Archives pour l'étiquette réchauffement climatique

Monde : Mike Baker au cœur de la science du climat (ICSU, AGI, WCRP, ARCHISS)

« Vale Mike Baker », comme l’écrivait en latin « Au revoir », fin 2020 l’Ecossais Malcolm Hadley, un grand ancien de l’Unesco, sur le site de l’International Science Council (ISC). Oui, ce mot de départ de la Terre est en latin plutôt que « Farewell ». En effet, Mike Baker, l’alias de F.W.G. Baker, avait passé bien des années de travail à Rome (Via Cornelio Celsio 7), mais aussi à Paris depuis 1957, notamment en tant que Secrétaire exécutif pendant 24 ans du Conseil International des Unions Scientifiques (ICSU, son sigle plus connu en anglais) jusqu’en 1988. Continuer la lecture

Monde : 3) Chronologie, changement climatique, COP et action climat 2019

Afin que mes mots résonnent plus fort, j’ai mis en avant, un tableau quasi-abstrait d’une artiste contemporaine. Samantha Kelly Smith essaie, par ses « paysages », de mettre en scène le changement climatique actuel, conséquence des activités humaines, depuis la révolution industrielle. Elle a collaboré aussi avec des musiciens à l’instar en 2019 de ceux de Sunn O))) qui eux-même ont travaillé avec la violoncelliste et compositrice Hildur Guðnadóttir, primée par l’Académie des Oscars (BO du film The Joker) et des Golden Globes en 2020 (mini-série HBO Chernobyl).

« Cris et chuchotements » dans la série des peintures quasi-abstraites des paysages, inspirés par le réchauffement climatique, de Samantha Kelly Smith. La toile mise en avant, pour ce billet, s’intitule « A partir des cendres ». Années 2010. © SKS.

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Monde : une histoire accélérée du changement climatique

Les sites miroirs, je ne les aime guère. Toutefois, dans ce cas, celui-ci pourrait être utile à quelques lectrices et lecteurs et je m’explique. Le portail Retronews est le site de presse de la BnF (Bibliothèque nationale de France) et j’ai eu la chance d’être interviewé par Marina Bellot. l’une de ses journalistes, lors de la canicule mondiale de cet été.

Grappe calcinée après le passage de la canicule de fin juin 2019 et, plus précisément, par le coup de chaud du 28 juin avec la température de 46 °C, le record absolu de France métropolitaine. Vérargues, commune d’Entre-Vignes, Hérault. © A. Gioda, IRD.

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El Hierro, La Gomera et Graciosa : petites îles des Canaries sans Covid-19

De l’île d’El Hierro, je ne vous ai pas parlé pendant des mois, depuis février 2020, dans ce blog ; la grande presse s’en est chargée presque quotidiennement. Pourquoi ? Parce que, avec deux autres îles des Canaries Graciosa et La Gomera, El Hierro a pratiquement échappé à la pandémie de Covid-19 ou coronavirus. Par conséquent, El Hierro a été toujours dans le wagon de tête du déconfinement en Espagne qui a connu 4 phases.
Ces trois îles partagent bien des caractéristiques : elles sont toutes petites, peu peuplées et plus isolées encore soit géographiquement soit du fait des connexions très moyennes avec les grandes îles de l’archipel espagnol que sont Tenerife et Grande Canarie.

Carte de l’archipel des Canaries. La position occidentale soit la plus océanique des îles d’El Hierro et de La Gomera est patente (la carte grise de synthèse) comme leur petitesse, encore plus marquée pour Graciosa (au nord de Lanzarote, carte de droite en bas) qui est la moins peuplée et de loin des Canaries. © Canal du Monde.

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Espagne : COP25, mesures CO2 à Izaña et centenaire de l’artiste Manrique

Tout d’abord, un grand merci à nos Amis espagnols pour avoir accepté d’organiser au pied levé, début novembre 2019, la prochaine Conférence internationale sur le climat dite COP25 (la 25ème Conference of Parties au sens d’Etats participants) à Madrid. Il a fallu aux instances internationales trouver un pays remplaçant pour cette COP qui aura lieu du 2 au 13 décembre 2019, à la suite du désistement du gouvernement chilien, pour cause de force majeure, qui lui-même avait été précédé en 2018 par celui du Brésil. Certes, ne nous voilons pas la face. Le fait que le Chili soit une ancienne colonie espagnole et des calculs électoraux du parti au pouvoir en Espagne, dont la continuité n’était pas assurée, ont dû jouer leur rôle mais l’important reste ce véloce engagement pour l’organisation de la COP25. Aussi il n’est pas un hasard que la ministre espagnole de la Transition écologique soit l’ancienne directrice de l’IDDRI (Institut du développement durable et des relations internationales, un groupe de réflexion basé à Paris). Cela montre, comme l’ensemble son parcours professionnel, son engagement militant de longue haleine pour l’écologie.

Mme Teresa Ribeira,  la ministre espagnole de la Transition écologique et cheville ouvrière de la COP25. ©  EFE (J.J. Guillén).

De l’autre côté de l’arc politique espagnol, il faut citer la regrettée Mme Loyola de Palacio, disparue en 2006, ancienne ministre de l’Agriculture et de la Pêche puis vice-présidente de la Commission Européenne. Son nom a été donnée à une chaire européenne de recherches dédiée à la politique énergétique du fait de son investissement en faveur des EnR (les énergies renouvelables).

Une des dernières photographies officielles de Mme Loyola de Palacio (1950-2006) vers 2005. @ J.-P. Van Gorp. La Loyola de Palacio Chair a été créée en octobre 2008 et elle est rattachée à Florence (Italie) au Robert Schuman Centre for Advanced Studies de l’European University Institute.

Ces différents engagements de hauts responsables politiques se sont traduits dans les faits, malgré d’inévitables hauts et bas, pour donner à l’Espagne une bonne couverture des EnR dans le mix énergique national : 38,4 % d’EnR en 2018, selon les chiffres officiels. J’ai ajouté, début 2020, que les ENR ont atteint en 2019 49 % (+8,6 % par rapport à 2018) du mix électrique national espagnol alors que la production électrique totale s’est élevée à 264 843 GWh.
De façon générale au-delà du versant politique, il y a en Espagne et en particulier aux Canaries de longue date des spécialistes chevronnés, tel Emilio Cuevas, du changement climatique.  Nous en retrouvons notamment à l’observatoire atmosphérique d’Izaña (2 367 mètres d’altitude précisément), implanté sur les flancs du gigantesque volcan pic del Teide (3 718 m, le plus haut sommet d’Espagne). Cette station existe depuis plus d’un siècle : 1916 précisément.

Le premier bâtiment de l’observatoire météorologique d’Izaña en 1920 avec ses instruments de mesures. Il est localisé à environ 2 400 m sur un point haut proche du sommet du volcan Teide (3 718 m) qui domine l’île de Tenerife aux Canaries, Espagne. Cliché : sans copyright sur le site Europa Press.

Fondé en 1916 et fonctionnant sans discontinuer, l’observatoire météorologique puis atmosphérique d’Izaña est une référence selon l’OMM notamment pour chiffrer et suivre la hausse du CO2 (dioxyde de carbone) atmosphérique en Europe et dans le monde. Sa haute altitude et sa grande insularité permettent de travailler a priori éloigné de l’influence humaine sur le climat. Région du volcan Teide, île de Tenerife, Canaries. © AEMET, España.

Cet observatoire est proche aussi administrativement de celui astronomique, la météorologie dont l’étude de l’atmosphère étant une science dérivant de l’astronomie.

Les coupoles de l’observatoire astronomique d’Izaña (2 400 m) et le pic du Teide (3 718 m), au second plan. © www.volcanoteide.com

Ce jumelage des observatoires astronomique et météorologique nous ramène aux débuts de cette dernière science et, dans le monde hispanique, à l’héritage scientifique des jésuites mais refermons cette parenthèse historique.

L’observatoire atmosphérique d’Izaña s’apprête à coordonner l’ensemble de mesures de CO2 faites en Espagne au sein du programme européen ICOS (Integrated Carbon Observation System). Il faut rappeler, à cet égard, que c’est également à un autre observatoire de haute altitude, lui aussi situé sur une île éloignée de tout continent, que ces mesures de CO2 ont pris toute leur importance afin de percevoir le changement climatique en cours, celui de l’Anthropocène. C’est l’observatoire du Mauna Loa, abrégé en MLO (3 397 mètres alors que le sommet du volcan atteint 4 169 m d’altitude), sur l’île d’Hawaï ou Big Island, dans l’archipel océanien du même nom, et cela advint lors de l’Année Géophysique Internationale (AGI) de 1957-1958.

C’est aussi le site d’une batterie d’instruments pour l’observation de la couronne solaire. Cela depuis l’observatoire solaire du Mauna Loa, situé sur le versant nord du volcan (à 3 440 m d’altitude) et lui dépendant de la National Oceanic and Atmospheric Administration (NOAA).

Dès l’origine soit 1958 sous la supervision de Charles Keelingce scientifique ayant inventé auparavant un instrument pour mesurer le CO2 dans l’atmosphère -, les données observées au MLO montrent, dans leur première publication en 1961, une très forte hausse du dioxyde de carbone, exprimé en ppm (partie pour million), qui n’a jamais cessé depuis.

Evolution des concentrations de CO2 depuis 1958 au Mauna Loa Observatory (partie noircie à droite dite courbe de Keeling). Dépasser les 415 ppm de C02 dans l’atmosphère, en juin 2019, nous fait remonter à une lointaine époque : il y a de 3 millions d’années durant le Pliocène. Les températures étaient alors de 3 à 4 °C plus élevées que de nos jours, des arbres poussaient en Antarctique et le niveau des océans était 15 mètres plus haut. Sur le graphique, avant 1958, les données (courbe en gris) ont été tirées des analyses de carottes de glaces anciennes. Source : Scripps Institution of Oceanography dont dépend le Mauna Loa Observatory (MLO).

Mais comment mesurer le CO2 dans l’atmosphère ? Une vidéo officielle du Scripps vous le montre (en anglais) avec Ralph, le fils de Charles Keeling ! Rappelons que ce dernier, décédé en 2005, fut l’inventeur en 1958 de cette technique de mesure sur le terrain, à l’endroit précis où a été tournée la vidéo soit sur le mont Mauna Loa de l’île d’Hawaï.

Cette hausse du CO2 débouchant sur celle des températures avait déjà été démontrée en laboratoire dès 1896, par le Prix Nobel de chimie Svante Arrhenius, puis largement divulguée, à partir de 1906, toujours par ce dernier.

Le chimiste Svante Arrhenius (1859-1927) travaillant au laboratoire en Suède. Reconnu tout d’abord par la découverte de la Loi qui porte son nom en 1889, sa contribution à celle de l’effet de serre du CO2, dans le réchauffement atmosphérique en cours, en fait un des scientifiques des plus actuels. Ses travaux sur la modélisation de la diversité biologique assirent encore sa stature de niveau mondial.

Une parenthèse amusante et qui montre que la science ne suit pas le chemin tracé par les scientifiques même les meilleurs. Dans ce texte de 1906, en effet, Arrhenius prédit que, grâce à la hausse des émissions humaines de CO2 constatée depuis la révolution industrielle, celle des températures devrait être suffisante pour prémunir le monde d’une nouvelle ère glaciaire. Il y estime qu’une planète plus chaude est nécessaire afin de nourrir la population humaine en forte et rapide augmentation et donc que le réchauffement climatique est un changement positif. Toutefois mais il faut bien tenir en tête que le savant Prix Nobel 1903 était suédois !

Ainsi au niveau des Canaries et plus précisément sur la grande île de Tenerife suivie en météorologie dès 1916 à Izaña, il a été enregistré une multiplication par quatre des épisodes caniculaires depuis 1994. Ces derniers auront un impact croissant sur la santé publique sachant que la population de l’archipel espagnol vieillit. Ce changement climatique, vers plus d’aridité, est l’occasion d’illustrer le travail et le savoir-faire des paysans et travailleurs des Canaries, en particulier ceux des îles de Lanzarote et Fuerteventura, qui ont su mettre en valeur des terres désertiques tout en créant des paysages humanisés magnifiques. C’est l’objet des photographies ci-dessous, transmises pour les deux premières par l’agroclimatologue Luis Santana Pérez.

Vignoble de Los Bermejos dans les lapilli volcaniques. La Florida, San Bartolomé, Lanzarote, Canaries. ©Irenu Castillo.

Vignoble de ceps récents d’El Grifo. Masdache, Lanzarote, Canaries. © Luis Santana Pérez.

Ancienne saline d’El Hierro. Las Puntas, Frontera, île d’El Hierro, Canaries. © A. Gioda, IRD.

Comme eux en s’appuyant sur des matériaux pauvres trouvés en abondance localement, l’artiste César Manrique (1919-1992),  dont l’Espagne fête officiellement le centenaire de la naissance, a créé une architecture belle, bon marché et bonne au sens d’utile. Ceci rend, par exemple, son art compatible avec un certain tourisme, notamment sur son île natale de Lanzarote, grâce à la mise en valeur d’objets, de plantes, galets et autres pierres volcaniques considérés auparavant comme négligeables. Un précurseur du développement durable que César Manrique, toujours un pas ou plus en avance tels les grands artistes qui sont des visionnaires. Deux petites vidéos, la première professionnelle par Pamglobe et la seconde bien plus amateur par Zigzag Road Trips, montrent que l’œuvre de César Manrique, un Land art original car utile et durable, touche au plus profond bien des gens qui la rencontrent. Ceci encore presque 30 années après la disparition de son auteur, un artiste et aussi un militant dont une des formules favorites était « Vivre avec la nature en la respectant ».

Plus occulté de nos jours est aussi le combat de César Manrique pour un tourisme durable, passant y compris par la destruction de la pollution visuelle que sont les panneaux publicitaires. Cette dernière action lui avait valu des déboires avec la Guardia Civil mais il a partiellement gagné la lutte contre la publicité dans le paysage sur les îles de Lanzarote et d’El Hierro. Toutefois auparavant il lui avait fallu passer par la case prison en 1962 pour s’être attaqué à un puissant homme politique, jugé par Manrique, trop proche de la sphère touristique et donc du monde économique.

Là aussi on retrouve un aspect amusant comme chez Arrhenius. César Manrique voulait passer, par son travail acharné, à la postérité en tant que peintre voire sculpteur. Toutefois déjà de son vivant, d’aucuns le comparaient à Calder et c’est d’abord comme architecte de la nature qu’il est célébré. César Manrique a su sortir de son atelier de peinture et comment donc !

Monument au paysan (1969) de César Manrique. Il est dédié à celui de Lanzarote pour son labeur. Sur cette terre désertique, il est signifiant qu’il soit fait d’un assemblage d’anciens réservoirs d’eau. San Bartolomé, Lanzarote, Canaries. © Lanzarote 3.

Son talent, son génie d’assembleur et son charisme lui ont permis de réaliser, grandeur nature, ses rêves grâce à l’amitié d’hommes politiques tel Pepín Ramirez, un compagnon de route dès l’enfance, et de multiples techniciens au sens noble du terme : maîtres d’ouvrages comme Luis Morales, charpentiers ainsi Santiago Hernández Brito, soudeurs tel Ramón Martínez, forestiers comme Don Zósimo d’El Hierro, architectes reconnus tel Fernando de Higueras, peintres amis ainsi Manolo Millarés, etc. Tout cela est bien montré dans la BD de l’artiste contemporain des Canaries Rubén Armiche, résidant sur El Hierro, qui a célébré le centenaire de la naissance de César Manrique.

La photographie mise en avant montre le Mirador de la Peña sur l’île d’El Hierro (Canaries). Une création tardive de César Manrique de 1986 : un belvédère couplé à un restaurant. C’est dans la grande salle de ce dernier que Rubén Armiche présenta sa savante bande dessinée sur Manrique le 22 octobre 2019. https://www.salutilescanaries.com/espaces-naturels/el-hierro/mirador-de-la-pena/

Selon César Manrique, le lézard géant d’El Hierro (Gallotia simonyi), un endémisme rare de l’île et l’un de ses symboles. Restaurant du Mirador de la Peña (1986), El Hierro, Canaries. @ A. Gioda, IRD.

 

 

 

 

El Hierro : 97 % d’EnR en juillet 2018 dans un monde en surchauffe

Pendant l’ensemble du mois de juillet 2018, le mix énergétique moyen sur El Hierro a été le suivant : énergies renouvelables (EnR) 93,7 %, thermique (fioul) 6,3 %. Ce qui nous donne, pour les 7 premiers mois de 2018, un mix sur El Hierro : EnR 65,6 %, thermique (fioul) 33,4 %. Il s’agissait de chiffres officieux qui avaient été mis en ligne dès le 4 août.
Quelques jours plus tard, la société insulaire d’électricité Gorona del Viento annonçait 97 %, pour les EnR, dans le mix énergétique de juillet 2018. En fait, pendant quasi 100 % du mois, les EnR ont fourni la totalité de l’électricité distribuée sur El Hierro, si on excepte 6 courtes périodes. Une performance qui est facile de vérifier, en remontant le temps depuis le 31 juillet jusqu’au 1er juillet, grâce aux graphiques de la REE (la Red ou le Réseau Electrique de l’Espagne). Cette société qui est de droit privé, la REE, assure la gestion du réseau de transport d’électricité haute tension de la péninsule ibérique et des îles espagnoles et elle en contrôle la qualité, également sur El Hierro. Continuer la lecture

Monde : appel « Scientists’ Warning for Humanity ” 1992-2017 et son partage

Avant la date limite du 23 octobre, j’avais signé l’article en fait la tribune ou l’appel Scientists’ Warning for Humanity en septembre 2017. C’était la seconde édition, ici en français et bien sûr mise à jour, d’un texte publié il y a 25 ans, en 1992,  par l’Union of Concerned Scientists (UCS) et plus de 1 500 scientifiques y avaient adhéré dont mon Collègue chilien de l’IRD Francisco Veas. Au total, plus de 15 000 signataires issus du monde entier approuvèrent cette seconde mouture sous la forme d’un texte bref – quelque 1 000 mots – et qui ne prenait que 6 minutes pour sa lecture, selon ses rédacteurs qui étaient essentiellement des biologistes australiens et américains. Le texte était par conséquent un minimum dénominateur commun entre les scientifiques. Il fut porté par William J. Ripple, Christopher Wolf, Thomas M. Newsome, Mauro Galetti, Mohammed Alamgir, Eileen Crist, Mahmoud I. Mahmoud et William F. Laurance.

Le dauphin de Chine qui habitait les eaux du grand fleuve chinois Yangtsé, depuis 20 millions d’années, est officiellement considéré comme éteint depuis 2006. Cette année-là une expédition scientifique internationale de 39 jours sur le fleuve n’avait permis de retrouver aucun spécimen de l’espèce. Copyright inconnu.

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Canaries et El Hierro : changement climatique et poids des chiffres

Afin de connaitre le principal gaz à effet de serre et son actualité, le cadre mondial est caractérisé en 2016  par plus de 400 ppm (parties par million) – exactement 403 ppm – de CO2 (dioxyde de carbone) soit la valeur maximale  enregistrée dans l’atmosphère  depuis les dernières 800 000 années. Ce pic est lié à l’explosion de la pollution industrielle, l’extension des cultures et le boom démographique initiés – pour des raisons de convenance – en 1880, l’année qui correspond à celle du début des observations météorologiques coordonnées à l’échelle terrestre. En 2016, s’y est greffé aussi un épisode El Niño exceptionnel. 800 000 années (mais en fait l’Organisation Météorologique Mondiale pense, avec beaucoup de probabilités, qu’il faille remonter à 3 ou 5 millions d’années pour retrouver un tel cadre) est une haute époque dans laquelle l’homme ne pouvait aucunement intervenir dans le processus d’émissions de fortes valeurs de CO2. Les activités humaines sur toute la planète en produisaient 25 gigatonnes (25 milliards de tonnes) en 2000 contre 1,5 en 1950. En 2016, nous en avons collectivement émis 36,3 gigatonnes soit une croissance de 2 300 % du CO2 en 65 ans ! Chaque fois que 1 tonne de fuel lourd brûle plus de 3,1 tonnes d’équivalent CO2 sont émis dans l’atmosphère. L’équivalent CO2 désigne le potentiel de réchauffement global d’un gaz à effet de serre.
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Montpellier et sud de la France : chaleur et floraison en janvier 2016

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Rose de mai à Montpellier en fleur début janvier 2016. Cliché : A. Gioda, IRD.

Quelques mots et surtout des photographies pour marquer d’une pierre milliaire ce mois de janvier 2016 qui a vu la floraison de nombreuses plantes hors saison car il est marqué par une grand douceur voire même une chaleur sensible.
Plus scientifiquement, vous trouvez une analyse de cette floraison extrêmement précoce – voire exceptionnelle- par Isabelle Chuine qui est ma voisine du CNRS de Montpellier où elle est la responsable de l’Observatoire des saisons . J’avais connu Isabelle Chuine en 2004 ou 2005, après de la sortie dans la revue de référence “Nature” de l’article collectif sur la modification des dates de la véraison du raisin dans l’Histoire (en anglais). Selon Wikipedia, “ la véraison est le moment de l’année où le grain de raisin gonfle et passe du vert, au rouge vif pour les raisins noirs, ou au jaune translucide pour les raisins blancs, et au rosé pour les raisins gris “. Ce phénomène est un bon indicateur du changement climatique dans l’Histoire. De même, la date des vendanges est surveillée de près par les viticulteurs de tous les temps, le rappelait Emmanuel Le Roy Ladurie un peu avant la COP21.
Au total, rien de surprenant que ce mois de janvier 2016 car il s’inscrit dans le droit fil de décembre 2015 y compris au niveau planétaire, avec une moyenne des températures au plus haut. Ce mois de décembre s’insérait lui-même dans une année 2015 record : “ la moyenne annuelle de 2015 se situe à 0,87°C au-dessus de la période de référence, soit à près d’1°C au-dessus de la période pré-industrielle ” selon Sylvestre Huet dans son blog Sciences2.

Iris à Montpellier en fleur, début janvier 2016.
Iris en fleur à Montpellier, au début de janvier 2016. Cliché : A. Gioda, IRD.

Marguerites à Montpellier, début janvier 2016. Cliché : A. Gioda, IRD.
Marguerites à Montpellier, au début de janvier 2016. Cliché : A. Gioda, IRD.

Arbousier en fleur au Château de Restinclières (Hérault), mi-janvier 2016. Cliché : A. Gioda, IRD.
Arbousier en fleur au château de Restinclières (Hérault), à la mi-janvier 2016. Cliché : A. Gioda, IRD.

Comme vous savez que ce blog tourne aussi autour des Canaries et des îles, il faut souligner, quant à la chaleur, l’importance du phénomène planétaire El Niño en 2015-2016 et nous retrouvons des températures records à Tenerife et sur El Hierro en ce mois de janvier notamment aux aéroports. Ces derniers sont des localités qui sont traditionnellement fort bien suivies pour des questions de sécurité aérienne.

Amandier en fleur à la cathédrale de Maguelone (Hérault), fin janvier 2016. Cliché : A. Gioda, IRD.
Amandier en fleur à la cathédrale de Maguelone (Hérault), à la fin de janvier 2016. Cliché : A. Gioda, IRD.

 

 

Lac de Varèse : les glacières et l’année 2015 en Lombardie

 

En ce jour d’Epiphanie, je vous souhaite beaucoup de cadeaux, de rêves et une Grande Année 2016.
Toutefois, il m’a été difficile de vous adresser une carte postale enneigée même après avoir passé le Col de Larche (Alpes de Haute-Provence), à près de 2 000 m d’altitude, le 20 décembre. Aussi ai-je pensé aux glacières. Ces dernières évoquent souvent, par leur image et leur fonction, le Petit Age Glaciaire (PAG) en Europe et en Amérique du Sud et elles forment un beau contraste avec le climat de notre nouvelle ère, l’Anthropocène. Ici, ce sont les glacières remontant au XVIIème siècle de Cazzago Brabbia sur le Lac de Varèse, l’un des lacs de l’Insubria (en italien), la région historique lacustre du Nord de la Lombardie (mordant aussi sur le territoire du Piémont actuel et englobant le Tessin suisse). L’Insubria (dont le nom vient du peuple celte les Insubres dominant la Gaule Cisalpine) est fameuse pour le Lac Majeur et le Lac de Côme, deux des cadres du tourisme de luxe en Italie. Continuer la lecture