Un autre livre, modeste par la taille mais très attachant, permet de (re)découvrir la personnalité de Robert Desnos. Il s’agit d’un ouvrage de la collection Poètes d’aujourd’hui (Seghers, 1973) écrit par Pierre Berger, livre certes épuisé mais que l’on peut trouver d’occasion en cherchant un peu. Tout en suivant un fil de nature biographique, l’auteur émaille son discours d’incidentes permettant, parfois grâce à de simples anecdotes, de mieux cerner l’extraordinaire singularité de ce poète décédé au camp de Theresienstadt et reconnu dans ses derniers instants par Joseph Stuna, un étudiant tchèque ayant étudié la littérature surréaliste et qui a tout tenté pour lui sauver la vie.
On trouve aussi dans ce livre des opinions assez tranchées que l’on n’est pas tenu de partager mais qui donnent à l’ouvrage une dimension rare à une époque où il est parfois proclamé que tout est égal à tout. A titre d’exemple, que l’on me permette de citer celle-ci : “Jamais un poème de Valéry n’a fait battre le cœur des hommes, alors que Eluard, René Char et Desnos ont soulevé des milliers de poitrines tant leur œuvre est lourde de dynamite”. Et il est vrai que “J’ai tant rêvé de toi, tant marché, parlé,…” ne peut que déclencher une rare émotion, à la limite de l’explosion intérieure.