L’arbre fontaine, celui qui recueillait l’eau du brouillard, était le Garoé en langue guanche, le seul idiome parlé sur l’île jusqu’en 1405, lorsque El Hierro était peuplée de quelques centaines voire de quelques milliers de descendants de Berbères. Cette langue a disparu car aucun dictionnaire bilingue n’a été fait ou conservé. Il n’en subsiste que quelques mots et des toponymes.
La conquête d’El Hierro en 1405 et de plusieurs îles des Canaries, à partir de 1402, fut faite par Jean IV de Béthencourt, un noble normand du grand port de Honfleur (inclus dans l’agglomération du Havre de nos jours), commissionné par la couronne de Castille. Ce conquérant – localement appelé un conquistador, un nom qui passera à la postérité – avait bénéficié d’une longue trêve (1388-1411) de la Guerre de Cent Ans qui bloqua ensuite le commerce florissant de Honfleur, à la suite de deux défaites françaises en baie de Seine (1416-17). Jean IV de Béthencourt recherchait l’orseille, un colorant violet (d’où son autre nom de pourpre française), extrait du grand lichen rupestre Roccella tinctoria, abondant aux Canaries et qui était fort prisé en teinturerie en en chimie jusqu’à 1850. Des lichens s’utilisent encore en Ecosse pour colorer, de façon traditionnelle et maintenant luxueuse, la laine des kilts. Continuer la lecture