Vive l’économie de l’eau ! Oui, je sais c’est aisé cet humour quand on parle de vignoble et donc de vin.
Pantelleria est une petite île entre la Sicile et la Tunisie connue, tristement de nos jours, pour l’afflux régulier sur ses côtes d’émigrants clandestins, fuyant la misère, et donc pour ses camps de transit. Ses 83 kilomètres-carrés sont arides. C’est une île haute en mer Méditerranée et son sous-sol est volcanique. D’où les eaux de pluie s’y infiltrent très vite. S’y développe néanmoins un vignoble le zibibbo dont le cépage est d’origine nord-africaine comme le nom homonyme le souligne.

Il s’agit une avancée administrative considérable, à partir d’un petit exemple insulaire; c’est la toute première fois qu’une pratique traditionnelle en agriculture, ici le vignoble en terrasse appelé zibibbo, est inscrite au patrimoine de l’Unesco (en italien). Cela ouvre des perspectives de valorisation des paysages anthropisés des Sud.
Quant à l’extrême économie d’eau obtenue par les bonnes pratiques des viticulteurs, un parallèle est facile à faire avec les deux cas suivants qui sont aussi insulaires : le vignoble de Lanzarote sur l’île du même nom, connu aussi comme les vignes de La Geria ; et celui, bien plus modeste, qui est planté dans la caldera du volcan de Fogo en activité ces derniers temps. Ces derniers exemples se développent sur des lapilli soit des fragments de lave éjectés par les volcans.



Le travail de l’artiste César Manrique est à mettre en exergue : dès les années 1970-80, la tâche des paysans traditionnels est célébrée, sur son île natale de Lanzarote, par une sculpture monumentale de 20 mètres de haut installée, hors des murs d’un musée, aux quatre vents. L’artiste et l’intellectuel se doivent d’être en avance sur les institutions.

P.S. : il est à remarquer que le zibibbo est aussi le nom d’un cépage de vin blanc répandu en Sicile et fort proche du Muscat d’Alexandrie. Le vignoble distingué par l’Unesco à la fin de 2014 est aussi planté de ce cépage.
