Archives pour la catégorie Livres

Monde : “VertigO” numéro spécial transition énergétique

Un livre scientifique, oui tout à fait, mais il se présente sous un support seulement numérique. La revue académique de l’UQAM qui offre l’actualité scientifique des sciences de l’environnement VertigO,  publiée à Montréal (Université  du Québec, Canada), avait décidé en 2014 de dédier un numéro spécial à la transition énergétique (volume 14, n°3).
Après une introduction non signée mais attribuable à Eric Duchemin, une brochette d’une bonne quinzaine d’articles faisant le tour du monde de la question est progressivement mise en ligne et en accès libre depuis le 9 février dans le dernier numéro portant la date de 2014. Je vous invite à vous y pencher dessus.
Mon dernier travail au sujet de la transition énergétique précédée de l’écologique, revu par les pairs comme les autres contributions, traite toujours d’El Hierro aux Canaries. Début février, il vient d’être mis en ligne.

Concord : Walden et autres écrits de H. D. Thoreau

En écologie appliquée, deux grandes écoles m’étaient connues : celle de la préservation de la Nature issue des écrits et des actions de John Muir (1838-1914), le créateur du Yosemite, le premier Parc National aux USA, et du Sierra Club ; et celle de la conservation — qui passerait de nos jours pour le développement durable– prônée par Giffort Pinchot (1865-1846) aux USA également.
John Muir se réfère souvent à son aîné Henry David Thoreau (né et décédé à Concord, Massachusetts, Etats-Unis, 1817-1862) car il connut bien son ami fidèle depuis Harvard et diffuseur de ses idées Raph Waldo Emerson (1803-1882). Ce dernier eut une vie terrestre bien plus longue que Thoreau. Toutefois pour moi, tout cela n’était que des généralités car je dois confesser n’avoir lu, jusque il y a peu, aucun de ces textes fondateurs de l’écologie, hors ceux de Humboldt, sans doute par paresse. Un séjour récent en Italie m’a fait rencontrer dans une ancienne et petite bibliothèque familiale, une bonne part des écrits de Thoreau. Il s’agissait d’une version originale au sens d’américaine qui regroupait les grands textes de l’auteur auxquels s’ajoutaient des extraits d’écrits moins connus, tels son Journal et les récits de promenades naturalistes. Le livre de poche de Bantham Classic était dans son édition de 1962 et cette dernière avait été préparée et introduite par Joseph Wood Krutch lui-même écrivain, essayiste et naturaliste reconnu.
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Paris et Angers : Niki de Saint-Phalle et son arbre-fontaine

Je sais ce n’est point un livre mais c’est d’art dont je voudrais vous parler ce jour.
L’actualité c’est l’exposition de Niki de Saint-Phalle (1930-2002) au Grand Palais de Paris jusqu’au 2 février 2015. En parallèle et pour les provinciaux, Arte a donné à voir le 19 novembre un film sur l’artiste Niki de Saint-Phalle : “Qui est le monstre … toi ou moi ?”  qu’il sera possible de revoir sur Arte+7. C’est un documentaire de 1995 tourné avec la collaboration de l’artiste ce qui en fait tout sa valeur.
La même année que je publiais “L’arbre fontaine” d’El Hierro aux Canaries dans le mensuel La Recherche soit 1992, l’artiste créait une grande sculpture en polyester destinée au plein air. Appelée aussi “L’arbre fontaine” ou encore “Serpents arbre fontaine” ou “arbre-serpents”, je ne l’ai jamais vue et appréciée en vrai.
A l’inverse j’avais vu en eau sur une placette,  au pied de de Beaubourg à Paris,  sa Fontaine Stravinskyqui l’avait précédée. Maintenant “L’arbre fontaine” est installé au centre d’une belle cour carrée du musée des Beaux-Arts d’Angers mais hélas il n’est pas fonctionnel. La photographie mise en avant pourrait être tirée d’une série d’illustrations mises en ligne sur le blog de Patricia Tutoy.
A ses débuts, Niki de Saint-Phalle réglait ses comptes avec la famille et la société par des coups y compris de feu sur des personnages fictifs, tel sur un champ de tir ou comme au painting ball avant que ce soit la mode. Ensuite, elle changea sa perspective,  à la fin de sa longue vie d’artiste , vers une approche plus apaisée de son art. Très inspirée alors par le catalan Gaudi et son parc Güell à Barcelone tout comme par les sculptures de son compagnon Jean Tinguely,  Niki de Saint-Phalle s’occupa de jardins, de nature et de sculptures en plein air.

 

 

Auschwitz et le brouillard : “Si c’est un homme ” de Primo Levi

Il y a un temps pour lire et un autre pour réfléchir avant d’agir.
Un livret fort que “Si c’est un homme” de Primo Levi, presque un reportage car “aucun des faits rapportés n’est inventé”, selon ses mots. Tout est dans le mot “presque” car il brûle, ce livret tel le feu sous la cendre. Durant l’hiver 1946-1947, l’auteur raconte et analyse la captivité et les travaux forcés d’un certain Primo Levi, un partisan juif italien envoyé en février 1944, textuellement comme un objet, à Auschwitz, le plus célèbre car le plus sinistrement efficace des grands camps polonais d’extermination de la Seconde guerre mondiale. Primo Levi en ressortira vivant, grâce à sa débrouillardise et son intelligence, en janvier 1945. Néanmoins, la chance avait été aussi de son côté, dès le premier jour, quand il y avait été évalué sommairement (en quelques secondes) jeune et utile. Primo Levi admit aussi avoir survécu parce que sa déportation advint lors du crépuscule de l’Etat nazi, déjà délabré en 1944. Egalement il survécut parce que la libération de son camp par l’Armée rouge se fit assez vite le 27 janvier 1945 et que, malade, il ne put être évacué après le 17 de ce mois, évitant ainsi de participer dans la neige à “la marche vers  la mort” d’Auschwitz vers Loslau de près de 70 000 déportés, poussés par les SS fuyant eux-même les Russes. Continuer la lecture

Sibérie : l’amitié entre “Dersou Ouzala” et l’auteur Arseniev

Je pensais écrire au sujet du film de Kurosawa de 1975 et du livre source Dersou Ouzala” de Vladimir Arseniev, publié en 1921 ou 1923 à Vladivostok. Toutefois une personne l’a fait bien mieux que j’aurais pu. Aussi je vous renvoie à son article sur la blogosphère et vous communique son nom avec plaisir Elizabeth Legros-Chapuis.

http://2009sediments.wordpress.com/2011/11/09/je-me-souviens-de-dersou-ouzala/

Dans la vraie vie, les deux amis, le guide et chasseur sibérien illettré Dersou Ouzala et le cartographe et officier russe de l’Extrême-Orient Vladimir Arseniev, disparurent de triste façon. Dans cet immense territoire asiatique, couvert par la  taïga, qu’ils aimaient le plus au monde, le premier fut assassiné en 1908 par un voleur et le second mourut en 1930, juste avant son arrestation. Cette dernière aurait vraisemblablement précédé son exécution par ceux-là mêmes qu’il avait servis, en tant que Commissaire des minorités ethniques, durant l’éphémère République de l’Extrême -Orient. Continuer la lecture

Mon expertise dans le Débat National sur la Transition Energétique

Une partie de ce travail est sur le site du MEDDE (Ministère de l’Ecologie, du Développement Durable et de l’Energie), dédié à la transition énergétique, mais une autre a été publiée essentiellement sur Mediapart*. Aussi ai-je souhaité regrouper ici ces textes correspondant à la durée de mon expertise (janvier-juillet 2013), sachant que la transition énergétique est l’un des grands chantiers du gouvernement :
– deux textes sur les outre-mer français et espagnol;
– deux textes sur la situation dans le Languedoc-Roussillon, au niveau régional, dont un exemple personnel rendu possible grâce à une importante entreprise locale qui s’est impliquée dans cette transition alors qu’a priori elle en est fort éloignée;
– un texte collectif du groupe des experts nationaux sur la gouvernance énergétique qui défend un rôle accru des collectivités territoriales et un rééquilibrage de leurs rapports avec les opérateurs de l’énergie, sur le modèle des régies municipales de l’eau.

Un documentaire Les maîtres de l’eau a été tourné par Jean-Paul Llamazares (Gédéon Programmes), pendant cette période, et je suis persuadé qu’il donne plus de couleurs à ce travail technique, en fixant sur la pellicule les avancées effectuées sur l’île d’El Hierro (Canaries) dans l’outre-mer espagnol.

Les textes des experts n’engagent pas le MEDDE. Je remercie l’économiste Alain Grandjean de m’avoir proposé  d’être associé à cette expertise nationale.
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(*) Mediapart présente le double avantage d’être un site participatif et de mettre en accès libre sa partie “club” où j’ai déposée des contributions depuis 2010, soit en tant qu’invité soit en tant que blogueur.

 

Pérou, Lima : “La Tante Julia et le scribouillard” de Mario Vargas Llosa

Dans le brouillard et donc sous un ciel plombé – les gens de Lima disent de couleur “ventre d’âne” -, les amours contrariées puis triomphantes d’une dame d’un certain âge, la Tante Julia, et de son neveu. En même temps à cette éducation sentimentale, s’ajoute celle du neveu au journalisme par un homme de plume et surtout de radio pittoresque : le scribouillard. La Tante Julia et le scribouillard viennent des hautes Andes de Bolivie et ils font souffler le vent de la liberté sexuelle et intellectuelle dans la société assoupie de la capitale péruvienne, au rythme provincial, qu’était alors Lima.

Conséquence de cette liberté : c’est un livre heureux où l’on rit beaucoup y compris le lecteur. Un récit largement autobiographique et un tableau truculent de la société péruvienne essentiellement urbaine des années 50 – plutôt toutefois les classes aisées . Un livre digne de Balzac le maître de Llosa qui tardivement a été couronné par le Nobel de littérature en 2010. A mon sens, un bijou ou mieux un gâteau à déguster telle la Tanta Wawa.

Exposition de Tanta Wawa, gâteaux  de fête préparés, lors de celle de Morts, pour ces derniers. Concours de la Casa de la cultura, Huacavelica, Hautes Andes, Pérou. Cliché : A. Gioda, IRD.
Exposition de Tanta Wawa, gâteaux de fête préparés, lors de celle de Morts, pour ces derniers. Concours de la Casa de la cultura, Huacavelica, Hautes Andes, Pérou. © A. Gioda, IRD.

P.S. : Les amours contrariées par la famille dans le livre de Llosa font irrésistiblement penser, selon mon épouse, au roman de Manzoni “Les fiancés du XIXème siècle dans lequel un seigneur empêche l’union des amants, au milieu de mille péripéties. Dans les deux romans, l’amour finit par triompher et le mariage célébré.

Japon : « Eloge de l’ombre », un bref essai de Jun’ichiro Tanizaki

 « Eloge de l’ombre »  de Jun’ichiro Tanizaki est une lecture marquante de ma jeunesse, dans les années 70. Ce bref essai de 1933, était alors seulement disponible chez les Editions Orientalistes de France. Il vient heureusement d’être réédité en 2017. Sa lecture explique peut-être pourquoi j’ai commencé à apprécier encore plus l’ombre, sachant que ma peau très blanche avait toujours craint le soleil.
Jun’ichiro Tanizaki l’un des écrivains majeurs du Japon du XXème siècle, explique bien que l’ombre y devient de plus en plus rare, avec l’occidentalisation croissante de son pays – depuis 1868 et donc l’ère Meiji. Il y a maintenant un culte de la lumière et blancheur par le biais de la recherche exacerbée de la propreté. S’effacent doucement du Japon, dans cette première moitié du XXème siècle, la lueur des bougies, la laque et métaphoriquement ses valeurs anciennes…
En Occident, on dirait que s’effacent le romantisme, le culte de la nature et du rêve dont l’émerveillement face au brouillard et aux cimes, le respect de la mort et le souvenir des Chers disparus. On ne retrouve l’amour de ces thèmes, au-delà de la mode gothique, que chez les plus jeunes qui sont toujours en quête du merveilleux et du surnaturel, d’un univers poétique. Cet essai de Jun’ichiro Tanizaki est « à penser comme le rassemblement [de thèmes anciens], d’étoiles polaires trop faibles, trop singulières, pour être perçues dans le bruit assourdissant de notre temps », en reprenant puis en l’adaptant un beau texte de Claire Laloyaux qui ouvre son blog littéraire L’aquarium vert.

Traduction de haut niveau effectuée par le grand René Sieffert pour le texte publié, la première fois, en français en 1977. Vous l’avez compris : je vous le recommande chaleureusement. Pas cher car pas  épais. Aux Presses Orientalistes de France (créées par René Sieffert et son épouse Simone), pour la première édition, et maintenant, à nouveau disponible, chez Dominique Picquier, Arles.

 

Bonnes feuilles au-delà du développement durable

Des livres et un entretien récents puisque remontant à novembre 2011 pour les plus anciennes feuilles, que je vous encourage à lire.

Tout d’abord, il y a l’ouvrage de Gunter Pauli à propos de L’économie bleue (2011) qui est une commande du Club de Rome – ce dernier est fameux depuis son rapport de 1972  fait par le MIT  (Massachusetts Institute of Technology) dit rapport Meadows. Mais revenons à  L’économie bleue, l’ouvrage dans lequel  Gunter Pauli présente de nombreux succès d’alternatives dans le monde et notamment l’exemple d’El Hierro.

Ensuite, il y a le livre, publié en France en 2013, Réinventer le feu d’Amory Lowins, un des grands anciens des “Amis de la Terre” et sur la brèche des énergies alternatives depuis les années 1970.  Amory Lovins est  l’inventeur du concept négaWatt, mettant en avant la sobriété énergétique, qui a fait des émules en France avec l’association et l’institut homonymes. Maintenant il est l’un des promoteurs du carbone. Oui, mais de la fibre de carbone afin d’alléger tous les véhicules, pour qu’ils consomment beaucoup moins de carburants, pas de l’usage du charbon! Voici une de ses présentations orales récentes (en anglais).

L'utilisation de fibre de carbone est un bon moyen pour les véhicules du fait de sa légèreté, de faire tomber les émissions de CO2 par le gain de poids des 4 et 2 roues.
La fibre de carbone est un bon moyen pour les véhicules du fait de sa légèreté, de faire tomber les émissions de CO2  par le gain de poids des 4 et 2 roues. L’usage de certains biocarburants, tel l’E85 ou superéthanol, va dans le même sens. © A. Gioda, IRD.

Enfin, je vous recommande chaudement un travail, concernant spécifiquement la France, soit le nouveau livre de Jean-Marie Chevalier et de ses deux co-auteurs au sujet de La transition énergétique. Les vrais choix chez Odile Jacob, sorti à la fin de 2013. Continuer la lecture

Mes livres et quelques articles

C’est un exercice obligé et j’espère vous intéresser, sachant qu’il doit avoir aussi une dizaine d’interventions sur le site de Futura-Sciences. La liste est volontairement courte et limitée aux travaux soit intégralement soit en partie disponibles sur l’Internet. Elle part des plus récents pour aller pour les plus anciens à l’exception d’un gros livre sorti en 2007 mis tout à la fin.

1) Gioda, A., Recio, C., and Santana, L. 2013 – El Hierro : île écologique modèle ? Pour la Science , n°245: 52-57.

2) Gioda, A. 2011 –Pourquoi les historiens peuvent-ils parler du climat ? (sous une forme peu différente car illustrée le voici tandis que l’original papier a une postface de Leroy Ladurie, E.), 30-41, in Climat : une planète et des hommes, Petit, M. & Chabreuil, A. (éds.), Le Cherche-Midi, Paris. Un ouvrage collectif avec une préface d’Erik Orsenna et deux postfaces d’Alain Juppé et Michel Rocard. Version anglaise de mon texte (avec Baker, M.) présentée au PAGES meeting, Goa, Inde, 13-16 fév. 2013.

3) Chepstow-Lusty, A. J., Frogley, M. R., Bauer, B. S., Leng, M. J., Boessenkool, K. P., Carcaillet, C., Ali, A. A., Gioda, A. 2009 – Putting the rise of the Inca Empire within a climatic and land management context. Climate of the Past, vol. 5: 375-388.

4)  Chepstow-Lusty, A., Gioda, A. et al. 2007 – Evaluating socio-economic change in the Andes using oribatid mite abundances as indicators of domestic animal densities. Journal of Archaeological Science, vol. 34 : 1178-1186.

5) Terneus, A., Gioda, A. 2006 – In search of colonial El Niño events and a brief history of meteorology in Ecuador. Advances in Geosciences, vol. 6: 181-187.

6) Gioda, A. 1999 – Brève histoire de l’eau. Nature & Ressources (Unesco), vol. 35, n°1: 42-48.

7) Gioda, A., Acosta Baladón, A., Fontanel, P., Hernández Martín, Z., Santos, A. 1993 – El arbol fuente. Mundo Científico, vol. XIII,  nº 132: 126-134.

Enfin un gros livre, en partie lisible sur Google Books, au sujet de la saga du scientifique Luigi Balzan en Bolivie orientale, lors du boom du caoutchouc d’Amazonie, à la fin du XIXème siècle.
8) Roux, J.C., Gioda, A. 2007 – Des Andes à l’Amazonie (1891-1893). Ginkgo et IRD éditeurs.
Ouf ! Merci d’avoir lu jusqu’au bout cette liste.

Luigi Balzan (au centre ou le plus grand de tous) sur le terrain en Amérique du Sud. Cliché avec l’autorisation de la Fondation Balzan et de la mairie de Badia Polesine.