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Mes romans : Les bâtisseurs du ciel (l’intégrale)

Les Bâtisseurs du ciel (l’intégrale)

EAN : 9782709636377Parution : 10/11/2010
1640 pages

Batisseurs-couvRassemblés en un volume, les quatre grands romans de Jean-Pierre Luminet consacrés à ceux qui ont totalement changé notre vision de l’univers : Copernic, Kepler, Tycho Brahé, Galilée, Newton.
« Au cours du XVIe et du XVIIe siècle, une poignée d’hommes étranges, des savants astronomes, ont été des précurseurs, des inventeurs, des agitateurs de génie. Ce qu’on ignore généralement – peut-être parce que leurs découvertes sont tellement extraordinaires qu’elles éclipsent les péripéties de leur existence – c’est qu’ils ont été aussi des personnages hors du commun, des caractères d’exception, des figures romanesques dont la vie fourmille en intrigues, en suspense, en coups de théâtre… »
La série Les Bâtisseurs du ciel est un hymne à la science, au plaisir et à la hardiesse.

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DOSSIER DE PRESSE

« Vulgarisateur surdoué et passionné, Jean-Pierre Luminet nous ouvre les portes de la nuit. »
Télérama

« Dans ses romans s’expriment toute la précision et la clarté du scientifique. »
Le MondeContinuer la lecture

Les péchés d’Isaac Newton, né le jour de Noël 1642

Ce jour de Noël 2016 est propice pour rappeler quelques éléments de la vie et de la personnalité pour le moins étrange du jeune Isaac Newton. Celui qui deviendra le plus grand et plus influent savant de l’Histoire est né en effet le jour de Noël 1642 au manoir de Woolsthorpe, près de Grantham dans le Lincolnshire. Cette date est celle du calendrier julien encore en vigueur en Angleterre. Il le restera jusqu’en 1752, les Anglais préférant, selon Johannes Kepler, « être en désaccord avec le Soleil plutôt qu’en accord avec le pape »! Dans le calendrier grégorien, auquel le reste de l’Europe était passée depuis 1582, le 25 décembre 1642 correspond en réalité au 4 Janvier 1643. Mais l’histoire est trop belle pour ne pas être racontée le jour de Noël, car cette date on ne peut plus symbolique a joué un rôle capital dans la construction de la structure mentale pour le moins curieuse d’Isaac Newton.

Ma photographie du manoir de Woolsthorpe prise en septembre 2014, à l’occasion du tournage d'un épisode de la série Entre Terre et Ciel pour la chaîne Arte.
Ma photographie du manoir de Woolsthorpe prise en septembre 2014, à l’occasion du tournage d’un épisode de la série Entre Terre et Ciel pour la chaîne Arte.

Newton est né le même jour que le Christ. Et comme lui, son père était déjà aux cieux. N’a-t-il donc pas été engendré par les puissances astrales, du moins symboliquement ? Et l’anagramme de son nom, Isaacus Neuutonus, n’est-il pas Ieoua Sanctus Unus, « Yahvé seul Saint », comme il l’a lui-même souligné dans ses écrits ?

De fait, Newton sera profondément religieux toute sa vie, et passera plus de temps à l’étude de la Bible que de la science. Mais, selon les historiens, il était hérétique, adepte du socinianisme, de l’arianisme et de l’antitrinitarisme, trois formes ancestrales de ce que l’on nomme aujourd’hui l’unitarisme. Il parvint à cette conclusion non pas sur des bases rationnelles ou des doutes sur la foi, mais en interprétant à sa façon les anciennes autorités religieuses. Il se persuada que les documents révélés ne donnaient aucun support aux doctrines de la Trinité, lesquelles étaient dues, selon lui, à des falsifications tardives des Pères de l’Eglise. Pour lui, le Dieu révélé était un seul et unique Dieu.

Voici comment, dans mon roman La Perruque de Newton, j’ai tenté de traduire les linéaments de sa pensée mêlant théologie, numérologie et chronologie biblique.

« Il lui faut relever les altérations commises par Athanase, Grégoire et Jérôme sur les écrits bibliques, ces faussaires qui ont osé tricher avec les Écritures. Tout est là, pense-t-il. Toute la grande apostasie s’est passée en cet an 325, au concile de Nicée, quand les évêques ont décidé que le Père et le Fils étaient de la même substance et ont inventé la Trinité, cette nouvelle forme de polythéisme, et ils ont excommunié Arius, qui prêchait que le Père était Un. Certes, Jésus avait reçu le Verbe divin au temps de la Passion, mais ce n’était qu’un homme, un prophète, fût-il le premier d’entre eux. Newton ajoute donc à cette date le temps de vie des deux « témoins », comme il est dit dans Apocalypse 11-3 : 1260 jours, qu’il faut bien sûr convertir en années. Mais le résultat donne une date sans signification réelle, même en y ajoutant les 3 jours, ou plutôt les 3 ans, que durerait leur mort. Newton se plonge alors dans l’histoire des siècles obscurs qui ont suivi la grande apostasie du concile de Nicée. Une date arrête son attention : l’an 380, quand l’empereur Théodose se convertit à l’hérésie trinitaire et ordonne qu’elle soit la religion de tout l’empire romain. Or, 380 + 1260 + 3 = 1643 : la date de naissance d’un certain Isaac Newton à Woolsthorpe, à quelques jours près !

Ce choc des dates l’effraye d’abord, puis dissipe tous ses doutes : il est bien le nouvel Élu, le nouveau Messie venu annoncer la fin des temps. Le nouveau Christ donc, fondateur sacrifié d’une nouvelle alliance entre l’homme et le monde…

Newton ne peut se contenter d’enregistrer passivement cette coïncidence. Il doit n’y avoir qu’un seul Isaac, un seul Élu né le jour de Noël, un seul Prophète de la nouvelle philosophie naturelle. Il entreprend alors de démontrer, par une de ces minutieuses reconstitutions chronologiques dont il a le secret, que Jésus est né non pas à la date fixée par la tradition, mais au printemps. Et dans le manuscrit explicatif qu’il rédige dans la foulée, mais qu’il enferme soigneusement dans sa malle secrète, il laisse des blancs au milieu des phrases pour ne pas avoir à écrire le nom de ce nouveau rival, le Christ ! »

Portrait de Newton par Kneller
Portrait de Newton par Kneller

A cette époque réputée pour son intolérance religieuse, il existe peu de traces de l’expression publique des vues théologiques radicales de Newton, les plus notables étant ses refus de l’ordination et, sur son lit de mort, celui du dernier sacrement. Toujours est-il que Newton adoptera « un positivisme méthodologique », en vertu duquel il reconnaîtra l’autonomie du discours scientifique sans impliquer pour autant un renoncement à l’arrière-plan métaphysique et théologique. C’est ainsi que, bien que la loi universelle de la gravitation soit sa découverte la plus connue, Newton met en garde ceux qui verraient l’Univers comme une simple machine (à cet égard il voua toute sa vie une véritable haine théologique envers Descartes). Il affirme ainsi : « La gravité explique le mouvement des planètes, mais elle ne peut expliquer ce qui les mit en mouvement. Dieu gouverne toutes choses et sait tout ce qui est ou tout ce qui peut être ».

Dans un précédent billet de blog, j’ai conté l’épisode semi-légendaire de la découverte de la gravitation universelle à la suite de l’observation de la chute d’une pomme dans son verger de Woolsthorpe. Du pommier de Newton, passons donc maintenant aux péchés de Newton (pardon pour le mauvais jeu de mots, j’ai écrit ce billet en pleine nuit, après un dîner de réveillon bien arrosé !).

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Toutous célestes

chien-chez-textuelCe billet est une adaptation illustrée d’un article initialement paru dans le collectif Chien, sous la direction d’Hervé Le Tellier et Philippe  di Folco  (Textuel Éditions, 2010).
Encyclopédie bizarre et décalée, ce livre étrange se propose de faire découvrir le chien comme on ne l’a encore jamais vu;

Toutous célestes

Le Grand, Major, suit Orion qui pourchasse le lièvre. Il porte au cou l’étoile la plus brillante du ciel, Sirius, sa médaille brillante. Sa tête forme un triangle peu reluisant au-dessus, les pattes arrières se prolongent pour encadrer la colombe. Murzim, Muliphen, Wezen, Adhara, Furud, Aludra sont les noms que les peuples d’Arabie ont donné à sa queue et ses pattes.

Le Petit, Minor, est le caniche de Major. Chaque matin il se lève avant lui. Procyon et Gomeisa sont ses yeux, le gauche est plus brillant que le droit.

Les constellations du Grand Chien et du Petit Chien suivent le chasseur Orion dans le célèbre Atlas Coelestis de John Flamsteed, publié à titre postume en 1729.
Les constellations du Grand Chien et du Petit Chien suivent le chasseur Orion dans le célèbre Atlas Coelestis de John Flamsteed, publié à titre postume en 1729.

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Mes romans (6) : La Perruque de Newton

La Perruque de Newton
(Les bâtisseurs du ciel, tome 4)

EDITION ORIGINALE

 354 pages, JC Lattès, Paris, 2010 – ISBN 978-2709624152

couvNewtonQue se cache-t-il sous la haute et lourde perruque d’Isaac Newton ? Un cerveau d’exception bien sûr, qui a dévoilé les lois de la gravitation universelle, et publié le plus grand livre scientifique de l’Histoire. Mais aussi un crâne dégarni, tant par les vapeurs de soufre et de mercure de ses expériences alchimiques que par les nuits d’insomnie passées à relire les Écritures pour calculer la date de l’Apocalypse. Le fondateur de la science moderne et rationnelle a, en effet, consacré plus de temps à mener des expériences alchimiques, à étudier la théologie qu’à pratiquer les sciences naturelles. La Perruque de Newton dresse le portrait stupéfiant d’un homme extraordinairement complexe qui, après une enfance solitaire, est devenu ombrageux, colérique, vindicatif, et profondément obsédé par Dieu. Cette figure de la raison, acclamée par les Lumières, également férue de recherches ésotériques, s’est révélée être un directeur impitoyable de la Monnaie et un président tyrannique de la Royal Society. Il sera enterré comme un roi après une longue vie de quatre-vingt-cinq ans où il n’aura jamais connu de femme.
La face cachée d’un exceptionnel génie scientifique.
Astrophysicien, romancier et poète, Jean-Pierre Luminet offre avec ce quatrièsme volume un nouvel épisode de sa grande série romanesque Les Bâtisseurs du ciel commencée avec Le Secret de Copernic, La Discorde céleste et L’Oeil de Galilée. Continuer la lecture

Le pommier de Newton

La légende selon laquelle la théorie de l’attraction universelle aurait été inspirée à Newton par la chute d’une pomme n’en est pas tout à fait une, puisqu’elle est fondée sur le récit qu’en fit son médecin et confident William Stukeley (le même qui, à la mort du savant anglais en 1727, aurait dit à Voltaire que le grand homme n’avait jamais connu de femme…).

Porteait de newton en 1726, par Seeman. Alors âgé de 84 ans, il raconte à sa façon comment, soixante ans auparavant, lui est venue l'idée de l'attraction universelle.
Portrait de Sir Isaac Newton en 1726, par Seeman. Alors âgé de 84 ans, il a raconté à sa façon comment, soixante ans auparavant, lui serait venue l’idée de l’attraction universelle.

Dans ses Mémoires sur la vie de Sir Isaac Newton, que la Royal Society of London n’a rendu publiques qu’en 1752, Stukeley rapporte en effet la conversation qu’il a eue avec Newton le 15 avril 1726 à Kensington, après le dîner  :

Le temps devenant chaud, nous allâmes dans le jardin et nous bûmes du thé sous l’ombre de quelques pommiers, seulement lui et moi. Au cours de la conversation, il me dit qu’il s’était trouvé dans la même situation lorsque, longtemps auparavant, la notion de gravitation lui était subitement venue à l’esprit, tandis qu’il se tenait assis dans une humeur contemplative. Pourquoi cette pomme tombe-t-elle toujours perpendiculairement au sol, pensa-t-il en lui-même. Pourquoi ne tombe-t-elle pas de côté ou bien vers le haut, mais constamment vers le centre de la Terre ? Et si la matière attire ainsi la matière, cela doit être en proportion de sa quantité ; par conséquent, la pomme attire la Terre de la même façon que la Terre attire la pomme.

Portrait de Catherine Barton, nièce de Newton, qui a fait tourner bien des têtes.
Portrait de Catherine Barton, nièce de Newton, qui a fait tourner bien des têtes.

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Entre Terre & Ciel : sur les traces d’Isaac Newton

La longue et riche vie d’Isaac Newton (1642-1727) mérite d’être contée de diverses manières. De nombreux auteurs l’ont fait sous forme de très sérieuses biographies historiques, la référence en la matière étant l’ouvrage de Richard Westfall. Pour les lecteurs intéressés, je recommande tout particulièrement deux livres en français bien moins connus, mais passionnants car ils éclairent des aspects méconnus  du savant anglais : La Malle de Newton par Loup Verlet, et Newton ou le triomphe de l’alchimie par Jean-Paul Auffray. Ces ouvrages et bien d’autres m’ont servi de documentation pour mon propre récit de la vie de Newton, qui prend toutefois la forme d’un roman : La Perruque de Newton.

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La naissance de la science (2/3) : Sur les épaules des géants

Sur les épaules des géants

Epaules-geantsOn sait que l’émergence de la science moderne a été marquée par la publication, à la fin du XVIIe siècle, des Principes mathématiques de la philosophie naturelle d’Isaac Newton (1642-1727). La mécanique classique et le calcul infinitésimal du savant anglais étaient révolutionnaires, mais ses découvertes n’auraient pas été possibles sans les travaux réalisés par les générations précédentes. Les trois lois de la dynamique de Newton sont fondées sur les travaux de Galilée (1564-1642) traitant de l’inertie, de la chute des corps et des relations entre l’espace et le temps dans le mouvement accéléré. Sa fameuse théorie de la gravitation universelle est, elle, en étroit rapport avec les lois de Kepler relatives au mouvement des corps célestes.

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