Dans le livre des records, l’été 2015 aura été marqué par la performance du cosmonaute russe Guennadi Padalka qui effectuait son cinquième vol spatial : à cette occasion, le 28 juin, il cumulait déjà plus de 803 jours passés dans l’espace—soit deux ans, deux mois et deux semaines—dépassant le précédent record détenu par le cosmonaute Sergueï Krikalev. Et comme Padalka ne terminera sa présente mission dans l’ISS (Station Spatiale Internationale) qu’en septembre, il reviendra sur Terre avec un record porté à deux ans et cinq mois, soit la durée d’une future mission martienne…
Le temps cumulé par Padalka dans l’espace ne correspond pas à une seule mission de longue durée, comme ce sera le cas lors d’un vol vers la planète rouge. Aujourd’hui âgé de 63 ans, le cosmonaute a établi son record en cinq temps : un premier vol de 198 jours (six mois et demi) à bord de la station Mir en 1998/1999 ; un vol de 187 jours (six mois) à bord de l’ISS en 2004 ; un nouveau vol de six mois à bord de la station en 2009 ; un vol de quatre mois en 2012 ; et enfin le présent vol de six mois débuté le 27 mars 2015.
Cela étant, une mission martienne peut également se concevoir, dun point de vue médical et psychologique, comme le cumul de trois missions : le vol aller en impesanteur (6 mois) ; le séjour sur Mars en pesanteur 1/3 g, avec de nombreuses sorties sur le terrain pour se dégourdir les jambes (18 mois) ; et le vol retour (6 mois).
Alors que certains critiques s’acharnent à souligner qu’une mission martienne est impossible ou du moins non éthique parce qu’elle exposerait les astronautes à de fortes doses de radiations, il est étrange qu’aucune levée de boucliers (le jeu de mots est facile) ne se soit faite à l’occasion des vols de Padalka. Bien sûr, on peut argumenter qu’une mission martienne (aller-retour + séjour sur place) expose l’homme à plus de radiations qu’un vol de même durée dans l’ISS (environ 0,6 Sievert contre 0,4 Sievert respectivement), mais c’est tout à fait comparable : c’est équivalent à dire que dans le cas du vol martien, l’astronaute voit ses chances (ou malchances !) de développer par la suite un cancer fatal dû aux radiations augmenter de 4 % par rapport à une personne restée à Terre, alors que l’augmentation serait environ de 3 % pour son homologue volant dans l’ISS. Le tout est de savoir pourquoi on prend des risques : tourner en rond autour de la Terre ou explorer une nouvelle planète ?
En tout cas, merci Monsieur Padalka pour avoir repoussé le record de durée dans l’espace et être devenu un « martionaute » virtuel : on vous souhaite longue vie et bonne santé, ce qui servira à démonter encore un peu plus les barrières que l’on dresse contre le vol martien…