Volonté de ne pas courir trop de lièvres à la fois et retards techniques pris par les principaux constructeurs de fusées font que le calendrier des grands travaux martiens, pour préparer une mission habitée, a glissé d’au moins deux ans. Les observateurs désabusés pourront commenter que c’est désormais la routine…
Empêtrée dans un programme sans queue ni tête d’exploration pilotée de l’espace profond, la NASA a reporté le premier vol d’essai—Exploration Mission 1—de son nouveau lanceur lourd SLS (Space Launch System, en attendant un nom plus sexy), qui devait propulser une cabine Orion sans équipage autour de la Lune en novembre 2018. Le vol est désormais reporté à une date indéterminée en 2019. La seconde mission (Exploration Mission 2) doit réitérer la mission circumlunaire, cette fois avec équipage : initialement prévue en octobre 2021, elle est désormais reportée à avril 2023. Six ans pour mettre au point un vol type Apollo 8 que la NASA de l’époque avait improvisée en un mois : sans commentaire…
Les raisons de ces glissements de programme ? Dommages infligés à l’usine de Louisiane par un ouragan, problèmes de soudure dans la construction du premier étage, et retards dans la construction et la livraison par l’Europe du module de service de la cabine Orion…
Côté entreprise privée et donc SpaceX d’Elon Musk, c’est aussi un glissement de calendrier qui a déjà été annoncé pour le vol—très audacieux—vers Mars d’une cabine inhabitée Dragon, censée se poser sur la planète rouge après freinage rétrofusée en mode supersonique, ce qui n’a jamais été tenté auparavant. Annoncé d’abord pour 2018, on sait que le vol a été reporté à la fenêtre de tir suivante de 2020. Outre les retards pris par SpaceX dans le développement de sa fusée Heavy Falcon qui sera utilisée à l’occasion et qui n’a toujours pas volé (on parle aujourd’hui de la mi-septembre), l’entreprise d’Elon Musk a accumulé les retards sur d’autres projets comme la mise au point de la cabine Dragon elle-même pour des vols pilotés vers la Station spatiale Internationale, avec pour client la NASA. Celle-ci met la pression sur SpaceX pour que leur commande soit prioritaire.
Pour que la pilule passe auprès des fans martiens, des rumeurs suggèrent que pour compenser le glissement, ce sont deux Dragons plutôt qu’un qui partiront vers Mars en 2020. Un seul, ce serait déjà pas mal…