Curiosity et son lac martien

Curiosity au lieu-dit "Murray Butte" en septembre 2016: le fond boueux d'un ancien lac...
Curiosity au lieu-dit “Murray Butte” en septembre 2016: le fond boueux d’un ancien lac…

Le robot automobile Curiosity de la NASA, avec à son bord des instruments d’analyse français, continue avec succès son exploration du cratère Gale, débutée en août 2012. Le robot roule actuellement sur le fond d’un ancien lac, une argile à grain fin (mudstone) cartographiée sous le nom de formation Murray (en honneur au feu planétologue et ancien directeur du Jet Propulsion Laboratory, Bruce Murray). Au terme de quatre années d’études sur le terrain, Curiosity confirme que le grand cratère d’impact a abrité un lac durant un long intervalle de temps.

Le parcours suivi par Curiosity depuis son atterrissage en 2012 (en haut). Fin 2016, il roule désormais plein sud, avant de gravir de nouveaux sédiments lacustres (chemin proposé en pointillés).
Le parcours suivi par Curiosity depuis son atterrissage en 2012 (en haut). Fin 2016, il roule désormais plein sud, avant de gravir de nouveaux sédiments lacustres (chemin proposé en pointillés).

Les premières strates près du terrain d’atterrissage témoignaient d’un delta, là où des rivières entraient dans le lac et y déposaient des couches de sable fin. En s’éloignant de la rive du lac vers son centre, le robot se déplace sur un fond lacustre hors de portée des sables fluviaux et où ne se sont déposés, en eau plus profonde, que de fines argiles. L’épaisseur de cette « roche de boue » qu’est le mudstone est estimée à près de 150 mètres, et les géologues sont aujourd’hui convaincus que le lac ne s’est jamais vidé durant toute la durée de ce dépôt : un intervalle de temps qui a fort probablement duré plusieurs millions d’années, lors de la prime jeunesse de Mars (il y a environ 3,6 milliards d’années, avant que la planète rouge bascule dans une ère de sécheresse). La vie a-t-elle eu le temps d’y naître ou de s’y installer?

Quatorzième forage de la sonde (septembre 2016) alors qu'elle entreprend son quinzième en ce mois de décembre.
Quatorzième forage de la sonde (septembre 2016) alors qu’elle entreprend son quinzième en ce mois de décembre.

Ce 20 novembre 2016, le robot automobile a franchi la barre des 15 kilomètres. Début décembre elle est stationnée sur les strates de la formation Murray et s’apprête à y forer un quinzième trou pour recueillir de nouveaux échantillons à analyser. Elle devrait passer une bonne partie de l’année à étudier les boues lacustres avant de reprendre son ascension de la pile centrale de sédiments où les analyses depuis orbite laissent présager des dépôts lacustres très différentes, à commencer par des couches riches en oxyde de fer, puis d’autres argiles et enfin des sulfates. Mais la mission est déjà une immense réussite : tout ceci n’est que du bonus !

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