Meuse : Vent des Forêts, Matali Crasset, guerre et création villageoise

Vent des Forêts est une association, accueillant un centre d’art à ciel ouvert, située au cœur du département de la Meuse. En région Grand Est de la France, six villages agricoles et forestiers, autour de Fresnes-au-Mont, invitent depuis 1997 des artistes contemporains à développer un travail de création en prise directe avec le territoire. Plus précisément, ce sont 5 000 hectares de forêt à proximité des villages de Dompcevrin, Fresnes-au-Mont, Lahaymeix, Nicey-sur-Aire, Pierrefitte-sur-Aire et Ville-devant-Belrain. Comment ai-je entendu parler de ces activités villageoises artistiques ? Grâce à une invitation de Gwendal Sousset qui collabore avec BDI, l’agence du développement économique de la Région Bretagne, et qui m’avait convié au festival 360 possibles des 12 au 14 juin au parc du Thabor de Rennes. Parmi les exposants, il y avait Matali Crasset, l’une des designers les plus cotées en France, qui a débuté dans l’équipe de Denis Santachiara à Milan et celle de Philippe Starck à Paris.

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La Réunion et Monténégro : un arbre fontaine et un autre artésien

C’est l’été et donc je passerai quelques vidéos rafraîchissantes et une provocante liées à des arbres fontaines et à une artiste les ayant mis en scène. Au-delà de l’exemple que j’illustre souvent dans ce blog de l’arbre fontaine d’El Hierro aux Canaries, il y a bien d’autres au Pérou, au Chili, au Maroc, sur l’archipel du Cap-Vert, à Djibouti, dans le Dofar du sultanat d’Oman, sur l’île de La Réunion… Sur cette dernière terre, département d’outre-mer dans l’Océan Indien, je vous invite à voir le bois de couleur des Hauts qui est un milieu propice localement aux arbres fontaines. Le bois de couleur est une forêt de montagne tropicale typique des Hauts, une zone à forte nébulosité, de l’île de La Réunion.

Tamarin des Hauts (Acacia heterophylla) du bois de couleur dans le brouillard. Nez de Bœuf, La Réunion. © J.-F. Bègue pour le Parc National de La Réunion.

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El Hierro : le nouvel arbre fontaine et Leoncio Oramas Díaz-Llanos (1947-1948)

Par le menu, je conterai l’histoire de la plantation du nouveau Garoé ou Arbre saint ou bien arbre fontaine de l’île d’El Hierro aux Canaries entre 1947-1948. Surtout d’ailleurs, je vais essayer de montrer ce  qu’il y a derrière la restauration, au sens politique, d’un arbre symbole voire un arbre-totem. Le Garoé avait disparu au début du XVIIe siècle mais avait laissé de nombreuses traces dans les récits d’histoire y compris celle naturelle. Dans un contexte de sécheresse, cet arbre sacré recueillait, à son pied, l’eau du brouillard précipitée auparavant, sous forme de gouttelettes, sur ses feuilles. Au début des années 1940 le texte de Leonardo Torriani, édité par Dominik Wölfel (en allemand) à Leipzig, n’était connu dans l’archipel que des quelques personnes férues d’histoire, d’archéologie et de traditions. La référence bibliographique complète est la suivante :

Torriani, Leonardo, Wölfel, Dominik Josef (Hrsg.) Die kanarischen Inseln und ihre Urbewohner eine unbekannte Bilderhandschrift vom Jahre 1590; Quellen und Forschungen zur Geschichte der Geographie und Völkerkunde, Band 6, Leipzig, 1940.

Il s’agissait d’une édition bilingue italien-allemand et, bien sûr vu la dureté des temps en 1940, partielle et non illustrée. Toutefois, grâce à Dominik Wölfel le gisement des riches archives de Torriani était bien identifié à Coimbra, la capitale historique du Portugal où l’architecte italien résida jusqu’à son décès en 1628, après être passé du  service du roi d’Espagne à celui du Portugal (faisant un chemin inverse, quant à ses commanditaires, de celui de Christophe Colomb !).

Carte des Canaries de l’an 1590 par Leonardo Torriani. L’île d’El Hierro est la pince gauche du crustacé et celle de Tenerife, plus grande, en est la tête. Source : Biblioteca General da Universidade de Coimbra, catalogue number Ms. 314, folio 8r.). https://proyectotarha.org/en_GB/2016/05/13/esenciales-iv-descripcion-e-historia-del-reino-de-las-islas-canarias/

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El Hierro : représentations de l’arbre fontaine, de las Casas (XVIe s.) à Wölfel (1940)

Je mets à jour l’histoire de l’arbre fontaine de l’île d’El Hierro aux Canaries qui est tout sauf un mythe. Cet arbre sacré recueillait, à son pied, l’eau du brouillard précipitée auparavant, sous forme de gouttelettes, sur ses feuilles. Il est aussi connu sous les noms de Garoé et d’Arbre saint.

Les armoiries ou les armes d’El Hierro avec, au centre, le nuage de brouillard qui nimbe l’arbre saint des espagnols ou encore l’ancien Garoé des aborigènes guanches. Au pied de l’arbre, est l’eau recueillie.

Mettre à jour est ici plus une formule littéraire parce que, en recherche archivistique, il se parle en année voire en décennie. La connaissance d’un végétal remarquable disparu, car arraché par le vent au début du XVIIe siècle, est plutôt de l’ordre de la reconstruction faite brique après brique mais sachant que celles-ci sont irrégulières et qu’il y aura toujours des trous ou des lacunes. Continuer la lecture

Trollhättan : des voitures à l’E85 vers celles solaires, électriques et V2G

Dans la ville industrielle de Trollhättan dans le sud de la Suède, près de Göteborg, on commence à croire de nouveau ; l’ancienne usine automobile Saab, quasiment à l’arrêt depuis 2014 et la fin officielle de ce constructeur en 2016 devrait renaître fin 2019 (en allemand et anglais). Le projet reste toujours d’actualité en 2022. Saab Automobile (il existe des entités complétement séparées depuis longtemps tels Saab Aviation – un groupe militaire dont aussi des sous-marins – et les camions Scania) employait environ 3 700 personnes à Trollhättan autour de  2009.

En 2009, une vue partielle de l’usine de Saab Automobile de Trollhättan, une ville qui comptait alors 46 000 habitants, au sud de la Suède. © Saab Wikipedia CC.

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Tessy-Bocage : Dominique Delport et la mobilité électrique aux champs

Dominique Delport (dont la photo est mise en avant) est le seul à rouler en voiture électrique (VE) dans son village du département normand de la Manche, Tessy-sur-Vire, devenu en 2016 Tessy-Bocage, à la suite d’un regroupement communal. Vous retrouveriez ce pionnier des communications locales dans mon billet antérieur sur ce même blog CLIMAT’O. Il faut encore ajouter qu’il anime l’Usine Utopik, lieu de création et de diffusion original surtout dans le bocage normand.
Ici, nous parlerons d’abord de prises électriques indispensables pour charger et recharger sa voiture électrique. Attention, il y aura une forêt dense de câbles et de prises, comme en Amazonie, mais vous ne vous perdrez pas en me donnant la main. Continuer la lecture

Porto Santo, Utrecht et Danemark : V2G et apport du véhicule électrique au réseau

Dans notre espace public en France, le déploiement des bornes de recharge des VE (véhicules électriques) est quelque chose de lent ou de progressif. Ne parlons point du V2G ou Véhicule to Grid ou bien, en français, la charge bidirectionnelle qui est testée sur l’île portugaise de Porto Santo (5 500 habitants, 43 km², archipel de Madère et connue en histoire pour être la terre de la femme de Christophe Colomb) et la ville d’Utrecht (330 000 habitants, Pays-Bas). Idem pour le système V2H (Vehicule to House), lui aussi indisponible, en France mais, avec l’achat d’une wallbox à charge bidirectionnelle, Mitsubishi le propose au Japon et dans quelques pays européens. Continuer la lecture

El Hierro : 56 % d’EnR en 2018 dans le mix énergétique de l’île

Sur l’île d’El Hierro aux Canaries la montée en puissance des énergies renouvelables (EnR) dans le mix ou encore le bouquet énergétique, limité à l’électricité,  se voit aisément dans les pourcentages suivants :

– année 2018, EnR 56,4 % versus énergie fossile (fioul) 43,6 % ;
– année 2017, EnR 45,3 % versus énergie fossile 54,7 % ;
– année 2016, EnR 40 % versus énergie fossile 60 % ;
– année 2015, EnR 30 % versus énergie fossile 70 %.

En chiffres, cela donne en 2018, pour les EnR (produites uniquement par la centrale hydro-éolienne locale), 23 656 MWh soit 17 % de plus qu’en 2017 et, pour les énergies fossiles (ici, le fioul lourd qui est visqueux, chargé en soufre et connu pour dégager, lors de sa combustion, beaucoup de CO2 et des gaz toxiques), 18 268 MWh soit une baisse de 21,9  %, toujours par rapport à 2017.

La photographie a été prise lors de la fin de la construction de la centrale hydraulique en 2013. On voit bien, au dessus de celle-ci et à gauche, les deux longs tubes verts : l’un celui de la conduite forcée, issu du bassin supérieur (invisible car situé 650 m plus haut), et l’autre utilisé pour le pompage de l’eau du bassin inférieur, ici encore vide. Gorona del Viento, El Hierro, Canaries. © A. Gioda, IRD.

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Afrique et Bolivie : Yann L’Hôte et Ana Forenza, bénédictins des archives

Comme la plupart des gens, je n’aime guère rédiger des hommages car leur écriture est douloureuse. Toutefois le départ récent, vers l’autre rive, de mon ancien Collègue hydrologue Yann L’Hôte, en novembre 2018, est aussi l’occasion de montrer l’héritage intellectuel des chers disparus, telle l’archiviste bolivienne Ana Forenza, et de souligner notre altérité.
Yann L’Hôte était une personne discrète qui s’effaçait devant ses travaux si bien que j’ai eu des difficultés à trouver de lui une  photographie récente, même bien petite, sur la Toile.

L’hydrologue Yann L’Hôte, un jour de froidure, est au premier plan et tout à droite avec un groupe d’amis de Mémoire d’Oc, une section de l’Université du Tiers Temps de Montpellier. Porte menant à la butte de l’ancien château, cité de Pézenas (Hérault). © M.O.

Pendant des décennies, Yann a compilé, rangé, analysé et critiqué des données du climat surtout de la pluviométrie appelée encore la mesure de la pluie. Continuer la lecture

El Hierro : des transats zéro carbone solidaires, du méridien zéro au Nouveau Monde

Au port de La Restinga de l’île d’El Hierro, se succède des voiliers et autres embarcations EnR afin de traverser l’Océan Atlantique. Ce sont des transats originales faites par des navigateurs français en majorité bretons ou ayant de forts liens avec la Bretagne. Ces transatiers sont à la recherche d’exploits personnels afin de porter des initiatives citoyennes ou visant à promouvoir les EnR dans la lutte contre le changement climatique. Une force admirable anime ces navigateurs, combinée à une savante approche, sans oublier maints calculs effectués afin de ne pas disparaître en mer sur des prototypes, le plus souvent de leur dessin et quelquefois même faits de leurs mains. L’actualité est le prochain départ d’El Hierro du bateau à rames de Jérôme Bahuon (en photo ci-dessus) qui veut, grâce à sa traversée de l’Atlantique en solitaire, d’abord, récolter de l’argent pour l’association Leucémie Espoir et, ensuite, « dédramatiser le don de moelle osseuse ».

Jérôme Bahuon a testé son embarcation transatlantique à avirons, pendant 2 années, avant de partir sur l’île d’El Hierro (Canaries) à la mi-janvier 2019. © Bigood Leucémie bandeau.

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« Les climats, les saisons, les sons, les couleurs, l'obscurité, la lumière , les éléments, les aliments, le bruit, le silence, le mouvement, le repos, tout agit sur notre machine, et sur notre âme . » Jean-Jacques Rousseau, Les confessions.