Tout récemment, l’actualité a vibré autour de l’ordinateur quantique de la NSA, le Washington Post relayant les (fausses ?) confidences d’Edward Snowden. Présenter comme un scoop l’existence de recherches en la matière faites par les grandes oreilles d’Obama relève de la plaisanterie : il est bien évident que l’importance des enjeux justifie que toute officine de renseignements, où qu’elle soit et au service de qui que ce soit, se doit d’être associée à de telles études, voire d’ouvrir son portefeuille pour participer à leur financement.
Les enjeux sont connus : avec ses possibilités en nombre infini non dénombrable, l’ordinateur quantique renverra son ancêtre conventionnel, celui que nous utilisons tous aujourd’hui, au rayon des antiquités médiévales. Il sera capable, notamment, d’effectuer (plus ou moins rapidement) des calculs qui sont aujourd’hui inenvisageables, même avec les calculateurs les plus puissants fonctionnant massivement en parallèle, par exemple de factoriser un grand nombre en ses facteurs premiers, une opération qui est au cœur d’algorithmes de cryptage utilisés quotidiennement à notre insu comme celui à l’origine du code d’une carte bancaire.
Alors, qu’en est-il ? Sur le plan de la recherche pure et à la connaissance du milieu académique ou industriel, civil en général, il semble que l’on est encore loin du compte et que cet ordinateur miracle est hors de portée, peut-être pour des décennies encore. Si l’on sait aujourd’hui réaliser des circuits capables d’effectuer quelques opérations et de jouer le rôle des briques élémentaires exigées par la Logique, la difficulté est de les assembler en assez grand nombre pour qu’ils ne soient pas cantonnés à des opérations qu’un enfant de CP n’aurait aucun mal à effectuer. L’obstacle majeur, et redoutable, est que plus le système grossit, plus la cohérence quantique est difficile à préserver, or c’est précisément elle qui donne à un circuit quantique ses possibilités phénoménales… D’autres complications doivent d’ailleurs être surmontées, comme celle permettant de concevoir des codes correcteurs d’erreur fiables, une nécessité absolue pour toute machine, alors que la Théorie quantique — dont on attend justement les miracles qu’elle seule peut accomplir — est du genre donnant – donnant et impose ses règles et théorèmes comme celui dit du non-clonage quantique.