Quand on travaille sur l’analyse des données – entre autres, il faut nécessairement être dans une collaboration puisqu’il faut des données !
Après 3 ans sur EROS pour chercher de la matière noire, 3 ans sur CAT et 1 an sur HEGRA pour étudier les noyaux actifs de galaxies avec leur émission à très haute énergie, j’achève 14 années consacrées au rayonnement fossile – 4 essentiellement sur l’expérience embarquée en ballon Archeops et … 10 sur Planck. Il est temps de changer !
Certain(e)s se spécialisent dans un domaine, d’autres papillonnent un peu plus. En ce qui me concerne, j’aime bien changer. Après Planck, ma prochaine aventure – qui pourrait être encore plus longue que celle qui s’achève – s’appelle LSST.
Nom de code LSST
LSST signifie Large Synoptic Survey Telescope. Pas très joli à l’oreille et à peu près intraduisible. Ca commence pas très bien. Si on ne tente pas une traduction trop littérale, LSST signifie “un télescope pour tout voir”. Ça devient intriguant …
Ce que c’est : un télescope avec un miroir d’une surface équivalente à celle d’un 8 mètres de diamètre qui scrute tout le ciel visible du sol tous les 11 jours avec une caméra de plus de 3 milliards de pixels … Ses objectifs : tout. Des astéroïdes aux galaxies, des étoiles aux lentilles gravitationnelles. Naturellement il sera installé au Chili dans la Cordillère des Andes. Là, je ne peux pas résister !
Un bref aperçu en images :
Retour aux sources
En thèse, je travaillais dans EROS, plus précisément EROS 1 CCD. Un télescope de 40 cm de diamètre certes, mais à La Silla au Chili. Et la plus grande caméra CCD du monde, enfin la plus grande à l’époque bien-sûr, avec 16 CCD de 579 x. 400 pixels soit plus de 3,7 millions de pixels. Et la prouesse était de les lire en quelques minutes (2 je crois …) alors que d’autres instruments mettaient une quinzaine de minutes pour récupérer les informations de quelques centaines de milliers de pixels.
En 2022, trente ans plus tard, la plus grande caméra CCD du monde commencera ses observations scientifiques avec 1000 fois plus de pixels … lus en 2 secondes.
Un programme chargé
Que verra LSST ? Juste quelques milliards d’étoiles, quelques milliards de galaxies, quelques dizaines de millions d’exoplanètes. Et bien-sûr les astéroïdes qui risquent de menacer un jour la vie sur Terre ! Après tout, si l’astrophysique pouvait devenir utile, pourquoi s’en priver ?
Tous les champs de la discipline sont concernés puisque LSST va observer tout le ciel qui lui sera accessible. Un peu comme Planck, mais cette fois ce n’est pas dans le domaine submillimétrique mais tout “simplement” dans le visible.
LSST grand public
Vous voulez en savoir plus ? Le site www.lsst.org (en anglais) devrait vous plaire ! J’espère que nous proposerons bientôt un site en français, j’y travaillerai. En attendant je donnerai des nouvelles sur ce blog – sans oublier futura-sciences avec des articles sur site du Chili et le miroir notamment.