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Saga Galaxie : science et fiction

saga trans-media collaborative
Marraine et parrain

On m’a proposé d’être “marraine” d’un projet multi-média/science, qui s’est déroulé ce printemps à Grenoble. J’étais accompagné par le parrin, Éric Lewin, “cailloutologue”, spécialiste de Mars et des météorites – et hyper calé en science-fiction !

Marraine et parrain de la Saga Galaxie

Notre rôle a  été d’inspirer au début, puis de nourrir l’imagination fertile des participants. Mais le vrai travail est fait par l’équipe de la Casemate (CCSTI de Grenoble) et les professionnels du collectif “La Fabrique Média”. Ainsi, ce sont des soirées très dynamiques pour découvrir des artistes et leur mode d’expression et une aventure participative pour créer tout un univers de science-fiction qui ont eu lieu chaque semaine. Des participants de divers horizons et tout âge ont créé cette saga. Comme dans tout délire de science-fiction qui se respecte, nous avons essayé de maintenir un minimum de vraisemblance ! Tout est ensuite libre d’accès.

Compositeur, dessinateur, scénariste …

C’était vraiment un privilège de découvrir comment une scénariste parvient à créer une “bible d’univers” avec les idées d’une dizaine de personnes novices en la matière et avec des bagages très disparates (scientifiques, artistiques ou amateurs de science-fiction essentiellement). Ou encore comment un dessinateur transforme une suite de “consignes” en un personnage digne d’un film hollywoodien..

Emblème de la Caste des Érudits. Les Érudits sont chargés de l’éducation et de l’orientation des enfants vers les différentes castes. Leur emblème symbolise les multiples chemins auxquels ils préparent la population

 

Technocrates et Mystiques vont confronter leur vision radicalement différente de l’énergie noire … Au départ j’ai simplement présenté quelques éléments sur cette énergie noire, responsable de l’accélération de l’expansion de l’espace et sujet majeur de LSST.

Personnage terrien de la planète où l’on exploite l’énergie noire. Pirate qui fomente la rébellion depuis Mars.

 

 

 

 

 

Ce personnage, Soraya, est une Terrienne cachée sur Mars. Ainsi, elle porte de grosses chaussures en plomb pour compenser la faible gravité, une sorte d’ombrelle métallique qui la protège du rayonnement cosmique puisque l’atmosphère martienne est trop ténue pour être assez efficace et arbore une sorte de coiffe, qui lui donne une allure guerrière et remplace la chevelure. En effet les Terriens ont évolué en perdant cheveux, cils, sourcils qui nuisaient à l’extrême propreté requise pour produire des vides de qualité suffisante pour exploiter l’énergie noire.

A faire vous aussi
Plan confidentiel d’un traducteur d’énergie noire

Le dernier atelier a consisté en la finalisation de deux objets, un émetteur-récepteur et un transformateur-traducteur d’énergie noire. N’hésitez pas à en fabriquer pour vous : les liens vous donnent les plans et la marche à suivre. Il suffit d’aller dans un FabLab, d’avoir suivi les formations pour utiliser les machines, de s’appliquer … et d’avoir un peu d’imagination.

Cette page synthétise la Saga Galaxie où je me suis régalée et je n´étais pas la seule !

La Saga, suite

Et si vous avez envie de participer, une nouvelle saison consacrée à l’environnement se prépare, une nouvelle saga sera très probablement proposée au printemps 2020, à suivre sur EchoSciences.

Pourquoi autant de méfiance face à la matière noire ?

L’annonce des résultats de Planck en mars dernier incluait “26% de l’énergie de notre univers aujourd’hui est sous forme de matière noire (avec une précision de l’ordre du pour-cent)”. Que la matière noire soit source de questions, c’est bien normal ! Mais elle a souvent été lors de conférences sujet de questions provocatrices (soit), sceptiques (soit …) voire soupçonneuses, quand ce n’était pas agressives. J’ai donc été amenée à réfléchir à la meilleure réponse – enfin pas trop mauvaise en tout cas, pour les matièrenoirosceptiques.

L'expérience zen d'un voyage au cœur d'un tableau de Pierre Soulages
L’expérience zen d’un voyage au cœur d’un tableau de Pierre Soulages

Soit on mesure mal …

Les chercheurs ne “croient pas” en la matière noire. Il y a des observations en contradiction avec la loi de la gravité (newtonienne, même pas la peine de faire appel à Einstein). Donc soit les mesures sont fausses, soit la loi est fausse, soit on relie mal les paramètres de la loi (ici la masse) aux mesures. Les mesures se sont largement affinées au cours de ces dernières dizaines d’années et le “problème” apparait à l’échelle des galaxies, des amas de galaxies, des grandes structures. Difficile d’imaginer que tout le monde se trompe alors que les résultats sont cohérents.

Soit c’est la faute d’Einstein …

Modifier la loi de gravité est très tentant. Après tout, Einstein a corrigé Newton pour les vitesses proches de celle de la lumière, pourquoi ne pas imaginé une modification qui aurait un effet aux très grandes échelles de distance, aux échelles “astronomiques” à proprement parler ? Plusieurs modifications ont été proposées mais aucune n’explique vraiment les observations des galaxies aux échelles cosmologiques. Et puis il y a eu l’amas du Boulet. Deux galaxies sont récemment rentrées en collision, on observe la distribution de matière ordinaire en rayon X, on déduit la distribution de masse totale par effet de lentille gravitationnelle. L’essentiel de la masse n’est pas là où on voit la matière ordinaire. Or c’est incompatible avec une modification de la loi ! Il existe des subtilités qui permettent de s’en sortir avec quand même un peu de matière noire mais l’élégance de cette solution a pris un coup quasi-fatal.

Soit on ne connait pas !

Reste l’interprétation : la masse “vue”, quel que soit le domaine de longueur d’ondes exploré, n’est qu’une petite partie de la masse “nécessaire” aux équations. Quelle est alors la nature de cette matière sombre ? Il y a une vingtaine d’années, on pouvait remplir notre galaxie de matière ordinaire car les erreurs sur la densité de matière baryonique (produite peu après le Big-Bang) et sur la masse nécessaire pour expliquer les vitesses des étoiles loin du centre galactique le permettaient. Ce n’est plus le cas. Il y a une vingtaine d’années la matière noire pouvait être “chaude” car on n’avait pas de simulations et d’observations des grandes structures assez fiables pour trancher. Le neutrino, particule non-baryonique qui a une vitesse très proche de celle de la lumière, était un candidat fort intéressant. Ce n’est plus le cas.

Aujourd’hui on calcule précisément la quantité de matière noire nécessaire pour expliquer les observations, on “voit” (indirectement) où elle est, on connait certaines de ses propriétés (neutre, sans interaction avec la lumière), mais on ignore toujours sa nature exacte (bien que de très nombreux modèles théoriques existent !) – on sait juste qu’elle doit être différente que ce qui compose les étoiles et nous, le gaz et les planètes.

Quand la lumière nous montre le noir
Quand la lumière nous montre le noir

Il ne faut pas croire que les chercheurs “veulent” de la matière noire, on rêvait plutôt de mettre en évidence une faille dans ce modèle ! Trouver une alternative à la nécessité de la matière noire était très très excitant. Mais non, les observations nous disent que l’ensemble est cohérent à l’unique condition de la présence (massive) de matière noire. Alors 13.8 milliards d’années deviennent limpides, plus limpides en tout cas.

Il est difficile de saisir l'ensemble, ce n'est pas une raison pour détourner le regard.
Il est difficile de saisir l’ensemble, ce n’est pas une raison pour détourner le regard.

Mais pourquoi est-ce impensable pour certains au point de mettre en doute (sans aucune connaissance permettant une critique légitime) les résultats d’années de travail de centaines de personnes ?

C’est finalement incroyablement “prétentieux”. Pourquoi ce qui n’est pas “comme nous” est donc si suspect ? Pourquoi ce que nous ne voyons pas avec nos yeux est donc impensable ?

Pourtant on a découvert que les ondes radio ou les rayons X sont tout autant de la lumière que ce que la photosphère du Soleil nous envoie : nos yeux ne voient pas tout. Pourtant on a découvert le neutrino par de la masse manquante, c’est une particule du modèle standard certes mais ses propriétés sont bien étranges pour un humain !

Il semble qu’il faille bien admettre que l’univers contient de la masse essentiellement sous une forme qui nous est étrangère et, pour l’instant, inaccessible. C’est une mauvaise nouvelle pour notre égo : non seulement nous sommes le centre de rien du tout mais en plus nous sommes fait d’une matière quasi-insignifiante à l’échelle du cosmos. Ce n’est pas une raison pour abandonner ! Le défi n’en devient que plus pimenté : comprendre le cosmos sculpté par la matière noire avec notre cerveau de matière ordinaire.