planète rouge et président de la société Space-X, qui fabrique des fusées et des vaisseaux spatiaux, Elon Musk a évoqué cette solution comme une boutade, mais elle a fait jaser. Je commenterai cette actualité ce mercredi 16 septembre, dans l’émission de Sylvain Kahn “Planète Terre” sur France Culture, de 14h à 15h.Continuer la lecture de Elon Musk prône le bombardement de Mars→
La science ? Après tout, qu’est-elle, sinon une longue et systématique curiosité ? André Maurois