De la Vérité dans les Sciences

De la Vérité dans les Sciences est le titre de mon nouveau petit livre qui vient de sortir. C’est une modeste contribution à la question abyssale de l’articulation de la Vérité avec les différents champs cognitifs. Je tente d’y défendre un point de vue mesuré qui se distancie à la fois d’un scientisme hyper-rationaliste à mon sens naïf et d’un obscurantisme nihiliste à mon sens nocif. Il me semble que dans notre époque pétrie de certitudes, une invitation à la nuance, au doute, à la prise de recul, à la mise à distance, pour ne pas dire à la déconstruction, peut être bienvenue.

La science ne dit évidemment pas n’importe quoi. C’est indéniable et il faut le rappeler avec force. Mais tout me semble laisser penser qu’elle n’est pas non plus le dévoilement – suivant le schème de l’alètheia – de l’en-soi ultime du réel. Je tente de montrer qu’il est logiquement incohérent et éthiquement dangereux je considérer que la physique constitue l’unique vérité sur le monde. Pourtant, j’essaye d’arguer qu’elle constitue un magnifique moyen de tenter d’appréhender quelque chose de notre environnement qui dépasse nos simples fantasmes ou fantômes.

On peut voir ici une vidéo où je présente la première partie du livre sur l’excellent site “philosophies.tv”.

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Et ici la deuxième partie de l’intervention sur philosophies.tv.

À ce propos, on peut aussi écouter l’émission sur RFI Quelle vérité en science ? dont j’étais l’invité (merci à Caroline Lachowsky d’avoir passé comme je l’avais demandé une chanson de Damien Saez ! Je suis FAN) ou la Tête au Carré, La vérité dans les sciences, où j’ai eu le plaisir de me rendre avec la philosophe Anouk Barberousse. Enfin, d’autres aspects de ce thème ont été abordés dans Les savanturiers.

J’ai donné, autour de ce petit livre, une Interview dans Diacritik et une Interview sur Strass. Ainsi qu’une Interview dans Le Monde.

C’est aussi l’occasion de parler un peu de poésie.

Un excellent résumé critique est disponible ici.

La présentation de l’ouvrage est ici.

5 réflexions sur “ De la Vérité dans les Sciences ”

  1. L’univers (et ses jumeaux) a t-il nécessairement une vérité, ou bien est-ce nous qui en avons presque vitalement besoin ? Les sciences sont un outil qui nous permet de constater des caractéristiques physiques de l’univers. Une fois en possession de toutes les données, y a t-il pour autant une conclusion à en tirer ? Si oui sommes-nous en mesure de les déduire alors qu’aujourd’hui la physique quantique semble quasiment inintelligible !?

    Alors que les théories peuvent être complètement contre intuitives voire inconcevables, inaccessibles à l’interprétation; la philosophie, elle, est par définition anthropocentrée et est par conséquent limitée à nos sens. Sans quoi ce ne serait que des mots sans saveurs (pour peu qu’on ai les mots pour les “concepts finaux”). De ce fait la vérité, si toute fois elle a un statut, pourrait nous être à jamais hors de portée, faute de pouvoir sortir notre pensée de son cadre.

    Au final la philosophie est pleine de bon sens là où les mathématiques ne cessent de nous dire, vérification à l’appui, que nous n’y comprendrons rien.

    Ceci n’est bien sûr que ma vision des choses malgré la tournure définitive de mon propos ! Il se peut à contrario qu’une nouvelle théorie apportera la lumière, ou bien qu’un nouvel outil, aussi efficace que la mathématique, ne vienne nous aider.

    Vive la science et merci à Aurélien Barrau pour son travail !

    1. Bonjour Aurelien,

      Le gouvernement français actuel a decide de baisser les crédits accordes a la recherche scientifique et aux chercheurs. Je viens a l’instant d’acheter deux de vos ouvrages (sur Amazon) . Cette modeste contribution est bien sur insignifiante.
      Neanmoins, vous avez tous mon soutien moral, mes encouragements, ainsi que mon admiration.

      Amities,
      Hugo

  2. Bonjour,

    Pour ma part, la tâche de la science serait de révéler et de circonscrire les mondes de notre contexte, et leur point de disruptions. Je m’explique : Je pense que notre contexte que nous percevons bien sûr comme un est en fait fait de plusieurs mondes s’interférant. Il faut donc saisir leur propre paradigme, et les penser avec leur pensée propre, et aussi saisir leur disruption (le changement de paradigme) qui est donc par essence pas trop pensable.

    Je vois déjà deux mondes dans notre contexte, celui que le vivant construit et celui de l’Environnement (J’écris ici Environnement avec une majuscule pour signifier l’Environnement que je vois, ce monde propre car régit par ses propres lois, et non pour signifier l’environnement au sens actuel, concept vague qui regroupe tout et n’importe quoi).

    Pour moi, il est clair que le vivant lutte contre l’Environnement et non en fait partie. Il a un pouvoir de création non finaliste (ou en tous cas, autant finaliste que le pouvoir humain) de son propre monde. Cela se voit tous les jours autour de nous. Des animaux éduquent leurs petits. Des mangroves brisent des vagues. Des forêts adoucissent les températures. Des zones humides régulent et distribuent l’eau. Le milieu est composté. L’oxygène est produit. Les roches sont brisées. Le soleil est capté. Des territoires cherchent à être gagnes. Etc.

    Le monde que le vivant construit et le monde des lois physiques sont deux mondes au paradigme ultra-différent. La matière est leur point de liaison (Darwin a montré dans son dernier livre comment le vivant érode le caillou Terre pour créer son monde). Pour moi, très clairement, la Terre n’est pas vivante, seul le vivant est vivant. Il faut prendre conscience de ce que cela veut réellement dire – en vérité-.

    Je ne serais pas étonné que ce qu’on prend pour de la matière noire dans l’univers serait juste dû à un simple changement de paradigme (et non à de nouvelle particules), qu’il existe simplement une autre nature, un autre paradigme dans l’univers.

    PS: Du coup, cela donne une définition par intension au vivant (des moteurs qui surgissent de l’environnement, qui se développent, eux et leur monde, pour se maintenir au dépens des lois de l’environnement).

  3. Bonjour Mr Aurélien Barrau. J’ai écouté avec beaucoup d’intérêt l’émission sur RFI autour de la question Quelle vérité en science.
    Pour moi la Science est un ensemble de connaissance discursives visant l’explication des phénomènes de l’univers. Cette production de connaissance a pour but la connaissance et la compréhension du réel. Ces connaissances étant fruits de la pensée, aussi rationnelles, aussi logiques et raisonnables qu’elles soient ne peuvent répondre à la question de savoir si ce qu’on pense de l’objet correspond à ce qu’est l’objet en réalité. La science est donc recherche de la Vérité absolue; Vérité qu’elle n’atteindra jamais en mon sens que la Vérité est l’en-soi même de l’objet. L’activité scientifique dans sa quête permanente de la Vérité absolue, ne se réduit qu’à la production des vérités qui ne sont que conclusions auxquelles aboutissent les théories visant la compréhension des phénomènes universel.
    La réponse à la question de Caroline (Pourquoi et comment la vérité peut-elle être remise en cause par de nouvelles découvertes?) illustre le fait qu’on ne saurai parler de Vérité en science mais des vérités car comme dit précédemment, les vérités sont aboutissements de théories; ces vérités ,pour un phénomènes ,deviennent contestées lorsque survient une autre approche explicative du même phénomènes ou lorsqu’on parvient à une autre vision où la précédente théorie n’explique plus le fait observé. Dans les deux cas l’apparition d’une nouvelle théorie est obligatoire; elle pourrait résulter d’une union des diverses approches (amélioration) ou d’une reformulation (reconstruction) de la précédente théorie. Le scientifique se doit de remettre en cause ses aboutissements car la remise en cause entraine l’evolution vers l’absolue Vérité. La Vérité en science apparaît donc comme un ensembles de vérités appelées à évoluer.
    Et quand bien même on parviendrait à une vérité absolue du point de vue scientifique, on ne saurai se taguer la connaissance réelle du fait car ce dernier apparait tout autre pour un individu qui apréhende le monde autrement. La science est une méthode (peut-être même la plus belle) mais elle n’est pas la seule. C’est ainsi que suivant les autres formes d’apréhension on aura droit à des vérités absolues toutes autres et toutes aussi légitimes que celle provenant de la démarche scientifique.
    La notion de Vérité Ultime s’introduira donc comme conciliation de toutes forme de Vérités absolues; cette notion est encore d’autant plus inateignable que la notion de Vérité absolue ne l’est.

  4. Vous êtes à la fois un scientifique, un philosophe et un spiritualiste. Chacun donne la vérité à sa façon, mais la vérité
    ne peut que passer par le Soi de chacun avant tout: peut-être comme un simple transfert éphémère dans l’existence d’une vie.
    Il ne s’agit non plus d’y affecter une prédominance de l’homme au centre de tout: mais simplement un constat.
    L’homme est une fonction charnière entre le macrocosme et le microcosme.
    Il se peut que nous soyons dans l’erreur à chercher une réponse ultime: la vie demande peut-être simplement de participer in situ afin de transformer directement son état de Soi dans une sorte de métamorphose intérieure.
    Je pense que l’enjeu de l’Evolution se situe à ce niveau: les étoiles ni la matière ne peuvent apporter une transformation à l’homme sinon la résolution de son collapsus cérébro-spinal qui le place dans l’interrogativité avec lui-même et le restant de lui-même!

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