L’annonce dans la revue Science de la découverte d’un lac souterrain sur Mars a fait grand bruit. Elle est l’œuvre de l’équipe italienne en charge de l’exploitation du radar de la sonde européenne Mars Express, avec à sa tête Roberto Orosei.
Un radar a la capacité de détecter de l’eau liquide en profondeur, car celle-ci (ou plus exactement l’interface de celle-ci avec les couches encaissantes, comme le roc ou la glace) réfléchit les ondes de façon particulièrement nette. Le problème a longtemps été la résolution du radar en question, incapable de détecter les petits détails : un « pixel » ou unité de mesure du radar de Mars Express représente environ 5 kilomètres et en outre, le logiciel du radar comprime les données avant de les envoyer vers la Terre, faisant une moyenne de plusieurs pixels et effaçant de fait tout point anormal—et donc intéressant—des données.
Les auteurs de l’étude ont feinté en ordonnant au radar de ne plus comprimer les données lors des survols de la calotte du Pôle Sud où ils soupçonnaient la présence de plans d’eau souterrains. Et c’est bien une tache de haute réflectivité de 20 km de diamètre qu’ils pensent ainsi avoir isolée, sous 1500 mètres de glace.
Cela étant, ce n’est pas le Pérou : il faut bien comprendre qu’il s’agirait d’une lentille d’eau extrêmement mince—quelques dizaines de centimètres, sans doute—et surtout extrêmement froide. D’après les calculs, sa température devrait tourner autour de —70 °C (200 K), où un état liquide n’est possible que si l’eau est saturée en sels, notamment des perchlorates de magnésium et de calcium. Cette saumure frigorifique n’est pas exactement une oasis pour la vie. L’étude confirme en outre que l’eau liquide souterraine est très difficile à détecter avec les moyens actuels, et notamment que pour trouver de l’eau liquide plus chaude et moins saturée en sels, il faudra chercher plus profondément dans le sous-sol où le flux thermique de l’intérieur de Mars permettrait de plus hautes températures.