À l’heure où le tourisme spatial va prendre son essor en 2020 –si aucun retard n’est pris dans les projets de vols suborbitaux de Virgin Galactic et Blue Origin– il est intéressant de spéculer sur l’évolution du prix du billet pour voler dans l’espace au cours des prochaines années et de l’évolution du marché potentiel.
Le vol suborbital
Pour un vol suborbital d’un quart d’heure jusqu’à 100 kilomètres d’altitude, le prix du billet se négocie actuellement autour de 250.000 $ : autant dire qu’il faut vendre sa maison pour éprouver cinq minutes d’impesanteur et recevoir ses galons d’astronaute (attribués pour tout vol au-delà de 100 km). Il y a déjà 600 réservations fermes à ce prix, pour un marché estimé à 2 millions de personnes intéressées et assez fortunées. Si tout se passe bien, il faudra attendre une dizaine d’années pour que le prix se mette à chuter pour atteindre l’objectif avoué de 50.000 $ par personne, niveau où le marché est estimé à 40 millions de clients potentiels.
Le vol en orbite
Six hommes et une femme, très fortunés, ont pu jusqu’à présent s’offrir une place « touriste » à bord d’un vaisseau Soyouz pour passer une semaine dans la Station Spatiale Internationale entre 1999 et 2009, à un prix qui a augmenté de 20 à 40 millions $ par personne environ en une décennie. Le peu de places disponibles sur Soyouz, depuis la retraite de la Navette Américaine, n’a plus permis ce luxe de 2009 à 2019, mais on attend une reprise des offres lors de la mise en service en 2020 des vaisseaux spatiaux américains Starliner (Boeing) et Crew Dragon (SpaceX). Tant les Russes que les Américains devraient proposer des billets atteignant 50 millions $ (augmentation du coût de la vie oblige) pour le vol, auquel il faudra désormais ajouter des frais de séjour à bord de la Station Spatiale d’environ 35.000 $ pour chaque nuitée passée à bord.
Ticket pour la Lune
Faire le tour de la Lune, à la Jules Verne, sera bientôt disponible au Box-Office : c’est SpaceX qui est sur le marché actuellement, en développant sa super fusée Starship (ex BFR) dont l’étage supérieur –l’astronef lui-même– devrait être testé en orbite terrestre dès 2020, avec la capacité d’emporter une dizaine d’astronautes autour de la Lune pour un vol d’une semaine. Il y a même un premier client ferme : le milliardaire japonais Yusaku Maezawa qui a réservé tout le vaisseau pour lui-même et six de ses amis. On ignore le montant avancé par le Japonais, mais l’agence Space Adventures qui joue un rôle de courtier dans ce genre de transaction estime qu’un billet pour une personne, dans le cadre d’un tel vol circumlunaire, pourrait se négocier autour de 175 millions $. À noter qu’aucune estimation pour un alunissage et un séjour sur la Lune n’est encore avancée, faute de projet touristique en ce sens.
Low-Cost pour Mars
S’il ne figure pas encore au catalogue, le séjour sur la Lune pourrait rapidement se profiler si Elon Musk et SpaceX réussissent sans encombre le développement de leur fusée Starship, sa fonction étant non seulement le vol interplanétaire, mais aussi l’atterrissage sur un autre monde, le redécollage et le vol retour. Mais c’est la planète Mars qui est visée, l’astuce du système étant de faire le plein de propergol sur place pour le vol retour, ce que permet l’atmosphère martienne (fabrication de méthane à partir de son dioxyde de carbone) et non le vide lunaire. Mars est également la destination prioritaire d’Elon Musk qui n’hésite pas à avancer que le billet aller-retour en se posant sur la planète rouge serait idéalement chiffrable aux alentours de 500.000 $, l’entrepreneur n’hésitant pas à avancer 100.000 $ comme objectif à long terme. Reste à estimer quand de telles opportunités et de tels tarifs seront offerts, mais il va de soi, pour Elon Musk, que ce sera du temps de son vivant…