L’antimatière vient-elle de révéler la matière noire ?

Nous avons aujourd’hui de très bonne raisons de croire que l’essentiel de la masse de l’Univers est de nature inconnue. C’est ce qu’on nomme l’énigme de la matière noire. Il y a bien quelques explications alternatives mais elle sont de moins en moins convaincantes. Et cette matière noire est tout de même environ 40 fois plus abondante que les étoiles dans l’Univers ! Elle est donc tout sauf un détail …

Il est possible que la matière noire soit composée de particules massives non-encore observées directement. Il était espéré que l’accélérateur LHC du CERN produise de telles particules mais jusqu’à ce jour ce n’est hélas pas le cas. Pourtant tout n’est pas perdu : ces particules pourraient s’annihiler lorsqu’elles se rencontrent dans l’espace. Or, lors de leur annihilation ces corpuscules de matière noire doivent émettre autant de matière que d’antimatière. (Il n’est absolument pas question de dire que la matière noire serait de l’antimatière.)

(via le site Socratic Astrophysics)

L’antimatière n’est pas une entité mystérieuse. Elle a été comprise du point de vue théorique et découverte du point de vue expérimentale dans les années 1930. Mais ce qui est intéressant ici est qu’il y en a relativement peu dans l’Univers. Si donc la rencontre de deux particules de matière noire engendrait une quantité notable d’antimatière, il pourrait être possible de « voir » la matière noire via un excès d’antimatière.

Les expériences spatiales PAMELA et AMS on effectivement détecté un excès d’antimatière. Cela a naturellement conduit à imaginer qu’il pourrait s’agir d’une conséquence de la matière noire ! Mais rapidement il est apparu qu’une explication astrophysique plus « simple », fondée sur le fait que les pulsars émettent de l’antimatière était sans doute plus vraisemblable. C’est également mon avis.

Collision d’amas corroborant l’existence de matière noire (NASA/ESA/ESO/CXC/COE/MERTEN)

Récemment, l’instrument HAWC vient de publier dans Science un article qui tend à soutenir le fait que cette antimatière viendrait en fait de la matière noire car les pulsars observés ne présentent pas les caractéristiques requises pour en faire des sources efficaces pour les positons (anti-électrons) observés en excès. Il s’ensuivrait que AMS aurait bien « vu » la matière noire via l’antimatière puisque l’explication alternative serait écartée !

Observatoire HAWC (source Wikipedia)

Mais l’histoire des sciences est pleine de rebondissement et dès les jours qui suivent la publication de HAWC des objections (que je partage) ont été émises. En particulier, le coefficient de diffusion qui a été mesuré n’est pas en réalité celui qui est nécessaire pour conduire à la conclusion obtenue.

À ce stade le lien entre antimatière et matière noire n’est donc pas établi. Le mystère de la matière noire reste entier !

15 réflexions sur “ L’antimatière vient-elle de révéler la matière noire ? ”

  1. substract tres interssant ,faut pas oubliez ,egalement en sus;1)°les rapports avec ondes gravitationelle+2° vitesses divergentes rencontres energies libres et matieres………..

  2. Vous dites que “lors de leur annihilation ces corpuscules de matière noire doivent émettre autant de matière que d’antimatière.” N’est il pas plus logique de dire que ces corpuscules émettraient de la matière noire et de l’antimatière noire?

  3. Deux petites erreurs de graphies à signaler dans le 4è paragraphe : “qu’il pourrait s’agit d’une conséquence de la matière noire ! Mais rapidement il est apparu qu’un explication astrophysique plus « simple » […]” sans conséquence pour la compréhension globale.
    C’est toujours un peu frustrant quand ça se termine par “le mystère reste entier” mais merci pour cette explication.

  4. Quoi de plus beau que le mystère, ça laisse une part de rêve. Peut-être sommes-nous composés de matière noire sans que l’on s’en rende compte.
    Je ne peux vivre sans rêve et sans mystère.
    Le juste équilibre de l’univers est peut-être le rêve et le mystère.
    un monde sans rêves et mystère est un monde perdu.
    c est peut être sa l infinie ,une alchimie de rêve éphémère
    F4REL(laurent)

  5. Salut Aurélien.
    David Elbaz expliquait que notre monde serait une sorte d’hologramme dans un trou noir et qu’émergerait la matière noire ainsi que la gravité.

  6. Amusants commentaires, la matière grise à l’assaut de la matière noir . Euclid ,AMS … des espoirs dans un futur proche .

  7. L’image de la modélisation matière/anti-matière met en avant qu’il y a bien “décalage” entre l’électron et le positron.
    Un peu comme le calage d’un moteur automobile à haute pression diesel: on allume “avant” et “après”: “pendant” ça explose et ça implose. C’est là la petite astuce. Je parle de l’Univers: pas du moteur à pistons!
    On peut alors résumer la conséquence à une première lumière et une seconde lumière: comme la première lumière adhère à un ensemble anti-matière on croit qu’il s’agit d’un top départ archaïque des premiers instants ( 0,3 K > rayonnement fossile), alors qu’il s’agit d’un décalage superposé qui n’existe pas dans le même ensemble mathématique.
    Nous, en tant qu’observateur, on ne fait que mesurer la vitesse de “transfert différentielle” entre les deux lumières: d’où notre possibilité d’abstraction dans le temps: son “cours” et sa “flèche”. Mais tout reste fugitif: illusoire comme un courant”d’air inter-magnétique”.
    Juste l’observation d’un technicien automobile.

  8. Ca me chiffonne un peu ce terme “noir” (et en anglais “dark”) pour qualifier ces sources elusives de masse et d’expansion de l’espace, respectivement. N’est-ce pas un cruel manque d’imagination d’utiliser des termes aussi prosaiques et si peu expressifs? Je suis curieux de savoir quels termes un amoureux des mots comme Aurelien Barrau aurait trouve s’il avait ete a l’initiative de leurs decouvertes.

  9. Bonjour,
    La matière noire est une déduction qui découle de l’observation faite en tenant compte de la force gravitationnelle et de la vitesse des objets célestes. Or, nous ne savons rien de la nature profonde du concept de masse et encore moins de celui de temps. On peut donc dire, que forces gravitationnelles et vitesses, liées étroitement à ces deux concepts (dont nous ignorons tout), nous engagent à penser que la matière noire n’est peut-être qu’une illusion. Nous pourrions comparer celle-ci, à celle que nos ancêtres avaient en voyant des lacs au beau milieu des dunes de sable. A cette époque, ils ne connaissaient rien sur l’indice de réfraction de l’air.
    Les ondes gravitationnelles, seraient à l’origine des forces du même nom. Celles-ci se propageraient à la vitesse de la lumière sans pour autant en connaître leur origine. Pour certains, elles seraient produites par des masses en accélération. Autrement dit, des masses en mouvement produisent un phénomène de masse ! C’est à la fois une tautologie et une redondance.
    Et si, les ondes générant les effets gravitationnels n’étaient pas générées par des masses en mouvement mais par des replis spatiotemporels infiniment petits ! Ceux-ci seraient induits par la structure strobofractale de notre Univers. Cette structure que j’ai appelé « Nautile », se retrouve dans toutes les dimensions, de l’infiniment petit à l’infiniment grand. Il est à la base de la nature profonde du temps et des forces gravitationnelles. Pour l’infiniment petit, il permet de donner un sens à la superposition. Pour l’infiniment grand il propose une réponse à notre questionnement sur la matière noire et propose d’autres procédés pour mesurer les grandes distance (autre que le redshift).
    Si vous êtes intéressé par ce sujet vous pouvez visiter mon site (où Aurélien Barrau est cité) : http://www.universstrobofractal.fr

  10. Bonjour,
    Comment concevoir une hypothétique matière noire alors même que nous n’avons aucune idée de ce qu’est une masse ? Aurélien Barrau, que je cite (page 42 de mon exposé sur la nature du temps) soulève ce problème, et je suis en accord total avec son point de vue. La matière noire n’est qu’un artefact dû à la forme du temps et son implication dans l’émergence de ce que nous nommons « masse ». Plusieurs autres aspects sont concernés en raison de la méconnaissance de la forme que prend le temps dans un Univers strobofractal. C’est le cas de l’expansion de l’Univers (son âge), de la vitesse de la lumière, de la gravitation, de l’incompréhension sur la vitesse des sondes Pioneer….. Vous trouverez tout cela résumé au chapitre 7 (Quelques paradoxes et faux-semblants) du site : http://www.universstrobofractal.fr

  11. Bonjour Aurélien,

    Mon fils, Nicolas, m’a suggéré que le temps n’existe pas, enfin que la notion de temps en tant qu’entité serait fausse.
    Selon lui, le temps ne serait qu’une caractéristique de chaque particule, comme l’énergie. Hors comme nous n’observons que des particules ayant une caractéristique temps quasi indentique, nous en avons conclu qu’il existe une entité temps.
    Un peu comme si tout ce que l’on pourrait observer serait bleu, on pourrait conclure à un bleu universel. (et par la suite identifier des bleu un peu plus clairs).
    Cette caractéristique “temps” participerait à l’interactivité de la particule. Ainsi une caractéristique temps de zéro n’autoriserait aucune interaction mais ne nierais pas l’existence que la particule ni son énergie son impact sur l’espace.
    Je trouve que cette vue, de temps comme caractéristique d’une particule et non une entité (tel que l’espace), est assez belle que vous la partager.

    Cordialement,

    Laurent Depauw

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