Parmi la douzaine d’ouvrages de vulgarisation que j’ai écrits, L’Homme sur Mars (éditions Dunod, 2007) tient une place à part, parce qu’il pose les bases d’une aventure spatiale que j’appelle de mes vœux depuis bien longtemps, et qu’il m’a permis d’intégrer mes expériences personnelles de simulation sur Terre avec les données plus formelles des agences spatiales.
Cela lui donne un peu de légèreté, d’autant que j’embarque le lecteur dans un véritable voyage virtuel vers la planète rouge, détaillant chaque étape comme la sélection des astronautes, l’architecture du vaisseau spatial, le vol, la vie et la survie à bord, et le type d’exploration que l’on conduira une fois arrivé sur Mars. Petit extrait :
L’instant du départ nous a rattrapés. Les dix dernières secondes résonnent dans les écouteurs. Un bruit sourd se double d’une secousse subite, comme si un géant nous secouait par-derrière. Une force sournoise nous repousse au fond de nos couchettes. L’accélération augmente implacablement, et les vibrations montent en fréquence.
Depuis l’aire des visiteurs à Merritt Island, et tout le long de la côte, nous devons présenter un magnifique spectacle, chevauchant une aveuglante flamme jaune, presque blanche, prolongée par les volutes d’une dense fumée beige. […]
En écrivant un livre, on doit rechercher ce que l’on ne sait pas (c’est-à-dire beaucoup de choses en général) et ce fut l’occasion pour moi de creuser des sujets sur lesquels je n’avais pas eu le temps de me pencher, comme la psychologie des astronautes, ou encore la gestion d’une serre sur Mars qui m’a ouvert les yeux sur les contraintes énergétiques et temporelles (c’est très chronophage) d’une telle annexe. Extrait :
Si des panneaux transparents, opaques aux UV, sont envisageables, ne serait-ce que pour la vue et l’éclairage d’ambiance, il est clair que la solution idéale est l’éclairage électrique des plantes, le niveau d’illumination et les longueurs d’onde pouvant être modulés en fonction de chaque espèce. On sait par exemple que les laitues ne nécessitent que de la lumière bleue et rouge pour leur croissance (c’est pour cela qu’elles sont vertes : elles réfléchissent cette partie de la lumière, dont elles n’ont pas besoin). On peut ainsi limiter la consommation électrique et réduire la chaleur dégagée par les longueurs d’onde inutiles. […]
Ce livre n’a pas pris une ride, et je l’utilise toujours comme référence dans mes cours, car nous n’avons hélas pas beaucoup progressé dans les projets d’envoi d’équipages sur Mars.