C’était bien sûr hautement prévisible. Le vœu pieux de Donald Trump de poser des Américain(e)s sur la Lune d’ici 2024 – calendrier adoubé par une NASA trop passive pour signifier au président qu’il était irréaliste et impossible – est en train d’être rattrapé par la réalité.
Ce programme Artemis est en effet la proie de nombreuses difficultés. La capsule Orion – successeur d’Apollo – n’a effectué qu’un vol inhabité jusqu’à présent ; la fusée SLS – successeur de la Saturn V – n’a toujours pas volé une seule fois ; et surtout l’atterrisseur lunaire destiné à poser les astronautes sur la Lune – le successeur du LEM – n’est qu’un projet pour l’instant : une adaptation de l’étage supérieur Starship de Space X dont les tests sont certes avancés, mais dont l’architecture doit être modifiée pour se poser sur la Lune et en redécoller, et qui doit être lancée en orbite terrestre basse et ravitaillée par le gros étage Heavy Lift de Space X qui n’a lui-même pas encore volé.
On passera discrètement sur le projet parallèle de la NASA de construire une station orbitale autour de la Lune (le Lunar Gateway) qui ne sert pas à grand-chose et ne fait que détourner les ressources de la NASA de sa mission première.
Même la première phase la plus facile du programme Artemis – envoyer simplement des astronautes faire le tour de la Lune et revenir sur Terre, comme au temps d’Apollo 8 – est en train de glisser d’une manière de plus en plus inquiétante. Un premier vol inhabité d’une cabine Orion autour de la Lune, d’abord prévu en 2020, puis en 2021, est désormais prévu en février 2022 au plus tôt ; et le vol d’une seconde cabine Orion autour de la Lune (mission Artemis II), cette fois avec des astronautes à bord, glissera logiquement à fin 2023, voire 2024.
Selon ce calendrier, même si le troisième vol Artemis III était celui qui ferait rendez-vous avec Starship pour poser des astronautes sur la Lune, on serait déjà en 2025.
Mais même ce calendrier est douteux : le Bureau de l’Inspecteur Général de la NASA (OIG) a publié ce 15 novembre un rapport soulignant que tout nouveau programme de vaisseau spatial, comme l’atterrisseur Starship d’Elon Musk, est estimé, selon les précédents historiques, à glisser de trois ou quatre ans. Résultat des courses : il faut plutôt prévoir le retour des Américain(e)s sur la Lune entre 2026 et 2028.
Cela remet les États-Unis et la Chine dos à dos, quant à qui sera la première nation à concrétiser le retour d’astronautes sur la Lune, et notamment à y poser la première femme, grande première que se disputent les nouveaux grands rivaux de la course à la Lune…